Par Raouf KHALSI

Ainsi donc, la Tunisie a boycotté la résolution onusienne, jugée flasque, sinon loin du fin fond du génocide qu’exerce l’entité israélienne à l’endroit des Gazaouis. D’autres pays ont jugé, comme nous, que cette résolution cautionne indirectement les opérations terrestres israéliennes. Guère de retour (même pas une allusion) à la résolution de 1948, très vite étouffée dans l’œuf par le casus-belli israélien, le fait accompli sioniste, au détriment du droit palestinien à une terre et à un Etat.

Nous connaissons la position de l’Occident quant au carnage à Gaza. Nous connaissons l’amalgame vite établi entre le Hamas et Daech : pour lui, le Hamas a les mêmes gènes que Daech, amalgame abusif et, même, subversif.

Ce qui inquiète davantage c’est que les monarchies du Golfe, ainsi que d’autres pays arabes, placent eux-aussi le Hamas à la même enseigne que Daech. Dans ce clair-obscur, surgissent les monstres comme le dit Gramsci. Peut-on s’en étonner outre-mesure ? La plupart des pays du Golfe, sinon tous, ont normalisé avec Israël. C’est une question d’intérêts sous l’œil vigilant de Washington. Pire : ces pays arabes implorent Israël pour « qu’il les libère du Hamas », puisque leurs craintes majeures viennent du Hezbollah, allié du Hamas et, donc, de l’Iran dont on craint les foudres et qui ne restera pas encore les mains croisées.

Et, extrême effronterie, Biden demande à Sissi de fluidifier les aides humanitaires au passage frontalier de Rafah, tandis que celui-ci adopte la stratégie du compte-gouttes, mettant en place un filtre minutieux refusant aussi qu’un seul Gazaoui franchisse la frontière.

Cette guerre (inégale) n’en fournit pas moins une indication de taille : c’est tout un remodelage géostratégique qui se meut, et pas uniquement dans cette région. Parce que la Chine et la Russie s’opposent à l’Occident, prélude du retour à un monde bipolaire (si ce n’est tripolaire) sans oublier le processus   des Brics .

D’une façon ou d’une autre, les Arabes, qui ont choisi de se vassaliser dans les sphères d’influences occidentales, courent le risque de regretter ce choix. Parce que d’une façon ou d’une autre, ils n’ont plus de force de frappe. Ils sont très loin du sursaut de 1973 par l’entremise de l’OPEP, année où l’arme du pétrole s’est révélée être dissuasive et plus meurtrière qu’un missile.

S’ils se rallient aujourd’hui à l’Occident ? c’est qu’ils n’ont plus d’atouts à faire valoir.

Entre-temps, le prince Salmane organise un festival pour l’émancipation et intitulé : « Nos beaux jours ». Au fond, ce ne sont pas les martyrs de Gaza qui vont l’empêcher de festoyer…