Suite à la résurgence de la crise sanitaire du coronavirus, le phénomène de la pauvreté a pris de l’ampleur en Tunisie. Plusieurs familles défavorisés et démunis ont jeté l’éponge, se retrouvant dans une situation précaire où leurs enfants ont été privés de leurs droits les plus élémentaires. Face à l’augmentation de ce fléau qui a mis à genoux bien des Tunisiens, l’Etat a envisagé des aides au profit des familles en question…
Le ministère des affaires sociales a publié ces derniers jours, un communiqué dans lequel, il indique le fait qu’une allocation mensuelle de 30 dinars par enfant sera versée au profit des enfants de 0 à 5 des familles nécessiteuses et aux revenus limités, à partir du mercredi 18 août courant, dans le programme de renforcement du système national de protection sociale.
Le communiqué en question a suscité l’indignation de plusieurs internautes qui affirment le fait qu’une telle somme modique ne saurait subvenir aux besoins de ces familles ni ceux de leurs enfants. D’autres, ont fait remarquer que le ministère « se moque » des familles défavorisées en ajoutant que le fait de leur verser « 30Dt », soit « 1Dt » par jour est à la limite insuffisante : On le sait : la toile s’emballe facilement.
Sur le plan théorique et d’après l’UNICEF, 1 Dt par jour octroyé pour chaque enfant non couvert par la sécurité sociale réduirait la pauvreté des enfants de 5 points de pourcentage. Mais en réalité, les familles en question n’ont pas besoin de ces miettes pour faire face à ce fléau surtout qu’une telle somme ne permet ni de nourrir des enfants, ni de faire sortir ces familles de cette crise !
A cet égard, tout en sachant que cette question ait été sujette à caution, à plusieurs reprises, l’on s’attendait à de « vrais » mesures de lutte contre la pauvreté. A des solutions efficientes qui seraient de nature à permettre à cette catégorie, longtemps privé de ses droits, de vivre dans des conditions, « plus au moins », favorables.
L’on s’attendait aussi à des mesures d’atténuation qui garantissent aux nouveaux nés (0-5 ans), une vie digne, dans lesquelles, ils jouissent de leurs droits fondamentaux, tels que stipulés dans la Constitution de 2014, et puissent réaliser pleinement leurs potentiels. Il se trouve que cette initiative, pour louable que soit l’intention qui y prévaut, reste insuffisante.
Car, au-delà de la somme allouée aux nouveaux nés, il faudrait aussi envisager d’autres tranches d’âge chez les enfants, lesquels auront été largement affectés par la pandémie de la covid-19. En effet, selon les chiffres publiés dans le rapport de l’UNICEF, la pauvreté des enfants est passé de 19 à 25%, suite aux deux mois de confinement, soit 216.000 nouveaux enfants pauvres. De 685.000, ils passeraient environ à 900.000.
En revanche, ces chiffres alarmants nous rendent inquiets quant à la question de la pauvreté, d’une façon générale, qui prend de l’ampleur de jour en jour. Cela dit, il est temps de revoir ces mesures d’atténuation pour renforcer les capacités des familles tunisiennes et briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté infantile. Ce n’est pas un luxe : c’est une urgence absolue !
Il est évident que le ministère des Affaires sociales ne cesse d’apporter assistance et aide aux catégories sociales défavorisés. Avec un assèchement chronique des ressources de l’Etat, on s’imagine bien que c’est un jeu de funambule.
Quelque part, on s’est beaucoup occupé durant de longues décennies du Social qualitatif au dépriment du Social quantitatif. Finalement, on découvre haute béance de l’ampleur des Tunisiens vivant sous le seuil de pauvreté. Toute une réforme à engager. Et le ministère des Affaires sociales en est conscient. Il faut simplement que la volonté politique suiv, en ces temps de hautes turbulences.
Linda Megdiche