La Tunisie se trouve aujourd’hui dans une phase critique de son histoire avec les crises politiques à répétition et la forte détérioration de la situation économique et financière. En plus, la décision de l’agence de notation Fitch Ratings de réviser à la baisse la note de défaut à long terme des émetteurs en devises étrangères (IDR) de la Tunisie de « B « à « B- », avec perspective négative est un coup de massue pour l’économie nationale.

Intervenant sur les ondes de Radio Med, l’économiste et l’ex ministre des Finances, Hakim Ben Hammouda a indiqué que  » cet abaissement est un avertissement pour la Tunisie avant l’effondrement de son économie ». Cet abaissement reflète des risques accrus de liquidité budgétaire et externe dans le contexte de nouveaux retards dans l’accord sur un nouveau programme avec le FMI, qui est nécessaire pour accéder à l’appui budgétaire de la plupart des créanciers officiels Il est dû à une instabilité politique endémique, une forte détérioration de la situation économique et des grands équilibres financiers de l’Etat et l’arrêt des négociations avec le FMI »

Ben Hamouda a estimé que la Tunisie a commis une erreur d’arrêter les négociations avec le FMI depuis avril 2020, estimant que « ces négociations avec le FMI sont longues, difficiles et complexes. Ce dernier exige la réduction de la masse salariale de la fonction publique, la révision de la compensation et la restructuration des entreprises publiques. »

Ben Hammouda souligne que  » notre pays connaît la même crise que connaissent le Liban, la Jordanie et l’Irak. Le point commun entre les 4 pays concerne les crises de confiance entre les trois pouvoirs. Cette crise a été à l’origine d’une faillite des gouvernements successifs et leur incapacité à mettre en place les réformes nécessaires pour arrêter les dérives économiques. Au niveau de la croissance, nous constatons la même fragilité qui a commencé à apparaître en Tunisie à partir de 2018 et qui s’est poursuivie en 2019. Et cela a fait que notre économie est entrée entre dans une récession sans précédent en 2020 du fait de la pandémie »

Pour éviter le scénario libanais et un défaut de paiement, Hakim Ben Hamouda estime qu’il y a trois facteurs défavorables. « Le premier c’est le croisement entre une crise politique profonde, une instabilité politique endémique et une forte détérioration de la situation économique et financière. Le second c’est la fuite en avant et l’incapacité de procéder à des réformes pour arrêter l’hémorragie.  Le troisième scénario, c’est l’effondrement financier et l’incapacité de l’État à remplir ses obligations et à mettre des réformes nécessaires   et qui nous emmène véritablement à un scénario à la libanaise dans les prochains mois « .

Hakim Ben Hamouda estime que  » la situation économique est critique et exige des solutions radicales, novatrices, importantes et majeures en appelant à éviter cette situation financière difficile d’ici la fin de l’année, car les négociations avec le FMI seront longues et la sortie sur les marchés internationaux de capitaux pour une émission de bons de Trésor tunisien sera très coûteuse. Une vision et une concertation avec le gouvernement, les différentes composantes sociales, les syndicats, les partis politiques est nécessaire pour éviter cette crise sans précédent » dit-il à Radio Med.

(D’après « Le Temps » : K.B)