Au cœur du berceau de la Méditerranée, la Tunisie renferme un trésor précieux, un trésor qui, tel un bien caché, échappe souvent à notre attention. C’est l’eau, cette ressource vitale qui irrigue nos terres, étanche notre soif et alimente nos vies. sur la rareté imminente de l’eau en Tunisie. Les experts en environnement tirent sans relâche la sonnette d alarme en analysant des chiffres et des statistiques inquiétants. Pourtant, pour de nombreux Tunisiens, cette réalité semble s’effacer derrière d’autres préoccupations plus pressantes : l’envolée des prix, la pénurie de produits essentiels, la rareté des médicaments, et les tumultes politiques et sociaux qui secouent le pays. Dans ce coin de la Méditerranée, il est temps de reconnaître que l’eau, que nous tenons pour acquise, est un trésor de plus en plus rare, un bien qui peut se dissimuler à l’œil nu, attendant silencieusement d’être découvert.

70 milliards de dinars…

La mise en œuvre de la stratégie nationale de l’eau à l’horizon 2050 nécessite la mobilisation de 70 milliards de dinars, soit 2,7 milliards de dinars par an, a fait savoir, le 16 septembre 2023 , Rafik Aini, directeur au cabinet du ministre de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche.
 » La Tunisie n’a pas d’autre choix aujourd’hui que de mobiliser ces ressources et de mettre en œuvre cette stratégie afin de garantir l’accès à l’eau potable à toute la population et de consacrer la sécurité alimentaire « , a souligné le responsable, lors d’un atelier de travail organisé, au siège du ministère, en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), lit-on sur le site de l’Agence TAP.
Et de rappeler que cette stratégie prévoit environ 43 projets et comporte 1200 mesures afin de minimiser les impacts liés au changement climatique et d’assurer un juste équilibre entre l’offre et la demande.
Selon Aini, l’objectif de cette stratégie est de réduire la quantité d’eau destinée à l’agriculture de 80% à 70%, alors que plus des 30% restants seront destinés à la consommation nationale ainsi qu’aux secteurs touristiques et industriels. Et d’ajouter qu’il est question d’améliorer le rendement des réseaux de distribution de l’eau potable et d’irrigation afin de récupérer 300 millions de m3.
Il s’agit aussi de valoriser les eaux usées, dont le volume atteint 600 millions de m3 en 2050 dans le secteur agricole.
A noter que la stratégie prévoit également, la construction de 31 barrages collinaires à l’horizon 2050 et d’autres ouvrages qui seront souterrains.
D’après le ministre de l’Agriculture, cette stratégie ambitionne de garantir 115 litres d’eau par jour et par habitant, sachant que les ressources en eau disponibles représentent actuellement, seulement 420 m3 par an et par habitant, ce qui fait de la Tunisie, l’un des pays au monde qui se retrouvent en situation de stress hydrique. La demande nationale en eau devrait augmenter de 38 % en 2050, alors que que les ressources hydriques devraient continuer à baisser pour atteindre -28 %.

Le taux de remplissage des barrages à 27,3%

Rappelons que le taux général de remplissage des barrages s’est situé à 27,3% au 14 septembre 2023, avec des taux de l’ordre de 32% dans le nord, 11,3% dans le centre et 6,8% au Cap Bon, a fait savoir l’Observatoire national de l’Agriculture (ONAGRI), dans son bulletin sur les chiffres du mois de septembre 2023.Et d’ajouter que les apports globaux dans les barrages sur la période allant du 1er au 14 septembre 2023, ont été de l’ordre de 4,3 millions de m3, enregistrant ainsi une baisse importante par rapport à la moyenne de la période (38,7 millions de m3) et aux apports de la même période de 2022 (13,7 millions de m3). Ces apports se répartissent à raison de 86% dans le nord, 11,6% dans le centre et 2,3% au Cap Bon.

Les réserves globales des barrages ont ainsi atteint 631,2 millions de m3 au 14 septembre 2023, contre 769,5 millions de m3 durant la même période de 2022, soit une diminution de 18%. Les réserves globales des barrages au 14 septembre 2023 accusent aussi une régression de 23,4%, par rapport à la moyenne du même jour pour les trois dernières années qui s’établit à 824,4 millions de m3. Ces réserves se répartissent à raison de 91,3% dans le nord, 8,1% dans le centre et 0,7% au Cap Bon.

Ghada DHAOUADI