Par  Raouf KHALSI

Avenue des Etats-Unis, puis Avenue de la Liberté pour enfin rallier L’AVENUE : cette marche pour la cause palestinienne est chargée d’un triptyque hautement symbolique. L’avenue des Etats-Unis pour le déni ; celle de La Liberté comme hymne à l’émancipation ; enfin, l’aboutissement à L’Avenue Habib Bourguiba, Avenue jadis fief des forces rétrogrades, mais qui revient à sa vocation, là où s’élèvent les voix pour les causes nobles.

Sans doute, cet itinéraire tracé comme par la précision d’un métronome et ce cheminement tranquille, mais rageur, donnent- ils le change, au-delà d’Al Qods à une unité nationale qu’on n’avait cessé de stigmatiser, si ce n’est pour la vouer à la discorde.

Mais c’est aussi le reflet d’une symbiose entre les organisations nationales, les partis affranchis et la société civile et, le tout, dans une ferveur populaire annonciatrice d’une ère nouvelle pour la Tunisie et d’un cycle nouveau.

La Tunisie se réconcilie avec elle-même. Nous avions, à maintes reprises, dans ce même espace, appelé Gramsci à la rescousse.  C’est que nous étions taraudés par les incertitudes face à un establishment se proclamant gardien des fondamentaux de la révolution, mais qui prenait le pays en otage. Vieux monde, monde nouveau : la dichotomie était là. Et Gramsci y apportait le coup de grâce : « Le vieux monde se meut, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les démons ». Les faits, aujourd’hui, du moins chez nous, sont en train de démentir la funeste prophétie du célèbre penseur.

La Tunisie s’est forgé des certitudes. Et elles sont solides. De surcroît, elle élève la voix. Dans sa quête d’une véritable identité, elle dérange aussi. Le refus de ces mièvres résolutions de la Ligue arabe relève de la cohérence. Est-elle seule dans ce combat pour conforter l’Etat dans ses options souverainistes ? Pas vraiment. Et la formidable marche pour AL-Qods conforte elle-aussi notre politique étrangère dans sa démarche progressiste dans un monde où la globalisation se révèle être un subterfuge, une imposture, juste pour que survive « Le vieux monde » : Gramsci encore, décidément…