Dans l’imaginaire collectif, la profession médicale incarne l’altruisme, la guérison et l’espoir. Cependant, comme tout secteur, la médecine n’est pas à l’abri d’ennuis. Parfois, ces « ennuis » prennent une tournure inattendue lorsque des professionnels de la santé se retrouvent au cœur d’affaires judiciaires. Lorsque la justice s’immisce dans le domaine médical et que des accusations sont portées contre des médecins, l’équation devient complexe et soulève des questions cruciales sur la confiance et l’intégrité au sein de la communauté médicale.

Le trafic de substances stupéfiantes, en particulier, vient compliquer davantage ces enjeux. Lorsque non pas un, mais cinq médecins et trois pharmaciens sont impliqués, le dossier se corse, mettant en lumière les tensions entre les valeurs nobles de la profession et les accusations choquantes de la justice.

« Les détentions préventives des médecins ne sont pas acceptables ! »

En effet, les structures médicales syndicales ont appelé à la libération de cinq médecins et trois pharmaciens arrêtés dans des affaires liées à un réseau de trafic de stupéfiants, et à leur jugement en liberté, selon les déclarations du secrétaire général du syndicat de l’Union des médecins spécialistes pour la pratique libre, Dr Fawzi Charfi.

Charfi a également appelé lors d’une déclaration à la radio « Diwan FM » en marge d’une conférence de presse tenue, le 20 mars 2024, que les autorités judiciaires prennent en considération la spécificité de la profession médicale afin de prendre la décision optimale dans de telles affaires.

Pour sa part, le doyen des médecins, Ridha Dhaoui, a déclaré, le 20 mars 2024, que les détentions préventives des médecins ne sont pas acceptables pour deux raisons principales : premièrement, l’absence de preuve de culpabilité et deuxièmement, l’interruption du traitement des patients suivis par le médecin en cas d’arrestation, ce qui pose un grave problème. Et d’ajouter que selon l’intervenant, la doyenneté est la première à tenir les médecins responsables et à leur infliger des sanctions lorsqu’ils sont reconnus coupables d’erreurs médicales, lit-on sur le site de « Diwan FM »

Dhaoui a également souligné que souvent les médecins dont la détention a été ordonnée sont innocentés, soulignant qu’il est difficile pour le médecin de retrouver la confiance des patients après cela.

Décès d’un psychiatre en prison

Rappelons que les organisations professionnelles, comprenant les doyennés et les syndicats représentant le secteur de la santé, se sont réunies le 17 mars 2024 au siège de la Doyenneté Nationale des Médecins suite à la détention préventive de nombreux professionnels de la santé sans preuve de leur culpabilité. Cela est directement lié à l’exercice de leurs fonctions professionnelles, dont l’une a conduit au décès du psychiatre Dr Mohamed Hajji , en raison de sa détérioration physique causée par les conditions déplorables de sa détention dans la prison de Ben Arous. Les organisations professionnelles ont présente leurs sincères condoléances à la famille du défunt, ainsi qu’à tous les professionnels de la santé. Leurs décisions consistent a demander l’ouverture d’une enquête sur les circonstances et les conditions du décès de Mohamed  Hajji, avec la nécessité de déterminer les responsabilités.

Exiger un traitement équitable dans les affaires judiciaires concernant les professionnels de la santé dans l’exercice de leurs fonctions, compte tenu de leur spécificité technique, et insister sur le respect de la présomption d’innocence qui suppose que toute enquête les concerne se déroule en liberté figure, aussi, parmi les revendications. Appeler à accélérer la révision des lois et des textes pertinents et rappeler au ministère de la Santé ses responsabilités envers ses membres pendant l’exercice de leurs fonctions sont des points évoqués, également, dans le communique.

Tous les professionnels de la santé ont été invités à porter le badge rouge toute la semaine à partir du lundi 18 mars 2024 pour exprimer leur indignation et leur colère.

Ghada DHAOUADI