Par Samia HARRAR

Pour changer sa vision du monde, pour interagir avec lui, pour l’habiter en creux ou s’y sentir étranger en partance, ou voyageur en errance, à la recherche d’un éternel paradis perdu. Pour s’y perdre et s’y retrouver, il faudra toujours veiller à garder quelque part, dans un « coin » de sa mémoire, l’idée qui vaut mille mots, et autant de nuits blanches pour essayer d’en pénétrer le sens : que oui, au commencement était le verbe, et que ça ne s’est pas arrêté depuis…

La 37ème édition de la Foire Internationale du Livre de Tunis, a ouvert ses portes hier, au Palais des expositions du Kram. Pour accueillir, jusqu’u 7mai,  quelque 300 exposants, venus de 22 pays, qui y proposeront la quintessence de toutes les œuvres et publications les représentant, pour le plus grand plaisir des « bibliophiles », parmi les adultes et les enfants, qui n’ont pas été laissés pour compte, loin s’en faut, dans ce rendez-vous à forte charge symbolique, revenu dans nos « murs », après une absence d’au moins, une année : « pandémie » et répercussions, oblige, afin que la « terre » recommence à tourner dans le bon sens, dans une mise en « orbite » qui donnerait le « La », pour permettre de se recentrer enfin, sur ce qui fait toujours sens : offrir le monde entier, dans sa richesse et sa diversité, en ouvrant les pages d’un livre, toujours en quête de « transcendance ».

Les livres certes, ne se valent pas tous, mais tous valent que l’on se penche sur leur destin, pour l’interroger, quand ils nous interrogent à leur tour.  Parce qu’ils sont des « passeurs » formidables : parfois maladroits, d’autre fois agiles et prompts à éclairer la route, par-devant nous, sans exiger en retour, une quelconque gratitude, sauf à en dispenser l’enseignement à notre niveau si la magie opère, les réunir, au centre d’un évènement, de l’envergure de la Foire internationale de Tunis, qui leur est consacrée est sans doute un bel hommage. Qu’ils méritent amplement puisqu’ils savent si bien nous porter en hauteur, sur les ailes du vent : sur les « ailes d’un livre », pour tenter d’approcher de près, jusqu’à le toucher, un « Ibn-Khaldoun » penché sur son gros ouvrage, surplombant l’avenue la plus emblématique de la capitale, comme pour nous signifier, de là où il est, qu’un livre justement, vaut toujours tous les détours. Que la statue porte la signature de feu Zoubeir Turki, et qu’elle soit exposée sur l’avenue Habib Bourguiba, c’est déjà tout un pan de notre Histoire, et pas des moindres, qui y est inscrit en palimpseste. Cela vaut aussi pour la symbolique que cela renvoie, aussi bien pour le choix de l’affiche que celui du « slogan », puisqu’il est question de « correspondances » et de résonance avec cette aspiration à l’élévation, qui ne devrait, en réalité, jamais nous quitter, parce que l’écrit, en définitive, tous supports confondus, puisque l’on est à l’ère du numérique aujourd’hui, et qu’il ne faudrait pas faire l’impasse dessus, c’est ce qui reste, lorsque l’on a tout oublié…

Cette trente-septième édition de la foire internationale du livre de Tunis, outre qu’elle accueille aussi, et pour la première fois de son existence, l’Italie, mais aussi la Russie, ainsi que la Syrie amie, absente ces dernières années, d’une manifestation où elle a toujours eu sa place, met à l’honneur, pour cette session, l’Irak. L’Irak « disloqué », parce que l’Amérique a voulu qu’il le soit, pour servir ses sombres desseins, et qui essaie d’émerger de ses cendres, tel un « phénix », Comme une manière de signifier, si besoin est, que la culture, la littérature, les arts, s’il ne faut pas qu’ils soient sujets à la discrimination, ne peuvent être dissociés, de ce qui fait qu’un monde, soit de fait de « bruit » et de « fureur », tout en aspirant, de toutes les forces qui sont dévolues aux âmes saines et fraternelles, à la paix. « L’inaccessible étoile » ?

Le « Petit Prince » de Saint- Exupéry qui fête ses 80 ans, vous répondra qu’il est prêt à vous prendre par la main, pour vous servir de guide. Afin que vous ne vous perdiez plus dans le désert. Lui a rejoint son étoile…