En titrant son nouveau recueil ainsi, le poète Jalal El Mokh va très loin dans l’histoire de l’humanité pour fouiller dans les origines du monde. En effet, le « livre de la genèse » nous renseigne sur la création du monde en faisant les récits des ancêtres humains. C’est d’ailleurs l’une des prédilections intellectuelles qui caractérisent la création poétique de Jalal El Mokh qui ne cesse de puiser ses idées et ses impressions dans les différentes mythologies et légendes de tous les peuples dont il fait souvent ses sources d’inspiration. En effet, dans ses poèmes, on rencontre souvent des noms mythiques et des hommes légendaires, porteurs d’idées et de pensées à dimensions universelles et dont les valeurs morales peuvent servir les hommes de nos jours. Si notre poète puise ses idées dans ces personnages ancestraux, c’est dans un souci de chercher le bonheur des hommes, leur liberté, leurs idéaux, c’est pour nous faire découvrir les valeurs humaines universelles, comme l’amour, la paix, la solidarité, le dévouement, le patriotisme et l’estime de soi. D’ailleurs, les lecteurs des poèmes de Jalal peuvent facilement le remarquer.

Ce recueil comprend 16 poèmes assez longs, présentés par ordre chronologique, sur une période allant du 11 novembre 2019 au 13 janvier 2020. Des thèmes variés sont abordés touchant au social, au sentimental, au moral, voire au philosophique. Les images poétiques et linguistiquement pittoresques sont impressionnantes. Dans ses aphorismes poétiques qui s’apparentent souvent à des proverbes très significatifs, il est toujours soucieux de toucher le cœur de ses lecteurs.

Souf Abid, poète tunisien, l’un des grands admirateurs de la poésie de Jalal El Mokh a écrit un jour : « La poésie de Jalal Al Mokh a une saveur particulière dans son style et un ton distinct qui le reflète et exprime sa personnalité, ses convictions et ses préoccupations. Mais en même temps et avec la même intensité, elle embrasse l’humanité, ses enjeux et ses soucis et ses souffrances… Lorsqu’il écrit, Jalal El Mokh n’écrit pas pour lui-même individuellement, mais plutôt pour l’humanité dans son ensemble… »

La poésie de Jalal El Mokh, outre son aspect esthétique indiscutable, ressemble à un discours philosophique, tellement elle nous renvoie souvent aux grands penseurs de l’Humanité à travers les époques, en multipliant les thèmes (métaphysique, théologique, mythologique…) sans oublier les autres thèmes récurrents dans la poésie en général, comme l’amour, la mort, la liberté, le temps, l’engagement…). Dans cette poésie, le lecteur se ballade entre différents modes et types énonciatifs (description, narration, argumentation, dialogue….). Rares sont les recueils de poésie de Jalal où il n’y a pas de référence à une quelconque mythologie (grecque, romaine, arabe…) ou d’allusion faite aux grands hommes de l’Histoire de l’humanité. C’est que pour lui, ces grandes figures demeurent une source intarissable dont il s’est toujours inspiré, surtout pour toutes les valeurs universelles évoquées dans leurs écrits et qui sont encore vivantes de nos jours.

En guise d’avant-goût, nous avons essayé de traduire quelques vers choisis parmi les poèmes du recueil. Dans le poème intitulé « Sous l’épée de Damoclès » p : 23, on peut lire : « Je ne fais pas partie des écrivains professionnels/ je ne fais pas partie de ceux qui tiennent une plume/ et je n’écris pas de poèmes avec mes propres mots/ Je n’écris pas d’articles dans les journaux/ je ne fais pas partie des écrivains établis dans l’Egypte ancienne/Je ne suis pas non plus un scribe dans la cour du sultan/ je ne fais pas partie du groupe des vendeurs de discours ou des marchands de paroles du Souk Oukadh/ Je ne suis pas un admirateur de louange et de satire…

Dans un autre poème portant le même titre que le recueil « Du texte de la genèse » p : 91, on peut lire les vers suivants : « Après ma naissance dans les épopées grecques/ et après avoir sucé le lait de poésie de la sève de Gaïa/ bercé par les dieux de l’Iliade et embrassé par les doigts de l’Odyssée/ J’ai accompagné Ennius dans les jungles de l’Énéide, guidé par Virgile/ mon corps a mijoté dans la Divine Comédie, contemplant les merveilles de l’Enfer…/ Après cela j’ai traversé tous les âges poétiques à l’Est et à l’Ouest du globe… » Bonne lecture !

Hechmi KHALLADI