Quand magies du cirque, de danse, du cinéma et de la musique se conjuguent… La chorégraphe Nawel Skandrani nous offre un moment de grâce unique avec « Black & White Circus » au festival d’Hammamet. Sur scène, 5 artistes issus de genres différents (danse classique, cirque, hip-hop), Mariem Ben Hamida, Iyed Ghazouani, Charfeddine Taouriti, Sabri Rjab et Mohamed Dhia Gharbi se retrouvent et questionnent ensemble leurs origines et ce qui les a poussé à devenir ce qu’ils sont aujourd’hui : des artistes. À l’origine du projet, il y a la rencontre entre plusieurs univers, comme la musique, le cinéma, le cirque, le théâtre. Abolir les frontières entre les genres n’est plus une mission impossible. « Black & White Circus », le prouve.

Alliage parfait, il agrandit les territoires de l’art vivant. Le cirque n’est pas obligé de singer la danse pour se marier avec la musique ; et la musique, au lieu d’être une simple bande son, est un élément organique de l’œuvre. Cette création qui a vu le jour en 2021 rend hommage aux films des années 1920 à travers une projection d’un film en noir et blanc conçu spécialement pour la pièce, à arrière-plan de la scène. Avec un clin d’œil à l’histoire d’ « Antar et Abla ». Nawel Skandrani a pris recours à de multiples références, dont le ballet « Le lac des Cygnes », la chanteuse Maria Callas et au chanteur et pianiste Ray Charles.

C’est dans une forme de poésie autant orale que corporelle que la représentation déploie toute sa gamme artistique. Les chants accompagnent superbement tout le spectacle . Les chorégraphies sont sur deux axes et se complètent dans une synchronisation mêlant des mouvements amples vers le haut via les membres supérieurs quand le corps, pour un autre groupe, va vers le bas dans une gestique plus ramassée. Le spectacle fait rêver mais il dénonce l’intolérance envers les minorités et notamment le racisme face à la communauté noire tunisienne et la communauté LGBT et pour mettre à plat l’inconfort et le manque de moyens que les artistes tunisiens subissent par rapport à la réalisation de leurs œuvres.

«Notre plus grand challenge a été de marier la danse, le cirque, la musique et le théâtre, explique Nawal Skandrani. Puis de canaliser la somme de nos idées pour en faire un spectacle cohérent». Au final, cela donne une réflexion sur une société. Le spectacle  est  une lettre d’amour au pays et aux jeunes qui  essaie de donner place à leurs rêves. Je suis très fière de la présentation de ce soir. L’équipe a été incroyable. Ils ont accompli un travail superbe »,

                              Kamel BOUAOUINA