Les premiers signes de reprise du tourisme ont été enregistrés au cours de cette saison, les réservations ayant augmenté jusque-là de 6 à 15% par rapport à 2019, année de référence avant la chute provoquée par la pandémie de covid. La destination tunisienne a retrouvé son attractivité grâce aux efforts déployés par toutes les parties concernées mais aussi à une bonne programmation aérienne. Les explications de Hakim Tounsi, président du tour-opérateur Authentique.

A partir de ce week-end 4-5 mai et sur 15 jours, souligne M. Tounsi, la demande pour les départs touristiques de France vers la Tunisie a atteint des records jamais atteints depuis plusieurs années. Tous les vols des compagnies régulières françaises et tunisiennes qui se partagent le trafic sont archi-complets. Avec des tarifs moyens au-dessus de 600 euros pour des aller-retour hors bagages et en l’absence des tour-opérateurs et des vols charters, les compagnies aériennes s’en sont données à cœur joie. La capacité aérienne offerte reste cependant bien inférieure au potentiel d’accueil de l’hôtellerie tunisienne dont la majorité des hôtels a réouvert ses portes courant avril et qui ne demandent qu’à accueillir plus de clientèle avec une météo clémente voire estivale.

« Le nerf de la guerre pour le tourisme »

Le transport aérien restera à jamais le nerf de la guerre pour le tourisme en général et tunisien en particulier. Du temps où le tour operating fonctionnait en complémentarité entre lignes charter et régulières, les TO se chargeaient d’affréter autant d’avions qu’il fallait pour couvrir la demande en gardant une offre de packages à des prix raisonnables.

Tout le monde trouvait son compte, les voyagistes faisaient leur travail, les compagnies aériennes fournissaient les charters et faisaient tourner leurs avions, les hôteliers optimisaient leurs remplissages et les vacanciers étaient satisfaits à des prix raisonnables. Chercher le monopole conduira un jour ou l’autre inexorablement à ce que le monde du tourisme à l’international soit totalement contrôlé à 100% par les compagnies aériennes qui feront aussi bien la production que la distribution en décidant seules quand faire la pluie et quand faire le beau temps.

Les compagnies aériennes doivent mettre des vols supplémentaires entre les métropoles françaises et Tunis ou Monastir par exemple sur la journée du 12 mai où il n’y a pas un siège de disponible quel qu’en soit le prix pour permettre aux vacanciers de partir souffler sans se ruiner et pour permettre aux voyagistes français et aux hôteliers tunisiens de travailler. Il faut bien traiter aussi le pic de juillet à août avec la demande atypique des Tunisiens résidents à l’étranger.

« Des packages raisonnables »

Selon Hakim Tounsi, il faut traiter cette demande comme on traite le trafic pour le Hajj. Il faut le traiter en aparté avec de gros porteurs en ACMI une semaine début juillet et une semaine fin août pour baisser la pression sur le marché et les prix de l’aérien et laisser une chance au retour du tourisme estival classique. L’été, il faut un aérien d’un maximum de 300 à 350 euros l’aller-retour pour sortir des packages raisonnables et faire fonctionner les hôtels existants voire plus encore.

Côté hôtellerie, souligne le PDG d’Authentique, « il faut revoir les prix qui ont tendance à flamber en été. On ne peut pas charger les prix de l’été indéfiniment avec une qualité qui ne suit pas pour payer les pertes de la basse saison. Il faut faire comme tous les hôteliers du bassin méditerranéen. Il faut créer sans tarder le statut du saisonnier permanent pour inciter les hôteliers à fermer en basse saison en libérant leur personnel afin qu’il travaille dans l’agriculture ou dans d’autres domaines en évitant de brûler durant l’hiver le RBE gagné l’été.

Tous les pays méditerranéens l’ont fait depuis longtemps car la comptabilité analytique pointue ne laisse aucun doute à celui qui la pratique sur le fait que les frais d’hivernage d’un hôtel fermé coûtent moins chers que de le laisser ouvert avec des prix très bas et un service souvent médiocre qui plombe la réputation de la destination. Il faut laisser le choix aux hôteliers de rester ouverts quand ils ont des RBE positifs ou de fermer dès qu’ils commencent à aller dans le rouge. C’est l’intérêt aussi de la Tunisie au niveau macroéconomique pour faire progresser son PIB »

                                                        Kamel BOUAOUINA