Malgré les interventions des responsables de l’Office du Commerce et malgré les appels du président de la République et ses assurances, les pénuries semblent avoir la peau dure sur le marché et le calvaire des Tunisiens se poursuit à la recherche des produits manquants qui ne font leur apparition que très rarement…  

C’est la réalité de tous les jours. Il suffit de faire le tour des grandes surfaces et des épiceries pour s’en convaincre. En ces temps difficiles où l’inflation et les hausses successives des prix, pour des raisons parfois obscures et injustifiées, taclent toute une population, la rareté des produits de consommation de base ne fait que prolonger l’inquiétude des gens et leur désespoir de voir les étalages renouer avec leurs marchandises pour tous les goûts et tous les prix.  

Comment expliquer une pénurie de sucre qui dure plus de deux ans ?  

Comment justifier la pénurie continue de cette même matière après la réouverture de l’usine de Béja et la reprise de production ?  

Comment se fait-il que le riz demeure introuvable alors qu’il est disponible partout dans le monde et importable à tout moment ?  

Alerte sur tous les fronts  

Cette situation de pénurie et de manque de ces produits de base est accompagnée, malgré les interventions des responsables gouvernementaux qui se veulent rassurants et positifs, de hausses de prix qui ne manquent pas de nous surprendre. Selon l’Institut national de la statistique de Tunisie (INS), les prix des denrées alimentaires ont augmenté de près de 12 % pendant l’année 2023 et le pays risque de voir cette flambée se poursuivre pour l’année en cours. Les plus fortes hausses ayant été enregistrées pour le café (35 %), l’huile de cuisson (29 %) et l’agneau (28 %), sans parler des produits qui manquent et qui sont revendue, parfois avec des prix qui avoisinent le double de ceux affichés avant.  

C’est dire que les efforts déployés par l’Etat pour faire face à de telles pénuries est peu efficace, surtout pour les produits de consommation quotidienne comme le sucre, le café, la farine et la semoule.  

Et si on tient compte de la prochaine et proche arrivée du mois de Ramadan, on comprend l’inquiétude des citoyens qui, par habitude comme par besoin, voient leur consommation s’élever pour certains produits de base.  

Certes, du côté des ministères du Commerce, de l’Economie et de l’Agriculture, on n’arrête pas de nous rassurer qu’un stock a été constitué pour subvenir à cet accroissement de consommation, mais il s’agit d’une partie des produits concernés comme les œufs, la viande blanche ou rouge et le lait, alors que pour le sucre, le riz, l’huile végétale et d’autres produits semblent faire de la résistance au point de ne plus être évoqués du côté d’un Office du Commerce plus occupé par assainir ses services infestés par le mal de la corruption que par le besoin urgent d’importer ce que les Tunisiens ont pris l’habitude de consommer.  

Face à une telle situation, comment veut-on voir le citoyen adhérer aux explications des hauts cadres du ministère du Commerce et de l’OCT lorsqu’ils constatent, à titre d’exemple, que le prix de l’huile d’olive a augmenté de cent pour cent dans les huileries alors que la production annuelle a augmenté de 20% ?  

Concernant le sucre, l’usine de Béja s’est remise en marche, mais elle tarde encore à satisfaire les demandes du marché. Elle a subi des modifications et la réelle mise en marche de la production a pris du retard, ce qui explique en partie le manque de cette matière sur le marché.  

Concernant les importations, l’Etat ne dit pas toutes les vérités. Pour s’approvisionner à l’étranger, il faut toujours disposer des devises nécessaires pour une telle action, ce qui n’est malheureusement pas permis à tous les coups, d’où l’obligation de procéder par étapes, ce qui ne va sûrement pas résoudre le problème épineux des pénuries.  

En attendant Ramadan  

D’autres sources ont révélé que le marché va être beaucoup plus régulier et plus fourni lors du mois saint, c’est-à-dire dans quelques semaines. Ce qui veut dire que le manque va persister encore pour quelque temps, mais qu’est-ce qui nous garantit la reprise normale de l’importation du blé, du riz, du sucre ou du café alors que les indicateurs de l’économie sont encore au rouge malgré les dernières assurances concernant la stabilité du taux d’inflation et la baisse du déficit commercial ?  

Ce qui est certain, c’est que les solutions de fortune vont encore durer à défaut du rétablissement d’une importation régulière de ces produits, du moins pour les prochains mois. Les Tunisiens, d’habitude plus optimistes, voient d’un très mauvais œil le prolongement de cette situation de pénuries à répétition sans constater un véritable effort de la part de l’Etat et de ses structures pour pallier au plus vite à ces défaillances.  

Kamel ZAIEM