Par Raouf khalsi

On compte aujourd’hui près de 21 mille Subsahariens en situation irrégulière en Tunisie. C’est beaucoup trop, ou c’est gérable ? En tous les cas, c’est l’exacerbation des tensions avec ce qui s’est passé à Sfax.

Passe encore pour le cynisme des Européens qui craignent pour leurs frontières et qui imputent cette hantise à ce qu’ils ont appelé « le laxisme des autorités tunisiennes ». Ces mêmes amis européens qui ont sorti l’éventail droit-de-l’hommiste pour critiquer les propos jugés « virulents » de Kais Saied, lorsqu’il a parlé de risque démographique auquel fait face la Tunisie. Il est vrai que ce ne sont pas les Subsahariens qui vont spolier les Tunisiens de leur identité arabo-musulmane. Saied n’a pas parlé non plus de « grand remplacement », sauf qu’une potentielle bombe démographique subsaharienne risque de nous éclater en pleine figure.

On a tendance, en Europe et ailleurs que chez nous, à croire que le problème se situe au niveau de nos frontières et que la Tunisie doive faire le gendarme de la Méditerranée centrale. Et hop ! voici venir les dons et les crédits. Est-ce cela qui va résoudre le problème ? Et, puis, l’amalgame est vite établi : aidons la Tunisie à obtenir ce satané crédit auprès du FMI ! Sauf que Saied est clair à ce niveau : la Tunisie ne se soumettra pas à quelques injonctions que ce soit ! Voilà donc qu’il déclare que la Tunisie ne surveillera que ses propres frontières, sans omettre d’avancer une thèse complotiste. Parce que ce qui se passe avec les Subsahariens est quand-même trop méthodique pour être un fait du hasard.

Pour autant, le ballet diplomatique de quelques semaines en arrière (Mme Meloni , la président du Conseil européen et le premier ministre hollandais) aura aussi servi à arrondir certains angles, mais pas tous. D’accord, ces concertations devenaient impératives (pour l’autre rive), mais, par ailleurs, le rôle de la Tunisie dans la question migratoire devait aussi être placé dans son contexte.  Une décennie d’incurie, de pulvérisation des bases premières de l’Etat : la souveraineté. Et, surtout, l’impunité, prolongement d’une gangrène et de circuits mafieux ayant tissé la toile inextricable de cet Etat profond qu’il convient aujourd’hui de juguler à ses racines.  Cette affaire d’immigration en est l’un des reflets.

Sauf que, puisque la Tunisie est dans le champ de mire de l’Europe bienpensante, mais frileuse, une conférence entre les deux rives de la Méditerranée s’impose.

Quant à ceux qui croient déceler des relents xénophobes chez les Tunisiens (nous parlons d’une certaine Europe et de gens de chez nous aussi), eh bien ils sont très convaincants quand ils parlent de xénophobie…Ils parlent d’eux-mêmes.