La traite des personnes, cette thématique, souvent exploitée dans la fiction, se glisse sournoisement dans notre réalité. Qui pourrait oublier des films tels que « Naouret El Hawa », le film qui nous a fait vivre un tourbillon d’émotions allant de la peur à la sympathie? Cependant, les émotions que nous ressentons en voyant des enfants traverser des moments difficiles s’estompent devant la douleur insurmontable des familles, cherchant désespérément un proche disparu. Ce n’est pas une fiction, ce n’est pas un script habilement écrit : c’est une réalité brutale, une tragédie inimaginable face à une cruauté impitoyable…

Les unités de la Garde nationale de Ragueb et Sidi Bouzid ont pu démanteler un réseau spécialisé dans la traite des êtres humains et l’arrestation de deux de ses membres. Ce réseau transporte en transit des personnes en provenance de l’Afrique subsaharienne vers le gouvernorat de Sfax pour prendre part à des opérations d’immigration clandestine, d’après un communique publié le 26 novembre 2023 par la direction générale de la Garde nationale. Selon la même source, les mesures judiciaires nécessaires ont été prises contre les membres de ce réseau.

766 cas …

Rappelons que la présidente de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes Raoudha Laâbidi a indique, dans une déclaration accordée a « Mosaïque FM » en avril,  une diminution du nombre de cas de traite des êtres humains en Tunisie, passant de 1100 en 2021 à 766 en 2022.

Elle a mis en lumière le fait que la majorité de ces incidents impliquent du travail forcé, ciblant principalement les migrants d’Afrique subsaharienne, en particulier ceux se trouvant dans une situation irrégulière. Laâbidi a également souligné que l’exploitation économique des enfants et la mendicité représentent 45% des cas identifiés

Il est a mentionner que la traite des êtres humains (ou traite des personnes) désigne généralement le processus par lequel des personnes sont placées ou maintenues en situation d’exploitation à des fins économiques. Les efforts internationaux pour lutter contre la traite remontent au XIXe siècle. Toutefois, ce n’est qu’au cours des deux dernières décennies qu’un cadre juridique complet a été mis en place à ce sujet. L’adoption en 2000 du Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants a constitué un véritable tournant en la matière.

Cette résolution a fourni la première définition internationalement acceptée de la « traite des personnes » : « Le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation. L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes. » lit-on dans le rapport « le HCDH, les droits de l’homme et la traite des êtres humains » publié par les Nations unies.

Malgré l’existence d’un cadre juridique international complet, des millions d’enfants, de femmes et d’hommes continuent à être victimes de la traite chaque année, dans toutes les régions et dans la plupart des pays du monde. Ces personnes peuvent être victimes de la traite au sein d’un pays ou à l’échelle internationale pour diverses fins, y compris le travail forcé et l’exploitation par le travail dans des usines, des fermes et chez des particuliers ; l’exploitation sexuelle ; le mariage forcé et le prélèvement d’organes, selon la même source.

Ghada DHAOUADI