Réunis samedi 10 juillet, les grands argentiers du G20 ont approuvé la réforme de la taxation des multinationales qui vise à mettre fin aux paradis fiscaux, ouvrant ainsi la voie à un bing bang fiscal qui devrait voir le jour en 2023. Mais des obstacles demeurent aussi bien en Europe qu’aux États-Unis.

C’est un accord qui promet de chambouler durablement la fiscalité internationale. Réunis samedi à Venise, les ministres des Finances du G20 se sont entendus autour d’une réforme sans précédent qui instaure un impôt mondial d’au moins 15 % sur les bénéfices des multinationales, rapporte l’édition européenne du magazine Politico.

Véritable arme contre les paradis fiscaux, l’accord vise aussi à répartir plus équitablement entre les pays les “droits à taxer” les profits des multinationales, en accordant une part de ces droits aux pays où ces entreprises réalisent effectivement leur activité.

Le G20 doit se réunir à nouveau en octobre prochain pour fixer un taux d’imposition minimum et déterminer comment les profits seront alloués entre les pays, précise le Financial Times.

Un “renversement” après des années de faible taxation

Le 2 juillet dernier, ce nouveau système de taxation avait déjà été approuvé par quelque 130 pays de l’OCDE. Son adoption par le G20 ouvre la voie à un big bang fiscal qui devrait voir le jour en 2023. Cet accord “marque un renversement après des années de politiques économiques qui privilégiaient une faible taxation comme moyen pour les pays d’attirer les investissements et de stimuler la croissance”, remarque le New York Times. “À l’inverse, les pays s’unissent aujourd’hui autour de l’idée qu’ils doivent financer les infrastructures, les biens publics et se préparer aux futures pandémies avec plus de puissance de feu fiscale à leur disposition, ce qui les incite à une chasse mondiale aux revenus.”

“Les membres du G20 ont rarement été en mesure d’accepter des changements aussi ambitieux au cours de la dernière décennie marquée par des différends sur le commerce, l’investissement et l’emploi, bien qu’ils soient parvenus à travailler ensemble pour compenser l’impact économique de la pandémie de Covid-19”, note le Wall Street Journal. “L’accord fiscal, négocié plus tôt ce mois-ci par 130 pays, fait naître l’espoir que les grandes économies puissent trouver des approches communes pour s’attaquer à d’autres problèmes mondiaux, tels que le changement climatique et ou les échanges commerciaux”.

L’Irlande récalcitrante

“Plusieurs obstacles, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, doivent toutefois encore être surmontés” avant que l’accord ne puisse être mis en œuvre, note la Süddeutsche Zeitung. “Yellen a besoin du soutien du Congrès, au sein duquel il existe des réserves majeures parmi les Républicains”, rappelle le quotidien allemand.

(Noémie Taylor-Rosner, d’après Courrier International. Le titre est de la rédaction)