Les terroirs et les produits de terroir sont aujourd’hui l’objet d’enjeux économiques majeurs et sont érigés en véritables outils du développement durable. C’est le cas du figuier de Barbarie, appelé aussi Hendi . Originaire du Mexique, le cactus Opuntia ficus-indica s’est répandu sur le pourtour méditerranéen après la découverte des Amériques au XVe siècle. Avec ses grands rameaux aplatis appelés « raquettes », il fait partie du paysage aride des campagnes tunisiennes, à l’état sauvage ou planté comme haie naturelle.

La cosmétique et de nouvelles perspectives alimentaires ont dernièrement dopé sa production, alors que jusqu’à présent, il était cultivé pour son fruit à la chair goûteuse et sucrée . Longtemps marginalisé, il est devenu très répandu dans les paysages de Sammama . Sa culture est en nette progression, au vu de son importance socio-économique et environnementale. Avec ses 30 000 hectares de superficies plantées en cactus, la région de Kasserine représente la plus importante localité de production de figues de barbarie en Tunisie. Elle occupe avec ses 100 000 hectares la première place en production au niveau national aussi bien en ce qui concerne la figue de barbarie conventionnelle que celle certifiée biologique.  Pour mettre en avant les opportunités offertes par la culture du hindi ou du sultan des fruits, notamment en ce qui concerne la création de nouveaux projets d’investissement dans différents secteurs prometteurs, à savoir l’agro-alimentaire, le cosmétique ainsi que l’alimentation de bétail, le  Centre culturel des arts et métiers de Jebel Semmama a décidé d’organiser aujourd’hui le festival du cactus « Cactourisme » .

Pour Adnane Helali, le directeur du festival, cette manifestation vise à valoriser les potentialités naturelles, économiques, culturelles et touristiques de Sammama.« Développer la culture de la figue de barbarie et en faire une activité économique qui contribuera à promouvoir l’agriculture de montagne, une des alternatives du développement local, est l’objectif de ce festival qui prend de l’ampleur au fil des années et devient un rendez-vous incontournable au niveau local. La culture du figuier de Barbarie,   se présente comme une ressource économique importante pour les populations de la haute Steppe et elle est considérée comme une filière efficace de lutte contre la dégradation des sols. Un nouveau champ de recherche scientifique s’ouvre donc : comment mobiliser le terroir au service du territoire.La forte teneur en eau (90 pc) du Cactus, lui confère un autre rôle aussi important : ses raquettes succulentes peuvent assurer la satisfaction de 80 pc des besoins du bétail en eau d’abreuvement, notamment durant les périodes chaudes où les troupeaux ne cessent de transhumer en quête des points d’eau. Sur le plan environnemental, la culture du Cactus permet la préservation des sols contre l’érosion, la lutte contre la désertification et la conservation de la biodiversité, tout en contribuant à la régénération des espèces végétales spontanées et à la constitution d’un microclimat favorable au développement d’une faune et une flore très diversifiées.

La valorisation de la figue de barbarie

Les vergers de cactus constituent aussi de très beaux sites pour la récréation et le tourisme rural et de véritables réserves pour les amateurs des activités cynégétiques. Le Cactus (figues et raquettes) revêt en effet des vertus thérapeutiques indéniables.  Ces produits sont utilisés dans la prévention contre certaines maladies comme le diabète, le mauvais cholestérol, les maladies cardio-vasculaires ou encore pour le traitement du rhumatisme, la toux, les infections de l’appareil urinaire, les troubles digestifs, l’ulcère, les diarrhées et les coliques. Il est connu aussi pour son efficacité comme antirides, ainsi que comme base pour la fabrication de diverses préparations cosmétiques, notamment sous forme de crèmes, de shampoings et d’assouplissements de cheveux.

Adnane Helali explique que «Le fruit de figue de barbarie peut aider les familles à avoir un revenu supplémentaire non négligeable, surtout si elles s’orientent vers la production de l’huile de pépins de figue de barbarie qui est un produit très recherché en médecine et en cosmétique pour ses bienfaits. En effet, à Kasserine on trouve aujourd’hui 12 entreprises spécialisées dans la valorisation de la figue de Barbarie. Ces sociétés s’orientent pour la plupart vers l’export en Europe  mais les produits kasserinois issus de la figue de Barbarie se commercialisent sur les cinq continents, y compris l’Australie. Il s’agit de la filière industrielle qui se développe le plus rapidement à Kasserine. D’ailleurs les entrepreneurs kasserinois explorent un nombre grandissant de modèles de distribution à l’international et sont même en train de bien se positionner sur des plateformes internationales de commercialisation. Les ateliers sur  la figue de barbarie  organisés à cette occasion offrent une opportunité exceptionnelle de plonger dans l’univers fascinant de ce fruit. Le premier « Cactobouffe » sera animé par les femmes de Djebel, le deuxième « Cactofer » sera réalisé par Yémen Abdelli et le troisième sur les déguisements de cactus .

La transformation de la figue de barbarie peut aider les familles à avoir un revenu supplémentaire non négligeable, surtout si elles s’orientent vers la production de l’huile de pépins de figue de barbarie qui est un produit très recherché en médecine et en cosmétique pour ses bienfaits.Afin d’encourager les familles à investir dans cette filière, une démonstration d’extraction d’huile de pépins de figue de barbarie et une table ronde sur cet aliment sera effectuée à l’occasion de cette fête. Le processus de production de la précieuse huile, réputée particulièrement pour son effet anti rides, est très recherchée en cosmétique.

Adnane Helali  a fait savoir que la raquette posée au sol en août et couverte de terre en septembre donnera des fruits avec peu de pépins, à la peau fine et très sucrés. Planté et couvert en janvier, le fruit sera plein de pépins avec très peu de chair et une peau épaisse, idéal pour la production d’huile.

C’est l’une des huiles les plus chères du monde : pas moins d’une tonne de graines est nécessaire pour produire un litre de cet « élixir » qui peut se vendre plus de 2 000 euros le litre en Europe, une fois conditionné en petits flacons. Certifiée bio par des organismes étrangers , cette huile de figue de Barbarie s’exporte en France, en Allemagne, au Qatar et aux Etats-Unis. Cet investissement dans la filière de production d’huile de figue de barbarie constitue une opportunité à saisir par les habitants de Sammama  pour améliorer leur cadre de vie en créant de la richesse et de l’emploi.

La transformation de la figue de barbarie peut aider les familles à avoir un revenu supplémentaire non négligeable, surtout si elles s’orientent vers la production de l’huile de pépins qui est un produit très recherché en médecine .Aux yeux de la FAO, comme le cactus est capable de pousser sur des terres pauvres « où aucune autre culture » ne le peut, cette humble plante continue silencieusement mais fermement à gagner une place de premier plan face au changement climatique et aux risques accrus de sécheresse.

                                    Kamel Bouaouina