S’il n’y a pas au sein du nouveau parlement, une franche opposition, étant donné l’absence de partis politiques, pour avoir boycotté législatives, on peut penser qu’il y a une nouvelle formation avec les blocs, bien qu’elle soit issue des soutiens du processus du 25 juillet.   Selon le député Tarak El Abed, au cours de son intervention récemment sur les ondes de Jawhra FM, « Un nouveau bloc parlementaire baptisé le « Bloc national pour la réforme et la construction », a été formé et compte actuellement une trentaine de députés ». Qui sont au juste ses membres et quelle est leur orientation politique ? Question à laquelle Tarak El Abed répond que ce bloc est ouvert à ceux d’appartenances politiques diverses, et comptera jusqu’à 45 députés. Il a ajouté que « les membres de ce bloc se sont réunis pour élire leur président et que le dépôt de la demande de création a été envoyé dans les délais impartis ».

Ce bloc parlementaire jouera-t-il le rôle d’opposition ? La question est prématurée, car selon Tarak El Abed, « il faut du temps afin que les députés fassent connaissance ». En tout état de cause, ce bloc œuvrera à assainir l’arsenal juridique, afin d’aboutir à « une équité dans le droit », a-t-il fait encore remarquer. Cela sous-entend que ce bloc sera constitué de manière équitable avec des députés qui se déclarent individuellement comme faisant partie de l’opposition. Or selon les mécanismes prévus dans la présente Constitution, il ne peut y avoir de vote de confiance pour l’investiture du chef du gouvernement, mais un vote de défiance, par le biais de la motion de censure lors de la discussion de la loi de finances. C’est là donc que les blocs peuvent jouer un rôle. Le nouveau bloc dont El Abed est membre aux côtés de deux partis au parlement « Saout Al joumhourya «, présidé par la député Amel Meddeb et le mouvement « Achaâb » représenter ont-ils désormais la nouvelle opposition ? Il est encore tôt pour y voir clair mais on peut dire d’ores et déjà, que les députés sont en train de se familiariser, avec des bases de sérénité nécessaire et de loyauté afin de défendre au mieux l’intérêt des citoyens.  Ce n’est pas parce qu’on fait partie d’un bloc parlementaire    qui n’a pas les mêmes orientations politiques qu’un autre qu’on doit systématiquement s’ériger contre ses choix et voter le contraire de ce qu’il vote.  Les députés doivent mettre en commun leurs potentiels humains afin de faire du parlement un organe de défense des libertés et des droits.

Les blocs aux prises de la politique de l’Etat

Selon certains observateurs, et étant donné qu’il s’agit désormais d’une fonction et non d’un pouvoir législatif, l’opposition, née après l’installation du Parlement, à travers la constitution des blocs parlementaires, aura-t-elle un rôle efficace ?  D’aucuns pensent qu’elle sera là pour la forme étant donné qu’elle constitue une minorité parmi les députés alors que d’autres affirment qu’elle aura un rôle influent, étant donné qu’elle ne ressemblera en rien à celle de l’ancien parlement, lequel défendait des intérêts partisans.  Elle est formée par des membres qui sont pour le processus du 25 juillet mais pas forcément et inconditionnellement d’accord avec toute la politique du Président de la République. Ce que Brahim Bouderbala, le président du Parlement est tenu de gérer, et ce n’est pas chose facile. D’autant plus qu’un communiqué de la présidence de la République, publié récemment a mis en garde contre ceux agissent à l’opposé de la politique de l’État » Il a, également, affirmé que « ceux qui souhaitent se poser sur deux sièges devraient assumer leur responsabilité.  Ceux qui pensent encore agir sous l’ancienne constitution se trompent ». Certains observateurs ont analysé ce communiqué comme étant « une mise en garde contre Brahim Bouderbala qui aurait tendance à prendre quelques libertés en faisant cavalier seul ».  C’est ce qu’a affirmé Khalil Zaouia, dirigeant du parti Ettakatol à Diwan Fm, en faisant remarquer que « Quand il s’agit de pouvoir l’appétit vient en mangeant. Rien n’est permanent. Les positions et les rôles évoluent ».

Fonction législative et rôle du président du Parlement

Quoi qu’il en soit, quel est le rôle que peut jouer le président Brahim Bouderbala en l’occurrence ? Selon la Constitution son rôle doit être celui de régulateur en agissant conformément au règlement intérieur et dans le cadre des prérogatives qui lui sont dévolues par la Constitution. Surtout que la fonction législative est désormais partagée avec le conseil national des régions et des districts qui est selon l’article 81 de la Constitution, formé des députés des régions et des districts et dont le rôle consiste essentiellement d’après l’article 85, à « exercer les pouvoirs de contrôle et de redevabilité dans les diverses questions liées à la mise en œuvre du budget et des plans de développement. Ses relations avec l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) sont fixées par une loi. Donc on ne peut parler d’opposition franche, tant que ce conseil des districts et des régions n’a pas encore été installé. En attendant on peut dire que l’opposition reste pour le moment en dehors du parlement, et parmi laquelle une partie a pu s’y introduire au départ, avec des candidatures individuelles, pour aboutir à la formation de blocs qui représenteront la nouvelle opposition.

Ahmed NEMLAGHI