L’analyste financier renommé, Bassem Ennaifer, a récemment souligné la détérioration significative du dinar tunisien face à l’euro et au dollar. Dans une interview récente, Ennaifer a exposé une perte de valeur remarquable du dinar, indiquant qu’un dollar, qui valait 1,43 dinar fin 2010, est désormais équivalent à 3,1 dinars, représentant une hausse de plus de 100%. De même, l’euro a connu une augmentation similaire, passant de 1,91 dinar en 2010 à 3,38 dinars actuellement.

L’analyste attribue cette dépréciation à quatre principaux facteurs. D’abord, un déficit commercial important a été enregistré au fil des années, cumulant des pertes colossales de 164 milliards de dinars depuis 2011. Pour combler ce déficit, la Tunisie a opté pour l’endettement, contribuant à la fragilité de sa monnaie.

Par ailleurs, Ennaifer pointe du doigt l’augmentation spectaculaire des dépenses publiques, passant de 17,8 milliards de dinars en 2010 à 56 milliards de dinars en 2023, soit une augmentation annuelle moyenne de 7,7%, selon la loi de finances rectificative.

Un autre élément crucial évoqué par Ennaifer concerne le taux directeur et l’inflation. Entre 2012 et 2017, le taux d’inflation a constamment dépassé le taux directeur, générant un taux d’intérêt réel négatif nuisant à la stabilité monétaire. En prenant l’exemple de 2018 à 2019, une hausse du taux directeur de 2% a permis d’atteindre un taux d’intérêt réel positif, marquant une tentative pour restaurer la confiance dans la monnaie nationale.

L’impact socio-économique de la dégradation du dinar tunisien, comme souligné par Bassem Ennaifer, est profond et multifacette. Cette situation génère plusieurs effets au niveau social et économique.

Pouvoir d’achat réduit : La dépréciation du dinar entraîne une hausse des prix des biens importés, affectant directement le pouvoir d’achat des citoyens. Les produits importés deviennent plus coûteux, ce qui peut conduire à une diminution du niveau de vie.

Endettement accru : La décision d’opter pour l’endettement afin de compenser le déficit commercial a des implications sur les finances nationales. L’augmentation de la dette peut limiter la capacité du gouvernement à investir dans des secteurs clés tels que l’éducation et la santé.

Inflation et instabilité : L’écart persistant entre le taux d’inflation et le taux directeur crée une instabilité économique. Une inflation élevée peut compromettre la stabilité sociale en provoquant des inquiétudes quant à l’avenir financier et à la valeur de la monnaie.

Chômage et activité économique : Les déséquilibres économiques, combinés à des niveaux élevés d’endettement, peuvent freiner la croissance économique. Cela peut entraîner une augmentation du chômage et une réduction des opportunités d’emploi, en particulier si les entreprises sont confrontées à des coûts croissants liés à la dévaluation de la monnaie.

Donc, cette analyse approfondie d’Ennaifer souligne l’urgence d’aborder ces défis économiques pour stabiliser le dinar tunisien et restaurer la confiance des investisseurs.

Maryem Ben TAOUS