Visant à vérifier la véracité et l’exactitude des faits, données, chiffres et déclarations, le fact-checking, un outil de lutte contre la désinformation, s’est considérablement développé ces dernières années. Il reste néanmoins confronté à différentes contraintes.

Bien que toutes les mobilisations contre le phénomène des fake-news soient importantes, la consolidation des principes de transparence, le renforcement du droit à l’accès à l’information constituent les principaux facteurs de la lutte contre ce phénomène. Le silence injustifié, la rétention d’information, l’absence d’information fiable et officielle ouvrent, toutefois, la voie à plus d’une vague de prédictions qui peuvent être facilement instrumentalisées pour attiser des données trompeuses, ce qui pourrait entraîner des conséquences négatives dans certains cas. La Tunisie, comme plusieurs pays, a témoigné récemment de la naissance de plusieurs projets visant à lutter contre ce phénomène. Falso, TuniFact et I check font partie de ces projets. 

Sur le plan journalistique, de nombreuses institutions médiatiques se sont engagées, depuis quelques années, à former leurs personnels dans ce domaine et ont également fondé des unités spécialisées à la vérification des nouvelles et à l’analyse de diverses informations, diffusées surtout sur les réseaux sociaux. Dans ce contexte, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a lancé depuis 2021 le site TuniFact, et ce, dans le cadre d’un projet commun avec Hivos. Spécialisé dans le fact-checking et la lutte contre les fake news, ce site fonctionne en fonction de certains critères et procédures. L’équipe Tunis Fact a mis à la disposition de ses manuels techniques pour qu’ils puissent effectuer leur propre fact checking en cas de besoin. Ces manuels permettent de vérifier : les vidéos, les photos et les contenus digitaux. 

Pour sa part, la plateforme « Falso pour la lutte contre les fausses informations et les rumeurs » a été lancée le 2 avril 2020 en marge du confinement général déclaré pendant la première vague du Covid-19 et la crise sanitaire qui a eu lieu à l’époque dans un contexte où les rumeurs ont proliféré. Outre les activités de la vérification des fake News ou informations imprécises ou inexactes, cette plateforme appelle souvent les internautes à partager avec son équipe les publications suspectes ou les rumeurs auxquelles ils peuvent faire face, dans le cadre de sensibilisation et afin de faire participer le plus de personnes possible pour faire face à ce phénomène. 

Sur le plan international, on devient de plus en plus conscient de la gravité de la désinformation et du rôle dangereux que les rumeurs et les intox jouent dans plus d’un domaine et dans divers secteurs. Les guerres, les tensions politiques ou les crises sanitaires représentent, à titre d’exemple, des terrains favorables pour la propagation et la montée des rumeurs, de fausses informations ou des informations inexactes. D’ailleurs, le monde a célébré hier, comme chaque 2 avril de chaque année, la « Journée internationale du fact-checking », autrement appelée « la Journée internationale de vérification des faits ».

L’année 2021 a fait l’objet d’une « infodémie » croissante, compte tenu qu’elle était une année de confinement dû au COVID-19. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la gestion de « l’infodémie », basée sur l’existence d’un grand nombre d’informations comprenant des informations fausses ou trompeuses dans des environnements numériques et physiques lors d’une épidémie, doit passer par les 4 étapes suivantes : « l’écoute des préoccupations et les questions de la communauté », « la promotion de la compréhension des risques et les conseils d’experts en santé », « le renforcement de la résilience à la désinformation » et « l’habilitation des communautés à prendre des mesures positives ». 

En 2022, et conjointement avec cette journée internationale du fact-checking, Google avait investi 10 millions de dollars pour contribuer à la lutte contre les fausses informations et les informations trompeuses relatives à la guerre en Ukraine. En établissant de nouvelles fonctionnalités permettant de vérifier les informations, Google avait également annoncé, par la même occasion, le lancement de son moteur « Fact Check Explorer », dédié essentiellement aux recherches de fact-checks, leurs sources, leurs contextes et tous les détails relatifs. 

Rym CHAABANI