Depuis plusieurs années, une métamorphose profonde a touché la nature des conflits, bouleversant l’équilibre des forces dans des régions du globe où les enjeux géopolitiques sont souvent incandescents. Ce n’est plus le récit d’un conflit traditionnel, impliquant deux parties clairement définies, mais une nouvelle réalité émergente. Dans ce nouveau chapitre des relations internationales, les réseaux sociaux jouent un rôle clé, devenant des acteurs puissants capables de remodeler le paysage géopolitique. Ce n’est ni une exagération ni une conjecture ; c’est une réalité concrète.

Il semble que, d’un côté, les réseaux sociaux se transforment en une arme pour ceux qui sont démunis d’armes conventionnelles, armés seulement de leurs mots, de leurs images soigneusement sélectionnées, et de leurs vidéos en direct capturant des moments choquants. Ils dépeignent une version en temps réel de l’histoire, transformant la perception des conflits et les opinions mondiales. Un exemple saisissant de cette influence en action se trouve dans les événements récents, alors que le monde observait, le cœur serré, les images poignantes des victimes du conflit israélo-palestinien et ce à la suite de l’attaque « Déluge D’Al-Aqsa » récemment lancée par la résistance palestinienne.  C’est en scrutant les réseaux sociaux, minute après minute, que des individus à travers le monde ont suivi la montée des bilans humains, partagé des statuts de soutien à la cause palestinienne, et suivi en direct les vidéos venant de Gaza, ayant recours à une nouvelle forme d’activisme qui s’est développé de plus en plus ces dernières années : l’activisme numérique !

Raz-de-marée d’informations

Ces derniers jours, un véritable raz-de-marée d’informations a secoué les réseaux sociaux en Tunisie, une déferlante de communiques de presse et de déclarations officielles et de solidarité émanant des organismes d’État. Sur Instagram et TikTok, des influenceurs et influenceuses ont prouvé que leur rôle dépasse largement celui de simples acteurs du marketing. Ils ont lancé des campagnes pour collecter des fonds en faveur du peuple palestinien et partagé des vidéos dans de nombreuses langues, offrant une perspective authentique et documentée sur l’histoire profonde de ce conflit.

Ils ont partage des « stories » dans différentes langues pour offrir une perspective complète de l’histoire complexe de ce conflit, soutenue par des arguments solides et une connaissance approfondie.

Au-delà des frontières nationales, des individus du monde entier ont utilisé les réseaux sociaux pour exprimer leurs positions bien ancrées. Les médias sociaux sont devenus un point de convergence pour cette mobilisation mondiale, transcendant les barrières linguistiques et culturelles. Cette mobilisation, qui ne se limite pas à de simples mots, a donné lieu à des campagnes de collecte de fonds massives en faveur du peuple palestinien, mettant en lumière la puissance de la solidarité en ligne.

Pendant ce temps, des journalistes  à Gaza ont exploité la puissance des médias sociaux pour partager des images bouleversantes, dans lesquelles les sanglots et les larmes se mêlent au sang des martyrs. Leur message est clair : les réseaux sociaux ont été un acteur déterminant dans cette guerre, en témoignant des horreurs vécues sur le terrain et en donnant une voix à ceux qui en sont souvent privés.

Dans ce conflit aux racines historiques profondes, la guerre ne se joue plus seulement sur le champ de bataille, mais aussi sur l’écran de nos smartphones.

Chiffres « colossaux »…

Les chiffres, cette boussole de la puissance des réseaux sociaux, révèlent leur impact colossal et leur influence sans égale.

Installés depuis une vingtaine d’années seulement, les réseaux sociaux ont déjà conquis six personnes sur dix dans le monde. Près de cinq milliards de personnes (4,88 milliards) ont été actives sur ces plateformes au cours des 30 derniers jours, soit 60,6% de la population mondiale, selon la publication trimestrielle d’un rapport statistique sur l’état d’internet. Ce niveau, calculé par Kepios, un cabinet spécialiste des usages numériques, marque « un nouveau cap franchi » et a progressé de 3,7% en un an, précise ce rapport édité par l’agence We are social et l’entreprise Meltwater. Soit plus vite que l’augmentation de la population mondiale elle-même, qui est restée inférieure à 1% sur un an, a rapporte TF1 de l’agence AFP le 21 juillet 2023.

A noter que le nombre d’utilisateurs de ces réseaux sociaux, les « socionautes », se rapproche ainsi de celui des internautes, qui représentent au moins 64,5% de la population mondiale (5,19 milliards).

Près de cinq milliards de personnes sont actuellement actives sur les réseaux sociaux, soit presque autant que le nombre d’internautes dans le monde. Ce chiffre ne cesse de progresser ces dernières années, avec une accélération pendant la crise sanitaire, selon la même source.

8 032 900 personnes en Tunisie utilisent Facebook, Instagram, TikTok ou Linkedin tous les mois. La réunion des réseaux sociaux, permet d’adresser à 72.73% de la population, lit-on sur le site de « Digital Discovery ».

La majorité des utilisateurs de Facebook ont entre ​​18 et 44 ans. Ces derniers représentent plus de 73% des Tunisiens sur Facebook et sont principalement des consommateurs actifs de divers types de produits et services. 54,8% des utilisateurs de Facebook sont des Hommes contre 45,2% des Femmes.

Instagram n’a cessé de croître depuis son lancement en 2010, malgré la forte concurrence de Facebook et TikTok. En Tunisie, il sera le 2e réseaux social le plus utilisé en 2023 avec 2 945 300 d’utilisateurs. Après la pandémie de COVID-19, de plus en plus de personnes travaillent à domicile, adoptant Instagram et TikTok pour combler leurs pauses. Les chiffres en Tunisie d’Instagram pour 2023 battent des records. C’est généralement le cas en Europe et dans le monde, lit-on encore sur le site susmentionné.

 

Ghada DHAOUADI