L’UGTT a organisé, ce samedi 2 mars 2024, un rassemblement syndical à la Place de la Kasbah à Tunis afin d’exprimer le mécontentement des syndicalistes et de réclamer un dialogue social. Plus de trois mille syndicalistes ont participé à cette mobilisation qui vise, d’après le secrétaire général de l’UGTT, à « revendiquer l’ouverture d’un dialogue social et le respect du droit syndical qui est une ligne rouge à ne pas franchir ». 

Au cours de ce rassemblement, Taboubi a souligné notamment que le dialogue social avec la partie gouvernementale est bloqué. Dans ce sens, il a relevé que le gouvernement n’a pas activé l’accord du 6 février 2021 qui comprend 46 accords sectoriels, sous prétexte des difficultés des finances publiques. « Le gouvernement affirme s’être acquitté de ses dettes » a-t-il dit, précisant qu’en contrepartie, les produits de première nécessité, peu accessibles sur le marché, n’ont pas été importés en quantités suffisantes.

Ce rassemblement intervient pour « exprimer la colère des travailleurs quant à politique d’opinion unique, la rupture du dialogue social et la violation des droits syndicaux et les procès vindicatifs ». Taboubi a ajouté que l’accord sur l’augmentation salariale conclu avec la partie gouvernementale n’a pas été appliqué, malgré la détérioration du pouvoir d’achat des travailleurs et le taux d’inflation élevé (7,3 % en janvier 2024) D’autre part, le secrétaire général de l’UGTT a salué la décision « révolutionnaire » du président de la république Kais Saied visant à mettre fin à l’emploi précaire et à toutes les formes de sous-traitance.

Dans ce contexte, il a souligné que la centrale syndicale s’est employée depuis la révolution à éliminer toutes les formes d’emploi précaire ayant permis de régulariser la situation des travailleurs de chantiers, des enseignants et des enseignants suppléants. Par ailleurs, Taboubi a appelé à la nécessité d’annuler le décret 54 afin de garantir la liberté d’expression et d’opinion et de reprendre les négociations qui selon lui constitue une étape importante pour l’édification du pays.

Taboubi a indiqué que le gouvernement a renoncé à l’application des accords signés avec la partie syndicale, saluant la décision du président de la république Kais Saied visant à mettre fin à l’emploi précaire et à toutes les formes de sous-traitance. A noter que l’UGTT tiendra la semaine prochaine ( les 9 et 10 mars 2024) une commission administrative consacrée à l’examen de la situation générale dans le pays et au suivi des dossiers des syndicalistes poursuivis en justice.

Taboubi : « Les menaces et les prisons ne dissuaderont pas l’UGTT de continuer à défendre les droits des travailleurs »

« Les menaces et les prisons ne dissuaderont pas l’union générale tunisienne du travail de continuer à défendre les droits des travailleurs », a souligné samedi, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT.

Dans un discours prononcé devant des centaines de syndicalistes rassemblés devant le siège du palais du gouvernement à la Kasbah pour revendiquer le dialogue social, le respect du droit syndical et l’application des accords signés avec le gouvernement, Taboubi a indiqué que l’UGTT ne peut pas garder le silence quand le droit syndical et les droits civiques sont violés. « Au cours de ces derniers mois, le droit syndical a été violé par l’emprisonnement et la poursuite en justice de nombre de syndicalistes », a-t-il regretté citant les noms de quelques-uns d’entre eux.

Taboubi a souligné que toutes ces menaces ne dissuaderont pas l’organisation syndicale de poursuivre sa lutte pour défendre les travailleurs et la patrie signalant que la Tunisie est à un tournant difficile qui nécessite la sagesse. Le secrétaire général de l’UGTT a souligné que le droit syndical est inscrit dans la constitution et son respect est un signe de démocratie exprimant son rejet catégorique des pratiques qui visent à limiter le droit syndical.

Dans ce contexte, il a signalé que des syndicalistes ont été traduits récemment devant le conseil de discipline, ce qui est une atteinte de l’article de 74 de la constitution et des conventions internationales ratifiées par la Tunisie. Taboubi a dénoncé les campagnes de dénigrement lancées contre les syndicalistes mis à disposition signalant que le détachement leur permet de se libérer pour défendre les droits des travailleurs.

Photos : Mounir Ben Brahim