A quelques jours de la semaine bloquée de fin d’année, la situation dans les collèges et les lycées devient difficile, voire insupportable pour tout le monde, enseignants, élèves et administration. Des élèves stressés, vivant sous les pressions de plus en plus accentuées de leurs parents en cette fin d’année scolaire et face à une période d’examens qui pourrait être déterminante pour un bon nombre d’élèves qui, ayant raté les deux premiers trimestres, vont tenter leur dernière chance en cette fin d’année. Ajoutons à cela, un certain relâchement dans la discipline qui marque chaque fin d’année. Tout est donc réuni pour créer une atmosphère lourde e dans nos établissements.
En effet, les profs ont du mal à tenir convenablement leurs classes en ces derniers jours d’année scolaire : le chahut augmente dans les classes, les actes d’insolence se multiplient et les disputes entre élèves se déclenchent au moindre prétexte. Ils sont plus excités que d’habitude ; leur agressivité envers leurs enseignants et l’institution en tant que telle s’élève d’un cran, comme si une fin d’année était synonyme de désordre, de dissipation et de turbulence, quand bien même certains programmes ne seraient pas encore achevés.

Peu de concentration et beaucoup de désordre
Pendant les derniers cours de fin d’année, la concentration diminue surtout chez les élèves qui ont déjà garanti leur réussite grâce aux bonnes moyennes réalisées pendant les derniers trimestres ou chez ceux qui sont démoralisés et ont perdu tout espoir de réussir. Seuls les élèves qui sont tangents de la moyenne s’accrochent encore espérant sauver la face lors des derniers examens de l’année. Les profs, pressés par le temps, font de leur mieux pour pouvoir terminer le programme à temps, et ils sont obligés d’exclure les élèves bruyants et chahuteurs ou ceux qui arrivent en cours sans livre ni cahier et qui, d’ailleurs, sont nombreux en cette période de fin d’année. « A l’approche de fin d’année, nous a confié un prof, on assiste à un laisser-aller total, ce qui rend la tâche du prof plus lourde. Or, on est appelé à terminer le programme, ce qui devient très difficile en présence de comportements inappropriés en classe de la part de certains élèves perturbateurs qui gênent le déroulement du cours par leur dissipation et leur indiscipline. On est surtout importuné par le bruit continu des élèves qui deviennent de plus en plus agités ces derniers jours de l’année. Les mots « chut ! », « silence ! », « du calme ! » ou « taisez-vous ! », prononcés des dizaines de fois en une seule séance ne font plus rien ! Ça me tape sur les nerfs et je rentre très fatigué à la maison en me demandant comment je vais terminer encore ces quelques jours dans des conditions pareilles ! »

Actes dégradants et irrespectueux
A l’heure où les élèves devraient se consacrer sur leurs révisions pour bien affronter les épreuves de la semaine bloquée du 3è trimestre, ils s’adonnent à des actes dégradants et irrespectueux : gribouillages sur les pupitres, inscriptions malsaines sur le tableau ou sur les murs des salles, bagarres dans la cour et devant l’établissement, effronterie envers les profs, profération de gros mots dans les rangs et même dans les heures de cours, jet de bouts de craies sur les camarades…

Dire que c’est la pagaille est un doux euphémisme. Les profs, eux, sont les vraies victimes : ils s’énervent, s’emportent mais s’impatientent. « Rien à faire, sinon prendre son mal en patience, nous a déclaré un ancien prof, j’ai plus de trente ans de service, j’ai réalisé que, face aux agissements bizarres des élèves, il faut s’armer de patience ! Je suis en fin de carrière, et je me vois obligé de tolérer maintenant des attitudes qui auraient été sérieusement sanctionnées à une autre époque. Les élèves ont vraiment changé et deviennent de plus en plus difficiles à gérer ! Heureusement, je suis au bout du calvaire ! » D’autres profs sont, en revanche, plus autoritaires et ils ne tolèrent pas le dépassement de certaines limites quant à la discipline et au respect, quitte à exclure une bonne partie de la classe pour garantir le bon déroulement du cours. Ainsi, ils n’acceptent pas d’élèves sans matériel (livre, cahier, stylos, compas…), ils n’autorisent pas de va-et-vient en classe ni sortie aux toilettes à l’heure du cours, ils interdisent toute discussion entre les camarades sous peine de sanction et ils imposent le silence en classe. « C’est ce qu’il faut pour maintenir l’ordre en classe, nous a affirmé un prof de collège, il faut annoncer la couleur dès le début de l’année ; comme ça, on aura la paix jusqu’au dernier jour de l’année ! En cas de bruit ou de désordre, il faut sévir avec vigueur, sans complaisance ! Ils me reprochent d’être sévère. Mais Ils doivent comprendre que c’est pour leur bien. Qui aime bien, châtie bien ! »

Chacun sa méthode
Devant ce manque de respect, tous les enseignants n’ont pas la même attitude envers leurs élèves : les uns sont durs, les autres sont indulgents et chacun sa façon de traiter la situation. A ce propos, un autre professeur en fin de carrière nous a expliqué : « Il n’y a pas de recette magique pour établir l’ordre en classe : chaque professeur a ses méthodes qu’il adapte aux réalités de la classe, car toutes les classes ne sont pas les mêmes et la même classe pourrait être turbulente avec un prof et pas avec l’autre. Et les élèves qui sont bavards chez cet enseignant se montrent plus appliqués chez l’autre. Cela dépend de la matière enseignée, de la personnalité du prof et des relations établies entre le prof et ses élèves. Il est vrai qu’à la fin de chaque année scolaire, on assiste à des dépassements dans le comportement des élèves à tel point qu’il devient difficile aux profs de les affronter, à moins qu’il y ait une bonne collaboration avec l’administration qui doit appliquer le règlement contre toute indiscipline ou incivilité qui deviennent flagrantes chez les élèves surtout à la fin de l’année scolaire. »

Hechmi KHALLADI