Les opérations effectuées par les banques se passent généralement dans la transparence totale, selon la réglementation en vigueur et surtout dans un climat de confiance mutuelle entre le client et la banque. Cependant, si les opérations ordinaires (retraits, versements) se passent dans la transparence totale, il n’en demeure pas moins que d’autres retenues entrant dans la rubrique de « frais de services bancaires » sont effectuées sur le compte du client sans que celui-ci  ne s’en aperçoive.

En effet, ces frais bancaires augmentent d’année en année et deviennent de plus en plus  chers ! D’abord, il y a les commissions perçues mensuellement sur les offres de type «Package», ce produit souvent imposé sur les clients, ensuite celles retenues sur la tenue de compte et encore celles de la carte bancaire.

Outre ces trois services qui sont onéreusement payés, il faut ajouter les autres frais qui sont d’ailleurs aussi nombreux que multiples. Ces tarifs pratiqués par les banques varient selon la nature de l’opération. Et dire que la majorité des Tunisiens possédant des comptes bancaires n’ont aucune idée sur les détails des prix pratiqués par leurs banques respectives. Ils ne s’aperçoivent que lorsqu’ils reçoivent un extrait de compte.

 D’une banque à une autre…

D’après la dernière mise à jour de l’Observatoire de l’Inclusion Financière en Tunisie, il s’avère que les frais pratiqués par les banques tunisiennes sont multiples et varient d’une banque à une autre. En effet, la liste de ces commissions est longue et souvent difficile à comprendre par un client peu connaisseur du secteur bancaire, ignorant souvent ce qu’il paye à la banque en commissions et frais divers. On y trouve le tarif concernant les versements en espèces effectués par le client dans une agence autre que la sienne, qui est compris entre 0,43 dinar et 150,70 dinars ainsi que le retrait d’espèces dans une autre agence que celle du client est soumis à une commission. Il y a également les opérations en chèques dont les frais varient selon le montant versé et d’une banque à une autre, soit un montant compris entre 1,21 dinar et 7,46 dinars. Pour l’encaissement de chèques sur la Tunisie, le tarif moyen est compris entre 0,11 dinar et 0,71 dinar. En cas d’opposition sur chèque, le client doit payer en moyenne entre 7,94 et 33,74 dinars, quand bien même cette opération serait gratuite dans certains pays ! En ce qui concerne les opérations sur virements, le tarif moyen d’un virement émis sur la Tunisie est compris entre 0,33 et 2,08 dinars. Quant aux virements émis vers l’étranger, le tarif moyen est de 13,45 dinars à 248,36 dinars. Pour les virements reçus de la Tunisie, le tarif moyen est compris entre 0,26 et 1,5 dinar, ceux reçus de l’étranger sont soumis à une commission variant entre 15,21 et 141,16 dinars et qui peut dépasser les 300 dinars selon les banques. Ajoutons à cela, la cotisation à une carte bancaire dont les frais mensuels peuvent dépasser les 10 dinars. Les agios perçus, les frais supplémentaires en cas de non-remboursement d’un crédit à terme, même si ce retard est d’un seul jour, alors que cela est lié au versement des salaires mensuels par l’employeur. De même, les frais annuels pour la tenue d’un compte bancaire ou d’un carnet d’épargne sont sujets à une commission qui varie d’une banque à l’autre. Même la délivrance d’une mainlevée sur crédit est soumise à une commission chez toutes les banques. Idem pour l’obtention d’un extrait bancaire. La liste de ces prélèvements est longue et toute opération, si minime soit-elle, est soumise à une commission.

 Petites épargnants…

Il est à noter que la clientèle bancaire la plus exposée à ces commissions est généralement celle des petits épargnants ou des petits déposants. Suite à des réclamations reçues quotidiennement par l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (OTIC) portant sur des dépassements dans les transactions effectuées par les banques, une application mobile a été lancée en 2020 pour faciliter la comparaison des différents services bancaires rendus en Tunisie. Cette application vient répondre aux besoins du consommateur en informations sur le coût des services bancaires. En effet, certaines banques de la place ne respectent pas le communiqué de la Banque Centrale publié en janvier 2020 relatif à la gratuité des 14 services destinés aux titulaires de comptes bancaires en Tunisie. Il s’agit des services suivants : ouverture de compte, délivrance de chéquier, délivrance d’un carnet d’épargne, versement et retrait en espèces, recouvrement de chèques, virement de compte à compte dans une même agence, consultation de compte, extrait de compte, relevé de compte mensuel, retrait de billets de banques de DAB-GAB de la banque du porteur, paiement par carte bancaire auprès d’un commerçant en Tunisie, règlement de factures via internet, changement d’adresse et clôture de compte.

En outre, certaines banques n’informent pas les clients sur les prix de leurs services alors que l’information doit être réglementée et affichée clairement, à l’intérieur des sièges et des différentes agences. L’enquête menée par OTIC en 2018 a révélé aussi que 84% d’un échantillon de 2415 clients, auprès des banques tunisiennes ne sont pas satisfaits des services rendus par ces établissements financiers. C’est donc le taux élevé des prélèvements effectués sur les différentes opérations bancaires et surtout l’absence d’information sur les tarifs qui sont à l’origine de l’insatisfaction des clients et de leurs doléances. Cependant, bon nombre de clients ignorent les services bancaires gratuits ou soumis à un frais, alors qu’ils devraient le savoir lors de l’ouverture d’un compte bancaire. Le client a intérêt d’informer la BCT sur toutes les infractions constatées au cours de ses opérations bancaires. Malheureusement, pas mal de clients, peu ou non informés sur ces multiples prélèvements, n’ont pas l’habitude de vérifier les différentes opérations effectuées sur leurs comptes respectifs, sans jamais s’intéresser à ces petites retenues à la source. L’essentiel pour eux est d’être servi chaque fois qu’ils ont besoin d’argent, quitte à être dans le rouge !

 

Hechmi KHALLADI