Les élections locales constituent un moyen essentiel pour les citoyens de participer au processus décisionnel qui a un impact direct sur leur vie. Elles renforcent la démocratie en favorisant la représentation, la responsabilité et la participation citoyenne au niveau local. Elles permettent aux citoyens de choisir leurs représentants locaux, tels que les maires, les conseillers municipaux, les conseillers régionaux, les responsables de districts, etc.

Ces élus locaux prennent des décisions qui ont un impact direct sur la vie quotidienne de la population locale. Les élus locaux sont chargés de prendre des décisions sur un large éventail de questions locales, notamment l’urbanisme, les infrastructures, l’éducation, la santé, les services sociaux, la sécurité, l’environnement, les transports, et bien d’autres domaines. Ils sont responsables de la gestion des affaires locales.

 Inconvénients potentiels du boycott

Alors que le parti Afek Tounes a réaffirmé, dans un communiqué publié dimanche dernier,, qu’il ne participerait pas aux élections locales prévues, appelant les Tunisiens à les boycotter, Souhaib Mrizgui leader du mouvement El Baath, a déclaré dernièrement à Assabah News, que « la participation aux élections locales du 24 décembre prochain, n’est pas une simple formalité destinée à démontrer que nous érigeons une démocratie mais un devoir national en premier lieu étant donné l’importance de cette deuxième chambre législative et son rôle dans le développement économique et social, d’autant plus qu’elle traduit les besoins des Tunisiens dans les différentes régions ». Certes le boycott comporte des inconvénients potentiels, à la fois pour les électeurs individuels et pour le processus démocratique en général, et présente plusieurs inconvénients dont notamment la perte de la voix démocratique, en ce sens qu’il entraîne le renoncement des électeurs à leurs droits de vote et à la possibilité de choisir leurs représentants locaux. Cela signifie que leur voix démocratique n’est pas entendue dans le processus de prise de décision. En choisissant de boycotter les élections, les électeurs perdent la possibilité d’influencer les politiques et les décisions prises au niveau régional. Les politiques mises en œuvre par les élus régionaux auront un impact direct sur la vie quotidienne des citoyens, et le boycott les exclut de ce processus. Outre le fait que cela peut entraîner une division plus importante entre les citoyens et les élus. Le parti Afek tounes, par la voix de son conseil national, ainsi que plusieurs autres partis, motivent leur boycott aux prochaines élection régionales pour un désaccord avec « la stratégie actuelle de l’exécutif, consistant à mener une certaine répression notamment avec les dernièrement arrestations dans l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’Etat et le harcèlement contre les forces politiques et civiles, d’une manière générale ». Mais outre le fait que cela est discutable, cela n’a rien à voir avec les élections, qui permettent justement de choisir ceux qui seront à même de répondre aux revendications des citoyens, notamment dans les régions.

Une deuxième chambre pour la défense des régions

De son côté Souhaib Mrizgui semble très enthousiaste car dit-il : la deuxième chambre est la meilleure création de la Constitution tunisienne de 2022 « car le conseil national des régions et des districts des districts aura son mot à dire concernant le budget de l’Etat et les plans de développement et c’est dans ce sens qu’il assurera l’équilibre entre les régions ». Il est un fait que les élections régionales en vue de l’installation de la deuxième chambre législative, à savoir le Conseil national des régions et des districts, coïncide avec une conjoncture particulière en Tunisie. Comme l’a affirmé le leader du mouvement Al Baâth le pays est en guerre contre la spéculation et la corruption qui a gangrené toutes les institutions de l’Etat et a obéré le peuple, surtout dans les régions les plus démunis qui ont été durant la dernière décennie le théâtre de plusieurs évènements fâcheux. L’installation de cette deuxième chambre législative contribuera à la lutte contre la spéculation et la corruption. C’est la raison pour laquelle il faudrait être motivé pour élire les membres qui seront motivés pour défendre les intérêts des citoyens à travers leurs multiples actions dans le sens de l’amélioration des mécanismes destinés à inciter à des réformes notamment sur le plan social et en tenant compte des besoins des citoyens dans les différentes régions.

Certaines mentalités…

Ceux parmi les partis qui comptent boycotter les élections n’aident pas à résoudre les problèmes qu’endurent les citoyens à tout point de vue. Leur position est plutôt politique et n’intéresse pas le peuple. Car les partis politiques sont tenus essentiellement de tenir compte en premier lieu des intérêts du peuple en mettant de côté les intérêts partisans. Il faut dépasser cette mentalité à cause de laquelle les citoyens ont souffert durant la dernière décennie et ont abouti à la déconfiture des institutions de l’Etat avec la corruption, le favoritisme et les pratiques des deux poids deux mesures dans tous les secteurs de l’Etat. Il faudrait couper court avec la mentalité de l’opportunisme qui a sévi durant plusieurs au détriment du peuple.

Les promesses des élus seront-elles tenues ?

Cela dit, il faudrait que les candidats au conseil des régions et des districts se montrent vraiment à la hauteur de la confiance que leur fera le peuple. Il ne faut pas d’ailleurs qu’ils soient des génies, et même s’il l’était, cela ne serait pas suffisant. Il est surtout impératif qu’ils agissent avec abnégation et dans l’intérêt général et c’est le fond qui manque le plus. Jusqu’à présent, les candidats sont inconnus de la part de la majorité des citoyens. Ils vont se présenter au cours de la campagne électorale préalable aux élections. Mais c’est à la réalisation de leurs promesses qu’ils se feront bien connaître. Espérons qu’ils n’agiront pas par des promesses de Gascon comme par le passé, par lesquelles le peuple a été grugé et le pays mené à la ruine. C’est justement à cause de cela entre autres que certains partis appellent au boycott des élections. Toutefois, face à ce nouveau panorama législatif bicaméral, les citoyens ont plus de moyens de contrôle sur les élus qui doivent être plus motivés pour agir dans l’intérêt du pays. Marcel Proust disait que « les paradoxes d’aujourd’hui sont les préjugés de demain ». En le paraphrasant on peut dire que les paradoxes d’hier, sont les préjugés d’aujourd’hui, les citoyens étant échaudés par ce qui s’est passé durant la dernière décennie et dont la cause a été les tiraillements politiques dans lesquels ont été impliqués les élus au point de sombrer dans le chaos qui a sévi au sein du Parlement. C’est la raison pour laquelle le système bicaméral a l’avantage d’un contrôle serré entre les élus et un atout supplémentaire pour la défense de l’intérêt national.

 

Ahmed NEMLAGHI