Marouen El Abassi est parti et c’est Fethi Zouhair Nouri qui lui succède à la tête de la Banque centrale de Tunisie. Un changement inévitable qui ne vient pas au bon moment puisque l’ancien ! gouverneur n’a laissé que de bonnes impressions et son savoir faire pourrait manquer à cette institution même si, à première vue, celui qui prend sa place ne manque pas de métier et d’atouts…
Entre un Gouverneur de la BCT qui a tout donné et un autre qui entame la succession dans des conditions difficiles, la passation de pouvoir a eu lieu, avant-hier vendredi, dans une bonne ambiance.
Fethi Zouhair Nouri, le nouveau Gouverneur, a profité de la cérémonie organisée au siège de la BCT pour remercier le président de la République pour sa confiance. A présent, la balle est dans son camp pour mériter d’accéder à ce poste sensible et vital pour l’économie du pays.
C’est qu’il doit faire au moins aussi bien que son prédécesseur et se montrer capable de relever les divers défis auxquels la BCT a dû faire face dans un contexte assez turbulent et réussir à préserver la résilience de l’économie tunisienne.

Sur la même longueur d’onde
Fethi Zouhair Nouri saura-t-il faire oublier Marouen El Abassi ? C’est la question que ne cessent de poser les observateurs depuis l’annonce de cette nomination qui a surpris les uns et qui a été bien accueillie par beaucoup d’autres, surtout que le nouveau patron de la BCT, un professeur de l’enseignement universitaire en Micro & Macro Economie Politique Monétaire, Politique économique et Grands Problèmes contemporains et marché de l’énergie depuis 1990. Depuis juin 2016, Nouri est membre du Conseil d’administration de la Banque Centrale de Tunisie, où il a contribué pendant plus de 7 ans à orienter les politiques monétaires du pays.
Spécialiste des questions énergétiques, il a su lier les enjeux académiques aux réalités économiques du pays, préparant ainsi le terrain à des solutions innovantes dans ce secteur vital.
Dans un poste aussi important et capital pour l’économie du pays, le nouveau Gouverneur sait parfaitement à quoi s’en tenir dans un contexte qui exigera de lui beaucoup de métier et d’habilité ainsi que du savoir faire dans les relations avec le gouvernement, la Présidence de la République, le Parlement et le ministère des Finances.
Autre point positif, les deux hommes (Nouri et El Abassi) se connaissent bien et on espère voir le nouveau gouverneur de la BCT profiter de l’expérience de son prédécesseur et assurer davantage de stabilité au niveau des relations de son département avec le pouvoir en place. Et même si certains pensent que l’ancien patron de la Banque centrale a « passé la patate chaude à son successeur », ceci ne veut nullement dire que le nouvel arrivé aura à effectuer une mission impossible. D’ailleurs, les derniers chiffres et taux annoncés laissent planer de bonnes chances pour améliorer la situation économique à tous les niveaux.
C’est qu’El Abassi a présidé la BCT dans un contexte très difficile avec le Covid-19 et ses fâcheuses conséquences, la guerre de l’Ukraine et une sècheresse qui a sévi pendant quatre ans, alors que son successeur pourrait profiter de meilleures conditions pour faire aussi bien sinon plus.

De l’optimisme, mais…
Globalement, la nomination de Fethi Zouhair Nouri à la tête de la Banque Centrale de Tunisie est accueillie avec optimisme. Son parcours diversifié et sa profonde connaissance de l’économie tunisienne et des défis mondiaux le positionnent comme le leader idéal pour naviguer dans les eaux tumultueuses de l’économie actuelle. Les attentes sont grandes, mais son expertise et son leadership laissent présager une ère de stabilisation et de croissance pour la Tunisie.
Toutefois, cet optimisme ne doit pas cacher certaines craintes. Pour que le nouveau gouverneur de la BCT puisse pleinement exploiter son expertise et apporter une contribution significative à l’économie tunisienne, il est essentiel que sa vision stratégique ne soit pas entravée par des mesures d’urgence non cohérentes, notamment celles découlant de décisions hâtives émanant de certaines composantes du pouvoir (Parlement, présidence de la République, présidence du Gouvernement…).
De même, on attend de Fethi Zouhair Nouri de se munir de courage pour imposer certaines réformes plus que nécessaires et vitales pour l’économie du pays. D’ailleurs certains experts ont vite fait de proposer au nouveau patron de la BCT une démarche plus positive et plus efficace. A titre d’exemple, l’expert et universitaire Ridha Chkondali lui a recommandé de n’accorder des facilités qu’au profit de la Trésorerie Générale de la Tunisie et elles devront être orientées pour le développement. Il lui a également recommandé d’engager des négociations avec des donateurs bilatéraux et bailleurs multilatéraux pour rassurer la place financière et retrouver une trajectoire de croissance.
D’autres intervenants économiques souhaitent voir le nouveau Gouverneur accorder la priorité absolue à la révision du code de change, une réforme attendue depuis deux ans et qui est devenue une nécessité urgente pour soulager les entrepreneurs tunisiens des contraintes qui freinent leur développement et leur compétitivité à l’international.
C’est dire que les attentes sont grandes et que les raisons d’être optimiste pour l’avenir sont tout à fait légitimes en raison de la compétence de Fethi Zouhair Nouri et de son dévouement.

Kamel ZAIEM