Aujourd’hui, on parle de 100 mille migrants subsahariens qui se trouvent en Tunisie. Le chiffre est sûrement exorbitant, mais le fait est là : il s’agit bel et bien d’un casse-tête qui ne date pas d’aujourd’hui et qui a fait suite à toute une mobilisation mise en place par des intervenants étrangers qui désirent faire de la Tunisie une terre d’accueil et d’hébergement. A présent, face à une situation aussi préoccupante, surtout pour les citoyens tunisiens, il va falloir trouver des solutions qui respectent le cadre humain de l’affaire mais qui émanent du pouvoir en place en tenant compte, essentiellement, de la souveraineté du pays.

Loin des cercles politiques et des débats au sein du gouvernement et avec les forces vives de la société civile, nul ne peut nier, aujourd’hui, l’inquiétude montante et la peur des citoyens tunisiens face à cet « envahissement surprise » qui a pris de court tout un peuple.

Certes, les Tunisiens ont toujours été des gens accueillants, sociables, affables et hospitaliers, en plus de leur fierté d’appartenir à l’Afrique, leur cher continent, mais ils ne peuvent en aucun cas accepter de subir de force une invasion subsaharienne préparée, financée, imposée et « protégée » par des forces étrangères qui en font leur nouvelle arme pour mieux maitriser le fléau de migration clandestine vers les côtes européennes, l’Italie et la France en tête.

Certes, il faut éviter, à tout prix, de tomber dans le piège du racisme et de la xénophobie qui n’ont jamais fait partie de nos traditions et nos mœurs, mais il va falloir traiter l’affaire avec fermeté et sagesse pour éviter les dérives et les dérapages.

Ce ne sont pas les dizaines de milliers de ces subsahariens qui ont des comptes à rendre à l’Etat tunisien. Ce ne sont que des êtres humains qui ambitionnent de mener une meilleure vie loin de la pauvreté qui leur colle à la peau dans leurs pays d’origine et il est de leur droit de rêver à un avenir meilleur qui n’est assuré qu’en dehors de leur continent. Ceux qui ont des comptes à rendre, ce sont ceux qui ont planifié un tel exode en assurant à ces subsahariens d’être protégés, bien traités et mis en condition de partir vers l’Europe, la terre de leurs rêves.

Se débarrasser des accords conclus

C’est, donc, avec une telle approche que le gouvernement tunisien est en train de traiter cet épineux dossier. Lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale qui a eu lieu lundi 6 mai 2024, à Carthage, le débat s’est axé sur les causes de l’afflux massif de migrants subsahariens sur le sol tunisien, sans fermer l’œil face aux actes suspects de financement de ces migrants et leurs liens avec l’activité de certaines associations ou ONG qui les soutiennent et qui mettent la pression sur l’Etat tunisien afin d’imposer une ligne de conduite qui permet à ces envahisseurs de bénéficier du « droit » de s’installer sur le sol tunisien et d’en faire, à tout prix, un pays d’accueil.

D’ailleurs, Kamel Feki, le ministre tunisien de l’Intérieur, a déjà évoqué beaucoup de vérités qui accompagnent ce dossier : «La Tunisie ne peut en aucun cas jouer le rôle de garde-frontière pour les autres pays». Il a fait savoir que ceux qui l’ont précédé avant son arrivée à la tête du ministère de l’Intérieur ont signé des conventions et ils ont accepté de faire de la Tunisie une terre d’accueil et d’hébergement des migrants subsahariens, ce que refuse d’admettre le pouvoir aujourd’hui en place qui fait tout pour remettre en cause ces accords. Feki a d’ailleurs adressé un sérieux reproche aux ONG internationales qui font tout leur possible pour manipuler la question migratoire au service des intérêts des Européens, et réitéré la position ferme de la Tunisie sur la défense de ses frontières et l’application de ses lois à l’intérieur de ses frontières.

Une solution tunisienne

Et c’est dans cette optique que le président de la République a évoqué le rapatriement de plus de quatre cents migrants vers leurs pays d’origine à travers les frontières Est de la Tunisie et en coordination avec les pays voisins, une action assez complexe lorsqu’on sait que la plupart de ces migrants ne disposent même pas de pièces d’identité pour les reconnaître et pour savoir d’où ils viennent. Le chef de l’Etat a assuré que les migrants subsahariens « sont certes des victimes, mais la Tunisie n’est pas responsable de leur misère ». Il a également lancé un clin d’œil aux « parrains » de cette invasion : « les responsables de certaines associations sont des traîtres et des mercenaires qui perçoivent de l’argent et ne peuvent en aucun cas prendre la place de l’État ».

Ce qui est certain, aujourd’hui, c’est que la priorité doit être accordée à un traitement de ce dossier dans une perspective à la fois sécuritaire et humanitaire, en adoptant une approche tunisienne. Certes, l’affaire a pris des dimensions internationales, mais ce qui se passe en Tunisie doit demeurer une affaire interne que seul le pouvoir local doit traiter en toute indépendance selon les intérêts suprêmes de la Tunisie, loin des ingérences de plus en plus suspectes et malintentionnées d’autres pays ou organisations internationales.

Kamel ZAIEM