Depuis plus d’une décennie, la crise du phosphate de Gafsa a traîné en longueur, avec un impact significatif sur l’économie tunisienne. Les problèmes de transport, les manifestations des employés et les cas de corruption ont marqué cette période tumultueuse. Mais récemment, une étincelle d’espoir est apparue avec l’émergence de nouveaux indicateurs économiques prometteurs, qui laissent entrevoir une possible résolution de cette crise à l’horizon.

En effet, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) a réalisé un bénéfice net de 453 millions de dinars en 2022, marquant ainsi un signe de reprise du secteur du phosphate, notamment en termes d’amélioration des ventes vers les clients locaux et le retour sur les marchés mondiaux après la reprise des exportations de phosphate commercial, selon communiqué publié par la CPG  sur sa page officielle le 7 juillet 2023.

« Un signe de reprise du secteur du phosphate »

Selon les données financières, la CPG a enregistré pour la première fois depuis 2011 un bénéfice net de 453 millions de dinars, à l’exception de l’année 2021 où la société a réalisé un bénéfice de 47 millions de dinars. La période de 2011 à 2020 a été marquée par des pertes importantes pour la société, atteignant notamment près de 293 millions de dinars en 2021. Et d’ajouter que le bénéfice a été rendu possible grâce à l’exportation de 90 000 tonnes de phosphate commercial vers plusieurs marchés mondiaux tout au long de l’année 2022, après une interruption de 10 ans des ventes tunisiennes de cette matière due à l’effondrement de la production nationale de phosphate commercial. La priorité a été accordée à la commercialisation du phosphate aux clients locaux, notamment les fabricants d’engrais chimiques; lit-on dans le communiqué susmentionné.

L’approvisionnement des clients de la CPG, en particulier les fabricants d’engrais chimiques notamment le Groupe chimique tunisien et la Société tuniso-indienne des engrais, en phosphate commercial s’est amélioré en 2022. Les ventes de phosphate aux clients locaux ont atteint 3,5 millions de tonnes. A noter que la société prévoit une poursuite de l’amélioration des indicateurs du secteur du phosphate en 2023, notamment suite à l’approbation par le Conseil de sécurité nationale d’une série de réformes et de mesures visant à renforcer la capacité de production et d’exportation de la société. Parmi ces mesures figurent le soutien aux investissements pour renforcer la production, le soutien au transport interne de la société afin d’améliorer l’approvisionnement en phosphate brut des laveries de la CPG à partir des sites d’extraction, selon la même source.

Ces mesures visent également à augmenter l’acheminement du phosphate commercial vers les ports et les usines du Groupe chimique tunisien grâce aux voies ferrées, a expliqué la CPG.

« La Tunisie a tant besoin de sa richesse phosphatière »!

Rappelons que le président Kais Saied s’est rendu, le 13 juin 2023 à Gafsa, vivier de richesse phosphatière du pays où la production s’est estompée depuis quatre ans sur fond d’un sérieux mouvement de contestation enclenché par les sans- emploi de la région. Dans le même contexte, le chef de l’Etat s’est rendu à la délégation de Redeyef, là où se trouve l’unité commerciale de production de phosphates dont le siège est investi depuis 2020 par des foules de protestataires en quête d’emploi. La contestation sociale avait provoqué un arrêt forcé de la production commerciale des phosphates et par la même, une baisse drastique des livraisons vers les fabricants d’engrais chimiques. Aussitôt rendu sur les lieux, le président de la République s’est réuni avec une foule de demandeurs d’emploi, lit-on sur le site de l’agence TAP.

Pour l’essentiel, leurs revendications portaient sur la nécessité d’acter au plus vite les procès-verbaux conclus par le passé avec les responsables gouvernementaux et régionaux. Il est également question de les recruter dans les entreprises environnementales, la Société tunisienne pour le transport de produits miniers et au sein de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG). Il est à mentionner que Saied avait précisé que la Tunisie est actuellement en mal de ressources financières et a tant besoin de sa richesse phosphatière ainsi que de toutes ses potentialités nationales pour relever les grandissimes défis socio-économiques posés.

Selon la même source, « il est impérieux voir impératif que le secteur du phosphate retrouve au plus vite son rythme normal de production » Est-il besoin de vous signaler que le conseil de sécurité nationale s’est réuni le 26 avril dernier rien que pour examiner en profondeur la question de la production phosphatière, a-t-il rappelé aux demandeurs d’emploi. Il est grand temps de prendre l’initiative et de lancer vos propres projets privés, s’est adressé le président de la République aux sit-inneurs, les pressant à s’impliquer davantage dans l’exploitation des terres agricoles pour créer de la richesse. Et d’ajouter que le président Saied avait tenu à rassurer les sit-inneurs sur l’avenir de la CPG. Plus question de céder la compagnie, avait-t-il dit, réaffirmant l’engagement à traduire en justice  » les corrompus  » qui s’évertuent à mettre à genoux l’Etat et ses entreprises publiques.

Il est à mentionner que le mouvement contestataire des demandeurs d’emploi à Redeyef avait largement perturbé le processus de commercialisation et de livraison à partir de Redeyef d’un stock important de phosphate commercial, estimé à 1.5 million de tonnes, vers les clients de la CPG essentiellement des industriels des engrais chimiques, selon l’agence susmentionné .

Ghada DHAOUADI