En collaboration avec des mouvements indépendants de femmes, la Dynamique féministe organise ce vendredi 28 avril, une action de protestation intitulée « Des funérailles symboliques pour les victimes de féminicides » à partir de 12h à La Kasbah. Il s’agit d’une marche qui se dirigera de la Place du Gouvernement vers le siège du ministère de la Justice. 

D’après les organisatrices, se diriger vers le ministère de la Justice est étroitement lié à « la responsabilité juridique et effective des services de ce ministère en ce qui concerne la protection des femmes victimes des violences ». D’autre part, elles tiennent à mentionner que cette mobilisation s’inscrit dans le cadre de la contestation contre ce qui a été qualifié de flambée persistante de violences contre les femmes. 

Pour rappel, un bilan des meurtres de femmes commis en 2023 récemment élaboré par l’association Aswat Nisaa et l’Association Femme et Citoyenneté El Kef a indiqué que pas moins de 9 féminicides ont été commis en Tunisie en seulement 4 mois. 

D’après ce bilan, 9 femmes ont été tuées par des hommes à El Menzah, Tunis, Douar Hicher de la Manouba, Sfax, Kairouan et Zaghouan. Par ailleurs, une femme a été tuée à Bouhajla, le 2 janvier 2023, par son mari qui l’a poignardé avec un couteau, et une fille mineure a été tuée, le 03 février 2023, par l’un des proches de sa maman à Zaghouan. Selon la même source, une épouse et maman a été massacrée par son mari à Sfax, le 20 février 2023 et une autre femme a été poignardée par son mari le 02 mars 2023 à Douar Hicher. Par ailleurs, une femme immigrante a été tuée le 07 février 2023 par un groupe de personnes d’origine subsaharienne. 

Les deux dernières victimes de féminicide s’appelaient Souad Souidi et Nourhene. Âgée de 32 ans et maman de deux petites filles, Souad a été étranglée par son mari le 12 avril 2023 dans la région de Nasrallah, Kairouan. Le 15 avril courant, Nourhene, qui était en instance de divorce, a été poignardée par son mari en pleine rue à El Menzah de Tunis. 

Dans ce contexte, la Dynamique féministe a réitéré, dans un communiqué datant du 19 avril, ses 16 revendications adressées au ministère de la Femme depuis le 25 novembre 2022 pour mettre fin à ce qui a été qualifié d’hémorragie des meurtres de femmes. Et là, il est utile de rappeler que la première revendication consistait en un appel à l’établissement d’un plan d’action conjointement élaboré par les différents ministères concernés et permettant de lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles, et toute violence basée sur le genre. La 5ème revendication concerne, en outre, l’importance d’assurer « une réponse rapide et efficace du juge de la famille quant aux demandes de protection conformément aux procédures d’urgence tel que stipulé dans l’article 32 de la loi 58 ». 

Dans le même contexte, la Dynamique avait exigé : l’opérationnalisation du numéro vert (1899) destiné à l’écoute et l’orientation des femmes et d’enfants victimes de violence 24h / 24h et 7 jours / 7, l’augmentation les moyens humains en particulier de sexe féminin et matériels des unités spécialisés de la police et la Garde nationale et la mise en place des points de signalement de danger de violence conjugale dans les dispensaires, centres de soins de santé de base et les centres de protection maternelle et infantile ( PMI ).  

D’autre part, l’initiation de certains programmes de formations destinés aux différentes parties intervenantes (magistrats et forces sécuritaires), autour des spécificités des violences conjugales et l’évaluation des risques dans des situations relatives à cette question, faisait partie des demandes et revendications de la Dynamique féministe. 

Rym CHAABANI