Par Aya AMARI (association « Tunisie initiative pour le développement »)

Le sommet Corée-Afrique se tiendra à Séoul les 4 et 5 juin prochain. Afin d’améliorer la compréhension des lecteurs du journal « Le Temps »* et des Tunisiens en général, du contexte en Corée du Surd, nous prévoyons de publier, durant sept semaines, des articles, sur les colonnes du journal « Le Temps » – dont nous saluons les efforts inlassables de son comité de rédaction – pour mettre en lumière l’actualité liée à l’histoire, l’économie et la culture de la Corée du Sud. Il s’agit d’un hommage et un message d’amitié envers un peuple qui n’a cessé de manifester son respect, son amitié, et son soutien à la Tunisie depuis le rétablissement de relations diplomatiques entre la Corée du Sud et la Tunisie en 1969.

Lorsqu’on parle de la Corée du Sud on pense directement au « miracle économique coréen » que tout le monde le reconnaît soit à travers les chiffres, qui sont têtus et ne mentent pas, et par le contact quotidien dans les quatre coins de la planète avec les voitures, les Smartphones et les appareils électroménagères fabriqués en Corée, sans oublier les puces et les cartes mémoires.

Montée en puissance 

Lorsque nous qualifions la montée en puissance de l’économie coréenne de miracle on n’exagère pas puisqu’il il suffit de se rappeler que la Corée du Sud figurait en 1950 parmi les pays les plus pauvres de la planète, et qu’elle se classe actuellement parmi les 11 pays les plus riches au monde. Une montée spectaculaire, dans une intervalle de 80 ans, qui mérite d’être qualifiée de miracle surtout que la Corée ne dispose pas de richesses naturelles et avec les handicaps hérités de la colonisation japonaise ( qui a pris fin en 1945) et les séquelles de la guerre fratricide et belliqueuse qui a duré de 1950 jusqu’à 1953. 

Une guerre qui a devisé la notion coréenne et qui continue encore à absorber une partie du budget coréen dans les besoins de la défense puisque la Corée du Nord ne cesse de mener une politique d’hostilité envers Séoul. Certainement l’économie est lié à l ‘environnement naturel et surtout à la motivation de l’être humain, et aux politiques suivies pour motiver la population et l’impliquer dans le passage de la situation d’une nation pauvre à celle d’une nation qui se classe actuellement parmi les pays les plus riches au monde. Il importe ici de rappeler que le PIB par habitant a passé de 92$ en 1961 à 32422$ en 2022. Il s’est multiplié au bout de 60 ans 350 fois. Un chiffre qui démontre le progrès gigantesque réalisé dans la marche vers le progrès. Une performance à méditer et qui peut s’expliquer par des facteurs d’ordre culturel et des choix politiques.  

Bien que la Corée du Sud soit entourée par des voisins qui ne manquent pas d’ambitions dont notamment la Chine et le Japon, les Coréens ont pu jugulé avec les contraintes et les transformer en éléments propices au développement. La Corée du Sud a su mettre en exergue les sentiments d’appartenance à une nation qui a une histoire riche et une certaine continuité politique puisque Séoul est la capitale depuis 1394. 

Marche vers le progrès

Quant aux politiques suivies pour motiver la population et l’impliquer dans le passage de la situation d’une nation pauvre à celle d’une nation riche il faut la décision prise en 1957 de remonter la ponte et de remédier aux dégâts occasionnés par la guerre fratricide et belliqueuse. Il faut signaler que le mérite revient au président Park Chung-Hee qui a marqué la marche vers le progrès par des décisions stratégiques. Il a promulgué la loi anti-corruption le 14 juin 1960 et favorisé la création de l’association des entrepreneurs coréens en Août 1961. Il a rétabli les relations diplomatiques entre la Corée du Sud et le Japon en 1966, un choix qui a donné une stabilité nécessaire au développement.

Le président Park Chung-Hee était derrière la construction du fameux complexe de sidérurgique de Pohang, dont les travaux ont démarré en 1968 et qui est inauguré en 1974.Un autre élément clé dans la genèse du miracle coréen réside dans le rôle que l’état a joué dans la planification tout en respectant les principes de la liberté d’initiative. L’économie coréenne est basée sur l’équilibre entre les différents secteurs d’activité à savoir l’industrie et les services et l’agriculture et la pêche. Notons dans ce cadre que la Corée a réalisé son autosuffisance de riz en 1970.  

Un acquis fort en signification et qui a motivé les coréens pour atteindre d’autres objectifs. Et puisque l’économie est l’art et la science qui ne croit qu’aux chiffres, on peut citer quelques-uns, puisqu’il est difficile de saisir tous les aspects du miracle coréen dans un seul article :

– Passage dès 1972 à la croissance auto-entretenue ;

– l’apport de l’agriculture est passé de 39,1% du PNB en 1961 à 27,2% en 1971 ;

– la Corée du Sud est le 1er pays au monde en matière d’accords de libre-échange avec 90 accord et le seul pays qui a des accords de libre-échange avec les 3 premiers économies au monde à savoir les États-Unis d’Amérique, l’union européenne et la Chine ;

– la part de l’industrie représente 25% du PIB en 2020 ;

– le revenu national brut est estimé à 2,637 billions de dollars en 2022 ;

– 97,2% de la population coréenne est lié à l’Internet ;

– une importance capitale est accordée à la recherche scientifique et au développement et il suffit de mentionner que le groupe Samsung a attribué 20 milliards de dollars à la recherche scientifique en 2021.

Aya AMARI

 

*NDLR : tribune publiée dans « Le Temps » du 16 avril 2024