Les syndicats de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle rattachés à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ont dénoncé, dans un communiqué conjoint publié dans la soirée du vendredi, l’annonce « précipitée » et du lancement d’une consultation électronique sur la réforme de l’enseignement par les autorités, tout en exprimant leur attachement à la concertation avec les différents acteurs concernés par ce dossier très sensible.

« Lors d’une réunion tenue jeudi sous la présidence du secrétaire général adjoint de l’UGTT chargé de la fonction publique, Mohamed Chebbi, les représentants des syndicats de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle ont exprimé leur étonnement suite à l’annonce précipitée du lancement d’une consultation électronique sur la réforme de l’éducation d’une façon unilatérale et sans consultation avec l’UGTT et les diverses organisations de la société civile actives dans le domaine de l’éducation », ont souligné les syndicats parmi lesquels figurent le syndicat général de l’enseignement secondaire, la fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et la fédération générale de l’enseignement de base.

Rappelant que l’UGTT a été partenaire actif lors des précédentes réformes de l’éducation réalisées depuis l’indépendances du pays auxquelles il toujours été invité à y participer, les syndicats ont exprimé leur attachement à « l’héritage moderniste du système éducatif nationale, qui risque d’être démantelé par la consultation électronique en l’absence d’un rôle prépondérant des acteurs actifs dans le nouveau projet réformiste ».

« S’il est vrai que l’éducation est une sujet qui concerne l’ensemble des franges de la société, il n’en demeure pas moins que  la réforme de l’enseignement représente une question très technique et scientifique qui nécessite une forte implication des acteurs actifs sur le terrain et des experts », ont-ils indiqué.

Revendication historique

Les syndicats ont d’autre part exprimé leur refus de la création du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement suivant une approche unilatérale, et sans aucune concertation par avec les acteurs concernés par le secteur éducatif sur sa composition et ses modes de fonctionnement. Ils ont cependant exprimé dans ce même cadre leur attachement à la mise en place du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement en tant que revendication historique de la centrale syndicale, qui avait milité pour sa mise sur pied lors des diverses précédentes initiatives liées à la réforme de l’enseignement.

Les syndicats ont également réclamé le recours à une véritable approche participative en ce qui concerne la mise en place de ce conseil, notamment avec l’UGTT.

La création de ce conseil qui devrait superviser la réforme de l’enseignement figure parmi les promesses de campagne du président de la République, Kaïs Saied. Elle a été également mentionnée par la nouvelle Constitution adopté le 25 juillet dernier par voie référendaire.

L’idée de la mise en place de ce conseil a été déjà réclamée depuis plusieurs décennies par la centrale syndicale. Cette structure chargée de superviser la réforme de l’éducation et de l’enseignement figure notamment dans le plan stratégique de réforme de l’enseignement supérieur 2015-2025, qui a été adopté par le conseil des Universités en janvier 2015.

Le président Kaïs Saied avait annoncé, lors d’une réunion tenue le 7 avril au Palais de Carthage avec la cheffe du gouvernement et plusieurs autres membres du gouvernement,  la création d’un comité chargé de préparer le projet de consultation sur la réforme de l’éducation et de l’enseignement, qui et comprend des représentants de plusieurs ministères, dont ceux de l’Education, de l’Enseignement supérieur, des  Affaires religieuses et de la Formation professionnelle et de l’emploi, ainsi que des experts en sociologie. Ce comité ne comprend pas cependant des représentants des organisations nationales et des syndicats de l’enseignement.

Walid KHEFIFI