Depuis le début des opérations de vote pour désigner les membres du bureau du Parlement (le président et les vice-présidents), de nombreux consensus ont commencé à se former et à émerger entre les différentes parties intervenantes à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Dans les coulisses qui ont précédé la session plénière inaugurale, certains députés avaient évoqué des tentatives de rapprochements et la tenue de diverses réunions et autres formes de coordinations. La question, qui se répète à l’entrée en service de chaque nouveau parlement, s’impose cette année avec force : entre intersections, divergences, contraintes et autres défis, quelles sont les alliances parlementaires et politiques possibles dans l’actuelle assemblée ? 

Bien que Brahim Bouderbala soit l’un des fondateurs de l’initiative « Que triomphe le peuple », les députés appartenant à ce projet politique ont finalement appuyé le député Abdessalam Dahmani pour occuper le poste de président de l’ARP. Dans le même contexte, certaines sources indiquent que c’est l’appui porté par le Mouvement Echaab à Bouderbala qui a fait finalement la différence. Et là, on ne peut absolument pas fermer les yeux sur ce qui apparaît comme des « points de divergences » qui ont commencé à faire leur apparition et qui ne passeront certainement pas inaperçus dans les sphères politiques.

Pour rappel, un groupe d’activistes, médecins, journalistes et anciens députés avaient annoncé, dans un communiqué datant du 9 octobre 2022, la formation d’une nouvelle initiative intitulée « Que triomphe le peuple » qui représente, d’après les fondateurs, un cadre national populaire de lutte horizontale et ouverte pour le peuple tunisien en général et aussi pour les diverses forces tunisiennes qui croient en « la profondeur du processus du 17 décembre – 25 juillet » et qui sont en rupture complète et catégorique avec le système du post 2010 et celui du pré-2021. D’après la même source, l’initiative, en tant que « fusion de lutte basée sur une mission intérimaire très importante », ne vise pas seulement à unir les forces pour les élections législatives, mais prévoit aussi de réaliser le changement social, économique et politique « profond », et ce, dans le cadre de « la constitution de la nouvelle république ». Ridha Chiheb El Mekki, Latifa Hosni, Abdelmajid Belaid, Mohamed Ali Boughdiri, Atef Ben Hssin, Slah Dawdi, Ahmed Chaftar, Mbarka Brahmi, Nahed Mustapha et Brahim Bouderbala étaient parmi les 35 premiers signataires de ce communiqué.

D’autre part, le dirigeant au Mouvement Echaab, Haykel Mekki, a indiqué, lors de l’un de ses récents passages médiatiques, que son mouvement pense qu’il est temps de rassembler les partis progressistes afin « d’immuniser le processus de 25 juillet de toute déviation possible et dans le but de réaliser les attentes et les aspirations du peuple ».

« Dans sa perception d’ensemble, le Mouvement Echaab se considère plus proche du Comité de Pilotage du Watad Unifié présidé par Mongi Rahoui qui a été ensuite élu Secrétaire Général. Nous partageons la vision et le même avis considérant que le moment du 25 juillet est une chance et que Kais Saied, lui même, représente une chance. Nous partageons la même conviction que c’est le moment de fonder et d’établir l’État social-démocrate … », a-t-il notamment ajouté durant le même passage à l’émission Rendez-vous 9 diffusé sur la chaîne télé Attassia. 

Il est important de noter à cet égard, que Mekki était présent (au nom de son parti Echaab) à l’ouverture du deuxième Congrès national du Parti des Patriotes Démocrates Unifié – dirigé par Mongi Rahoui – comme invité principal. La dirigeante au même Mouvement et avocate maître Leila Haddad a également assisté à la cérémonie d’ouverture. 

Les points de convergences et les bonnes relations entre le Watad Unifié dirigé par Mongi Rahoui et le bloc « Que triomphe le peuple », au niveaux parlementaire et extraparlementaire, qui sont évidentes et limpides, remettent, en fait, en question la possibilité de voir une sorte d’alliance politique avec Echaab sans « Que triomphe le peuple ». Question qui reste : serait-il possible de voir le Watad jouer un rôle de convergence des points de vue des deux parties en faisant prévaloir ce qui est qualifié de « l’ensemble des grandes lignes communes » ? 

Rym CHAABANI