Dans un pays où le pouvoir d’achat du citoyen lambda se détériore face à une flambée des prix, une concurrence féroce s’engage entre les boutiques pour déterminer qui exigera les tarifs les plus élevés. Dans ce contexte économique tendu, la friperie émerge comme une solution ultime pour de nombreux Tunisiens. Mais, est-elle toujours la même qu’il y a quelques années ? Bien évidemment, la réponse est négative. Les prix ont grimpé, rendant les vêtements d’occasion plus coûteux. Pour certains, ces tarifs inaccessibles ne sont plus envisageables. Pour d’autres, la friperie demeure un choix, soit par nécessité soit par passion. Pour ceux qui le peuvent financièrement, la passion pour la friperie est devenue un passe-temps, une évasion du stress quotidien à travers la recherche au sein des montagnes de vêtements.

Le secteur de la friperie a évolué au point où l’on évoque désormais la ‘fripe de luxe’, avec des influenceurs des réseaux sociaux faisant la promotion au profit des nombreux propriétaires de friperies. Ces influenceurs remplissent leurs ‘stories’ Instagram et leurs vidéos TikTok avec des présentations de leurs trouvailles vestimentaires, en testant une multitude de tenues différentes. Désormais, les comptes des boutiques de friperie se transforment en plateformes où l’on peut commander en ligne les articles les plus tendance. Cependant, ce secteur ne manque pas de défis.

En effet, le président de la Chambre Nationale Syndicale des Commerçants Grossistes de Friperie, Sahbi Maâlaoui, a déclaré lors de son intervention le 27 décembre 2023 sur les ondes de  » Diwan FM » que la chambre envisage de suspendre ses activités à partir de l’année 2024 en compagnie des fournisseurs et des fabricants, si la direction des douanes ne revient pas sur une décision prise il y a deux jours concernant l’obligation d’authentification par le chef du bureau régional des douanes des procès-verbaux d’achat provenant des usines.

Maâlaoui a ajouté que ces procès-verbaux étaient autrefois visés par un agent des douanes qui assistait au processus d’achat depuis l’usine et le surveillait, selon la même source. Le même responsable a critiqué ce qu’il a qualifié de complexité des procédures de la part de l’administration des douanes au lieu de faciliter les transactions, soulignant que les chambres des commerçants en gros et au détail ainsi que les propriétaires d’usines bénéficiant du système des entrepôts industriels tiendront une réunion le 2 janvier 2024 pour discuter de la décision de suspendre les activités.

La friperie n’est plus destinée aux classes moyennes …

Les soubresauts de l’économie exercent une influence bien plus profonde sur ce secteur qu’on ne l’imagine ; la loi des finances en est une illustration saisissante.

L’article 52 de la loi des finances 2024 stipule qu’il est exclu du droit instauré par la LF2023 de 1 dinar/ kg de friperie détruit, au profit du fonds de lutte contre la pollution, les quantités de vêtements de friperie détruits pour la production d’énergie renouvelable, selon le site officiel de l’agence TAP « tustex ».

Rappelons que Sahbi Maâlaoui, président de la chambre nationale syndicale des commerçants grossistes de friperie, avait annoncé, dans une déclaration accordée à « Mosaïque FM » le 27 décembre 2022, que les prix des vêtements de friperie vont augmenter de 20 %.

Selon la même source, la friperie n’est plus destinée aux classes moyennes et démunies et que ce secteur est géré par cinq ministères, à savoir ceux des Finances, de l’Industrie, du Commerce, de l’Intérieur et des Affaires sociales.

Dans le même contexte, Maâlaoui avait appelé le ministère des Finances à réviser l’article 64 de la loi de finances 2023 qui prévoit une taxe d’un dinar sur le kilogramme de vêtements détruits. Et d’ajouter que cet article va conduire à l’augmentation des prix des vêtements de friperie.

Ghada DHAOUADI