Par Slim BEN YOUSSEF

Qui est Ahmed Hachani, le nouveau chef du gouvernement ?

Le président Saïed n’aime pas trop les sentiers battus. Il n’a pas de faible non plus pour les têtes d’affiches.

Pour remplacer Madame Bouden, oblitérée par la crise, le président de la République « déniche » sa « perle rare » loin des sphères médiatico-politiques. Ancien cadre de la Banque centrale, juriste de formation, le nouveau chef du gouvernement a tout d’un Tunisien « ordinaire ». Il serait, pour l’anecdote, un grand fan de l’Espérance, un passionné de cyclisme sur route et de la chanson française. Encore une fois, c’est un parfait inconnu du grand-public qui tiendra les rênes du gouvernement dans un contexte de crise socio-économique aigue, héritée de la décennie noire, et qui, à défaut de politiques publiques efficientes du dernier gouvernement, est devenue quasiment chronique.

Désormais, c’est le « social » et l’« économique » qui priment, martèle d’ailleurs le président Saïed en remerciant, lors d’une cérémonie de passation qui coule de source, sa première cheffe de gouvernement de l’ère juilliste. Elle, dont la principale mission était en effet d’accompagner le processus de transition institutionnelle, avec en point d’orgue la tenue d’un référendum sur la nouvelle constitution et des législatives pour élire un parlement aux prérogatives limitées.

Le message est clair : un changement de cap s’impose.

Finie la transition, il est temps de « gouverner ».

Plus de temps non plus pour les méandres infinis de la justice et les vilaines tribulations de la politique politicienne. Le Tunisien lambda tourne définitivement la page de « l’ancien régime ». Dorénavant, il veut des solutions concrètes à ses problématiques les plus vitales.

La crise du pain a-t-elle d’ailleurs eu raison de Najla Bouden ? Les « experts » semblent unanimes.

Pourtant, les dossiers « flamboyants » ne manquent pas : les pénuries répétées des denrées alimentaires et des matières premières ; la rareté de l’eau en temps de sécheresse ; le grand enjeu énergétique en pleines transformations mondiales, le casse-tête des finances publiques au défi des pressions occidentales ; la problématique des subventions étatiques ; les tribulations du dossier migratoire ; le bras-de-fer interminable à l’école, la pénurie chronique des médicaments ; et l’on en passe.

Ceci est sans compter les grands thèmes : réforme de l’éducation, santé publique, transport en commun, infrastructure de base, vision stratégique pour l’économie, fiscalité et finances, agriculture, tourisme et artisanat, environnement, politiques culturelles. Et cetera.

M. Hachani a du pain sur la planche.

Des remaniements ministériels en vue ? Plusieurs changements s’imposent, en effet.