Dans le tourbillon mystique de l’astrologie, les chemins divergent : une palette infinie de signes, chacun chargé de promesses et de menaces soigneusement tissées dans des mots sélectionnés avec précision. Alors que certains embrassent le rite annuel de consulter leur horoscope, cherchant des indices sur ce que le destin pourrait leur réserver, d’autres remettent en question cette pratique, doutant que quelques lignes puissent prédire le sort de millions de personnes partageant le même signe astrologique.

Pourquoi cette tendance persistante à scruter les prédictions astrologiques, que ce soit dans les colonnes des journaux, au fil des flux sociaux ou dans des vidéos en ligne ? S’agit-il d’une foi profonde en l’astrologie ou simplement d’une quête d’espoir, voire de la crainte de ce qui pourrait advenir ?

Ces nombreuses interrogations seront abordées dans cet article, mais avant tout, il est essentiel de distinguer l’astrologie de la science de l’astronomie.

Astronomie et Astrologie : deux voies divergentes

La Société Astronomique de Tunisie (SAT) a tenu à préciser que l’astronomie est la science de l’observation des astres qui cherche à expliquer leur origine, leur évolution, ainsi que leurs propriétés physiques et chimiques. Selon l’association, cette activité n’a aucun rapport avec l’astrologie qui est un ensemble de croyances et de pratiques fondées sur l’interprétation symbolique des correspondances supposées entre les configurations célestes (la position et le mouvement des planètes du système solaire) et les affaires humaines, collectives ou individuelles.

Cette précision intervient avec l’avènement de la nouvelle année administrative, une période où les médias se ruent vers les astrologues et les voyants pour prédire ce que cachent les étoiles et les planètes pour l’année à venir, et ils sont présentés comme astronomes, lit-on sur le site de l’agence TAP. Le vice-président de la SAT, Hichem Ben Yahya, a déclaré à la TAP que les gens confondent entre l’astrologie et l’astronomie qui porte sur l’étude de l’espace extra-atmosphérique et des phénomènes qui s’y produisent.

Il a ajouté que l’astrologie est l’art de déterminer le caractère et de prévoir le destin des hommes par l’étude des influences supposées des astres, des phénomènes cosmiques, des galaxies et des planètes, ce qui amène les gens à croire que l’astrologie est réelle et basée sur des constantes fondamentales scientifiquement prouvées, alors que les astrologues s’appuient sur des opinions sans fondement. Il a ajouté que la science moderne a prouvé que nos vies ou notre avenir n’ont aucun rapport avec le mouvement des étoiles, et donc les prétendues prédictions sont infondées et dépendent de facteurs psychologiques et des croyances des personnes.

L’astronomie, a-t-il dit, a connu un grand développement au fil des siècles, tandis que l’astrologie a conservé les mêmes techniques archaïques, plus proches de la sorcellerie que de la science. Elle a également continué à s’appuyer sur une sphère céleste fixe qui compte douze fuseaux tandis que les observations modernes ont prouvé que le soleil traverse en un an treize images de constellations et non pas douze, et l’insistance des astrologues sur leur avis n’est qu’une facilitation de leurs calculs erronés, a-t-il soutenu.
Crée en 1990, la SAT œuvre à vulgariser les phénomènes astronomiques et les technologies auprès du grand public, encourager la recherche, rassembler les liens entre les astronomes amateurs et professionnels, créer des clubs associés et promouvoir l’enseignement de l’astronomie dans les différents cycles, selon la même source.

Pourquoi l’astrologie conquiert-elle les esprits ?

Pour démontrer ce phénomène il existe une expérience, qui a été réalisée dès les années 40 et qui a ensuite été reproduite à de nombreuses reprises en fournissant toujours les même résultats…

En l’occurrence, il s’agit d’abord de réunir un groupe de personnes de tous horizons. Le seul critère : qu’elles aient toutes un signe astrologique différent (au moins 12 participants donc). Chacune reçoit alors un texte recensant exclusivement les caractéristiques de son propre signe du zodiaque (Capricorne, ou Bélier, ou Scorpion, etc. : chaque personne recevant la fiche consacrée à son signe). On lui demande alors simplement de noter la pertinence du texte en fonction de sa propre perception de ce qu’elle est. Il s’avère que la plupart des volontaires considèrent le texte comme conforme à leur caractère, avec une proportion de plus de deux-tiers. A première vue c’est interpellant car cela voudrait dire que la description astrologique des personnalités correspondrait bel et bien à une certaine réalité, a explique l article « Pourquoi est-il si facile de croire à l’astrologie ? ».

En fait, le texte est à chaque fois le même ! Autrement dit la personne Capricorne qui estime que la description lui correspond a lu exactement les mêmes mots que la personne Bélier, Scorpion ou Taureau qui, elle aussi, a trouvé que le portrait astrologique colle très bien à sa personnalité… Si l’astrologie fonctionne, c’est donc parce que nous avons tendance à nous projeter dans ce que nous lisons : nous nous reconnaissons facilement dans des textes qui peuvent, en réalité, s’appliquer à tout le monde… Ce petit test, facile à reproduire, est la réplique d’une expérience réalisée au départ par le chercheur Bertram R. Forer dans les années 40. Elle lui a permis de découvrir ce que l’on appelle aujourd’hui en psychologie l’effet Barnum.Il s’agit de la tendance naturelle des individus à se reconnaître dans des ensembles de phrases et à les considérer comme les décrivant bien personnellement, alors que ces phrases sont très générales. En fait, elles sont tellement générales qu’elles peuvent s’appliquer à beaucoup d’individus différents, d’après la même source.

A noter que le nom tire son origine du cirque Barnum, très célèbre dans les États-Unis du 19e siècle. Son directeur, Phineas Taylor Barnum, ne voulait mettre au point que des numéros dans lesquels chacun pouvait s’identifier facilement. Il avait même monté un numéro qui consistait à raconter des généralités, mais qui semblaient ne s’appliquer qu’à un seul spectateur. Chaque personne pouvait donc croire que l’orateur sur scène ne s’adressait qu’à elle, selon l’article susmentionné.

Ghada DHAOUADI