Dans le labyrinthe de l’emploi, la fonction publique semble souvent être la « forteresse » convoitée, mais aux portes difficiles à franchir. Pour certains, c’est un chemin semé d’embûches, nécessitant des années d’attente. Pour d’autres, c’est un rêve réalisable, mais demandant des sacrifices considérables. La question brûlante demeure : pourquoi cet engouement pour la fonction publique ? Certains y voient un refuge, un havre de sécurité et d’avantages stables. Pour eux, obtenir un poste dans la fonction publique représente un accomplissement majeur. Contrairement au secteur privé, ils ne se sentent pas contraints de maintenir leur poste en étant productifs à tout prix, ni de travailler jour et nuit pour conserver leur emploi face à une compétitivité intense. Leur salaire est fixe, offrant une certaine quiétude. Cependant, de nombreux défis attendent ceux qui aspirent à rejoindre la fonction publique.

Le processus s’avère de plus en plus complexe et ardu à accomplir. C’est pourquoi cette question a récemment été évoquée par le  président de la République, Kais Saied, qui a appelé à accélérer l’audit général des recrutements et des opérations d’intégration effectuées dans la fonction publique, d’autant plus que les résultats préliminaires font état de plusieurs violations. Recevant, mercredi, au Palais de Carthage, le chef du gouvernement Ahmed Hachani, le président Saïed a souligné que les responsables qui entravent, délibérément, la la mise en œuvre des projets, « dans le cadre du règlement de compte politiques », ne sont pas dignes de responsabilité.

Mesures accablantes

Rappelons que le décret présidentiel numéro 591 de 2023 relatif à l’audit général des opérations d’intégration et de recrutement dans la fonction publique, les instances publiques, les établissements publics, les entreprises publiques, les sociétés à participation publique et toutes autres structures publiques, réalisées à compter du 14 janvier 2011 jusqu’au 25 juillet 2021, a été émis le 21 septembre 2023. Dans le même contexte, le ministre Rabie Majidi a  émis une série de directives importantes. Ces directives s’appliquent aux directeurs généraux des établissements publics ainsi qu’aux directeurs généraux des institutions publiques relevant du ministère.

La première mesure consiste à réaliser un inventaire exhaustif de toutes les compétitions qui ont eu lieu entre le 14 janvier 2011 et le 25 juillet 2021. Il est également demandé de fournir des copies papier et électroniques de tous les documents associés à ces compétitions, y compris les décisions de création des comités, les procédures, les délibérations, les procès-verbaux et toutes les pièces liées à ces processus.

La deuxième mesure requiert l’établissement d’une liste nominative des recrutements réalisés au cours de la même période. Cette liste doit contenir des informations complètes sur les agents recrutés, telles que leur identifiant unique, leur nom complet, leur numéro de carte d’identité, la date de leur recrutement, le poste pour lequel ils ont été embauchés, ainsi que la structure administrative responsable de leur nomination.

La troisième mesure concerne l’établissement d’une liste nominative des agents qui ont été intégrés dans les institutions et les entreprises placées sous la supervision du ministère. Il est également nécessaire de fournir des copies papier et électroniques des décisions d’intégration, ainsi que les dossiers complets des agents concernés.

La quatrième mesure stipule que toutes ces informations doivent être transmises à la Direction Générale de la Stratégie et des Institutions Publiques, relevant de la Secrétairerie générale du ministère, sous forme de copies papier et électroniques.

Sécuriser les locaux d’archives des documents et des dossiers administratifs sous la responsabilité directe des directeurs des institutions et des entreprises concernées figure, également, parmi les mesures.

Ces mesures s’inscrivent dans le cadre de la facilitation du travail des comités de vérification pour mener à bien les opérations mentionnées dans le premier chapitre du décret présidentiel, lit-on dans un communiqué publié par le ministère de Transport.

Pour sa part, le ministre de l’Intérieur a émis un télégramme en date du 23 septembre 2023 à destination de l’ensemble des entités relevant du ministère de l’Intérieur.

Ce télégramme impose plusieurs mesures notamment : sécuriser les archives liées aux agents concernés et désigner un responsable chargé de leur conservation, élaborer des listes nominatives des agents soumis à cette mesure et fournir une copie (en format papier et électronique) de ces listes aux services de la secrétairerie générale du ministère, incluant toutes les informations pertinentes telles que le nom complet, l’identifiant unique, le numéro de carte d’identité nationale, la date de recrutement, le grade et le lieu d’affectation, préparer les dossiers des agents et les sécuriser sous la responsabilité des chefs de structures et des départements concernés en vue de leur transmission lorsque requis par les comités de vérification établis à cet effet, lit-on dans un communique rendu public par le ministère.

A noter que les administrations et structures intéressées procèdent au retrait des décisions d’intégration ou de recrutement qu’il s’est avéré qu’elles n’ont pas respecté les conditions et procédures définies par les textes législatifs et réglementaires qui leur sont applicables, ou qu’elles ont été prises sur la base de faux diplômes, ou non conformes aux conditions d’intégration ou de recrutement, et ce, sans préjudice des poursuites pénales à cet effet, d’après le septième article du décret susmentionné.

Ghada DHAOUADI