Hôtels, maisons d’hôtes, hôtels de charme, campings sahariens, gîtes ruraux …, tous les établissements touristiques sont soumis à  de nouvelles taxes. Les motivations sont tantôt économiques, tantôt écologiques. Une chose est sûre : le budget d’un séjour va grimper. Les explications de Afif Kchouk, Président de l’observatoire national du tourisme

Le Temps.news : Que pensez-vous de  ces  nouvelles taxes touristiques?

Afif Kchouk : Je comprends le besoin de l’Etat de trouver de nouvelles ressources et d’augmenter les taxes pour financer son budget. Mais comprendre n’est pas accepter et trop d’impôts tue l’impôt ; d’autant plus que ce sont toujours les mêmes qui payent. Comme d’habitude, le moyen le plus facile et le plus direct pour l’Etat d’augmenter ses ressources financières est d’augmenter les impôts et taxes, sans trop se soucier des conséquences. Il y a moyen de trouver de nouvelles sources de revenus et d’élargir l’assiette d’impôts, sans augmenter (excessivement) ceux qui existent déjà.

Les vacanciers vont- ils payer plus cher leur séjour ?

Oui bien sûr, les professionnels du secteur touristique vont augmenter les prix de leurs produits et de leurs prestations. C’est finalement le client et le consommateur qui subiront l’augmentation des impôts.

Est-ce un moyen de compenser l’usage par les hôtels des produits alimentaires compensés ?

C’est un faux problème. Les produits alimentaires compensés consommés par les touristes étrangers représentent un pourcentage très, très bas du total national.

Ces taxes sont-elles destinées à financer la promotion touristique et à l’amélioration des infrastructures touristiques locales ?

Pas du tout. Grâce au marketing digital et aux nouvelles TICs, la promotion touristique coûte aujourd’hui beaucoup moins cher qu’avant. Quant aux infrastructures, il n’y a pas d’infrastructures propres et réservées uniquement au tourisme. Tout le pays et tous les Tunisiens en profitent.

La taxe sur leur chiffre d’affaires qui passait de 1 à 3% impactera-t-elle l’activité touristique ?

Si cette mesure passe, elle sera préjudiciable au secteur. Ajoutée aux autres taxes, le secteur touristique sera moins rentable ; voire plus rentable du tout. Il n’attirera plus les investisseurs, étrangers en premier lieu.

Quelles conséquences sur la destination Tunisie ?

Evidemment ! Le résultat se fera sentir dès l’année prochaine 2024 ; et surtout, et de plus en plus, les années d’après. Le seul moyen de s’en sortir et des compenser ces hausses d’impôts, est que la valeur du dinar baisse par rapport au Dollar et à l’Euro et que les opérateurs du secteur baissent la qualité de leurs prestations de service.

Que proposez-vous comme solutions ?

Le tourisme peut rapporter à l’Etat plus de revenus, sans pour autant augmenter ses impôts et taxes. Comment ? Il y a plusieurs moyens, tels que :

1-     Elargir l’assiette fiscale à tous les intervenants dans les secteurs de l’hébergement (maisons d’hôte, Airbnb…) de la restauration (salon de thé et lounge, fast food…) et des prestations touristiques diverses (location de voitures, activités annexes…).

2-     Lutter contre le tourisme informel : location de villas, paiements en espèces…

3-     Renforcer la lutte contre l’évasion fiscale.

4-     Encourager les déclarations fiscales et mener une campagne de marketing en ce sens.

5-     Instaurer un climat de confiance, de compréhension et de civisme entre le fisc et le contribuable

                                     Kamel BOUAOUINA