Le tourisme saharien a certes démontré sa viabilité dans la relance du tourisme tunisien notamment au cours des dernières années où plusieurs villes du sud ont accueilli des milliers de touristes. C’est un tourisme qui peut fonctionner de septembre à mai et non quatre mois seulement comme le tourisme balnéaire. La reprise se confirme. Plusieurs revenants débarquent à Tozeur. La majorité sont des français et italiens sans oublier les européens de l’Est comme les polonais et les tchèques qui optent souvent pour les circuits.

Mais ce tourisme est victime de nombreux freins depuis 2011 et le COVID. Malgré l’intérêt grandissant envers le sud tunisien, et bien qu’il présente un potentiel avéré en termes de ressources naturelles et culturelles, le tourisme saharien souffre encore de plusieurs difficultés tant structurelles que conjoncturelles. 75% des hôtels sont fermés. Seulement 4 unités sur 28 fonctionnent à Tozeur et Nefta. En 2022, 18 millions de nuitées ont été réalisées mais seulement 12.5% ont été enregistrées par les quelques établissements de la région. Cependant, une majorité d’hôtels ont mis les clés sous le paillasson suite aux nombreuses difficultés vécues durant cette dernière décennie et qui ont été aggravées par l’impact de la crise sanitaire COVID19 et là l’Etat doit intervenir et trouver des solutions urgentes à ces hôtels fermés . La durée de séjour réduite en est le meilleur témoin.

En effet, avec 1.3 jours en moyenne passés dans le sud tunisien, on ne peut se permettre de parler de rentabilité effective ou de croissance éventuelle du secteur. Les lourdeurs administratives bloquent l’activité touristique. Le camping pose aussi un problème surtout pour le matériel et là j’exhorte les autorités à assouplir les textes de loi qui régissent les excursions touristiques afin de développer les randonnées pédestres et équestres. Ajouter à cela la dégradation de l’environnement. La ville de Tozeur qui me semble si gracieuse, si ordonnée. Mais vu de près, elle a perdu sa beauté et verdure. Tozeur n’est pas propre ! Le centre-ville n’est pas accueillant. L’éclairage fait défaut dans l’ancienne médina et dans l’oasis. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi ce laisser-aller de la ville ? Il est temps d’agir pour la rendre avenante et accueillante.

L’aérien ne suit pas !

L’accessibilité de la région fait également partie des problèmes de la région. La régression du secteur est due essentiellement à l’inefficacité du rôle du transport régional qui a isolé la région et l’a privée d’être une destination touristique préférée auprès des marchés traditionnels notamment après l’abandon des vols la reliant à des villes Européennes à savoir Marseille, Madrid, Francfort, Bruxelles, Milan et Genève. Face à cette situation, les professionnels du secteur souhaitent redynamiser le tourisme saharien en valorisant le rôle de l’aéroport international Tozeur-Nefta qui, selon eux, permettra d’entretenir le contact  entre le sud tunisien et les marchés internationaux. Bien qu’il existe un aéroport international à Nefta, le nombre de vols reste assez limité. Les vols internationaux restent absents des radars. Pourtant l’aéroport a été rénové et ses pistes ont été refaites. L’aéroport offre des prestations conformes aux normes internationales en plus de sa capacité d’accueillir tout type d’avions.

« Véhiculer une meilleure image de l’aéroport international Tozeur-Nefta vise à accroître sa rentabilité notamment en ce qui concerne le transport des touristes », a ajouté le commandant de l’aéroport. Il faudrait aussi accorder plus d’importance aux vols internes Tozeur-Tunis Carthage tout en assurant sa régularité et répondant aux exigences des passagers. Nous déplorons plusieurs retards sans oublier les annulations à tout moment. Ce qui perturbe les séjours des clients qui ont réservé pour un séjour à Tozeur. Le vol de jeudi a été supprimé sans raison ! L’horaire de notre compagnie aérienne ne convient pas aux locaux et aux touristes. Je propose que l’avion puisse quitter Tunis la nuit à 22h00 pour repartir le matin à 6h00 du matin. Ça arrange tout le monde. L’application de la formule « Open Sky » est de nature à baliser la voie devant d’autres compagnies aériennes pour opérer avec l’aéroport Tozeur-Nefta. La programmation de Transavia de deux vols à Tozeur depuis Orly chaque semaine, les lundis et vendredis permettra à la région de respirer et de booster la saison.

« Les bus sont usés »

S’il y a une porte d’entrée au désert tunisien c’est bien par le biais du transport aérien et terrestre mais hélas, ce tourisme nécessite une infrastructure adaptée et adéquate. En 2011, on disposait de 700 véhicules tout-terrain (4*4) de transport saharien contre seulement 125 véhicules aujourd’hui dont seuls 85 sont en état de fonctionnement. Les bus sont usés et ont plus de 15 ans. Ils ne peuvent pas rouler. Les prix de ces véhicules sont excessivement chers pour les agenciers qui peinent déjà à survivre et à faire face aux différents problèmes du secteur. Malheureusement, à défaut de solutions au transport aérien et terrestre, le tourisme continuera à se ressourcer des excursionnistes balnéaires ou du marché local à faible valeur ajoutée.

Le sud tunisien reste néanmoins une région propice pour entreprendre et innover au niveau de l’offre touristique. Il s’agit de développer de nouveaux produits, tels que le tourisme sportif, le tourisme d’aventure, le tourisme écologique et le tourisme culturel, qui valorisent les richesses naturelles, culturelles et patrimoniales du pays. L’organisation d’évènements, de festivals, contribue, en effet, à la valorisation de l’image de ce produit saharien, et donc au développement de l’attractivité touristique du Sud. Il est vrai que ces manifestations sahariennes permettent de remplir nos hôtels et l’atténuation des effets de la saisonnalité du tourisme tunisien et un étalement de la saison touristique.  Le financement est la clé pour le développement du tourisme saharien et oasien en Tunisie. Le Sud est considéré comme une richesse touristique inestimable. Pour autant, développer ce potentiel touristique nécessite une stratégie qui se base sur un certain nombre de volets.

                                                 Kamel BOUAOUINA