Les coupures d’eau deviennent récurrentes. Pour ces 5 premiers jours du mois de Ramadan, nombre de ville tunisiennes connaissent des perturbations au niveau de la distribution des eaux. À Sfax, les coupures (durant la journée) d’eau ont été fréquents tout au long de la semaine dernière. À Djerba, l’eau est indisponible pour la majorité des villages de l’ile et les habitants appellent la société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) à l’intervention, surtout que Djerba abrite une station de dessalement de l’eau de la mer. Le même constat est observé à la région du Sahel, où les coupures d’eau deviennent nocturnes pour ces premiers jours du mois de Ramadan. Au Grand Tunis, les coupures d’eaux, surtout la nuit, demeurent sans aucune explication de la part de la SONEDE.

Est-ce la politique de rationnement ? Quoi qu’il en soit, la Tunisie subit un déficit pluviométrique depuis 7 ans et les capacités des barrages accusent une baisse remarquable par rapport aux moyennes enregistrées durant les dix dernières années. À lui seul, le barrage Sidi-Salem, qui fournit de l’eau au nord du pays, ne dispose que de 16% du total de ces capacités. En termes de chiffres, le barrage ne contient que 580 millions de m3 en mars 2023. Le même constat est finalement récurrent auprès des 33 autres barrages installés dans le pays. La capacité totale des barrages ne suffit pas pour répondre à la forte croissance de la demande quotidienne en eau en Tunisie. Cette demande quotidienne estimée à 112 litres par tête d’habitant est confrontée à une baisse de l’offre nationale en eau. En Tunisie, l’offre annuelle en eau ne dépasse pas 450 m3 par habitant. Sècheresse oblige, cette offre ne dépasserait pas les 350 m3. C’est la crise.

Pluviométrie attendue

Le mois de mars 2023, est étrangement chaud et sec. Tout au long de ce mois, les données de l’Institut national de la météorologie (INM), affichent une hausse des températures et une baisse remarquable des quantités des pluies. Les analystes de l’INM parlent également d’une nouvelle vague de chaleur suite à la hausse des températures pour les prochaines semaines. Les prévisions de l’INM prévoient également une pluviométrie importante pour le mois d’avril et mai 2023. Ces pluies attendues ne peuvent en aucun cas compenser le déficit pluviométrique enregistrée tout au long de l’hiver. De telle sorte que l’union tunisienne de l’agriculture et la pêche (UTAP) parle d’une saison catastrophique pour les grandes cultures. La récolte céréalière accusera, d’après l’UTAP, une baisse à hauteur de 50% pour atteindre 3,5 millions de quintaux et la production nationale ne peut couvrir que 25% des besoins du pays. Le constat est confirmé par le syndicat tunisien des agriculteurs qui prévoit une récolte catastrophique à cause du déficit pluviométrique lequel se poursuit pour la 7ème année consécutive. La capacité des barrages accuse par conséquent une baisse à hauteur de 29% et 50% des terres agricoles allouées aux grandes cultures se trouvent perdues pour manque de ressources hydrauliques. De toute façon, la capacité des barrages a baissé de 390 millions de m3 par rapport à l’année précédente et la sécheresse pour la 7ème année consécutive est suivie par une mauvaise gestion des ressources hydrauliques du pays. Les quantités d’eau perdues sont énormes. D’après les données de l’observatoire tunisien de l’eau (OTE), la Tunisie perd annuellement 400 millions de m3 (soit 33% des eaux distribuées) à cause de la détérioration des réseaux de distribution des eaux, gérés par la SONEDE. S’y ajoutent les quantités énormes perdues dans les circuits agricoles qui accaparent les 77% de la consommation nationale des eaux.

Zied Dabbar