Le décret relatif à la révision du régime de retraite spécifique aux assurés sociaux affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) sera publié dans le journal officiel « dans les quelques semaines à venir », apprend-on de sources proches du ministère des Affaires sociales.

Ce décret prévoit la généralisation du départ à la retraite à l’âge de 62 ans prévu dans le cadre du régime de retraite des fonctionnaires affiliés à la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) aux salariés des entreprises publiques affiliés à la CNSS.

En ce concerne le secteur privé, le relèvement de l’âge du départ à la retraite à 62 nécessite cependant l’accord préalable du salarié et de l’employeur.

Entamées après l’adoption d’une réforme du régime de retraite des fonctionnaires, les négociations relatives à la réforme des régimes de retraite dans le secteur privé ont enregistré des divergences de points de vue entre l’UGTT et le gouvernement. Ce dernier a proposé d’étendre les mêmes mesures convenues avec la partie syndicale dans la fonction publique au secteur privé, à savoir le relèvement de l’âge légal du départ à la retraite à 62 ans et l’augmentation des contributions au titre des régimes de retraite à 3% (2% à la charge de l’employeur et 1% pour l’employé).

L’UGTT s’est cependant opposée à l’unification de l’âge légal du départ à la retraite pour l’ensemble des salariés du secteur privé comme ce fut le cas en 2019 pour les fonctionnaires (62 ans), plaidant pour la prise en considération des spécificités de chaque secteur d’activité économique. La centrale syndicale a plaidé pour la nécessité de prendre en considération de la pénibilité de certains métiers « lourds » ou « insalubres », arguant du fait que les conditions de travail ne sont pas similaires dans les divers secteurs vus que certains métiers sont plus pénibles ou plus exigeants physiquement ou intellectuellement que d’autres.

Le relèvement de l’âge du départ à la retraite des fonctionnaires a contribué à réduire le déficit de la CNRPS. Selon les dernières statistiques publiées par le ministère des Affaires sociales, le déficit de cette caisse couvrant les fonctionnaires et la plupart des salariés des entreprises publiques est passé de -171 millions de dinars en 2020 à -158 millions de dinars en 2021 après avoir atteint 1000 millions de dinars en 2019.

Les derniers états financiers disponibles de la CNSS font ressortir que le déficit de cette caisse sociale, qui couvre les salariés du secteur privé et les salariés de certaines entreprises publiques, a atteint 1200 millions de dinars.

Le déficit des caisses sociales s’explique essentiellement par les mutations démographiques et socio-économiques qu’a connues la Tunisie au cours des dernières décennies : vieillissement de la population, hausse de l’espérance de vie, propagation des emplois précaires, saturation du marché de l’emploi, multiplication des plans sociaux et des départs à la retraite anticipée.

Selon les dernières données de l’Institut national de la statistique, le taux des personnes âgées de plus de 60 ans a atteint 13% de la population en 2018. Selon les projections, ce taux devrait continuer à augmenter durant les années à venir pour s’établir à 17% en 2029 et à 20% en 2036.

Dans le même temps, l’espérance de vie à la naissance a atteint 75,9 ans actuellement. Elle devrait s’établir à environ 79 ans à l’horizon 2030.

Walid KHEFIFI