Une manifestation organisée par le Hezbollah et ses alliés contre le juge chargé de l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth a dégénéré, aujourd’hui, jeudi 14 octobre, faisant au moins six morts et 30 blessés, selon l’AFP.
Le Hezbollah et le mouvement Amal avaient appelé à la manifestation pour exiger le remplacement du juge Tareq Bitar, qui a été chargé d’interroger de hauts responsables dont deux ex-ministres d’Amal.
La manifestation a commencé, suite du rejet par la Cour de cassation des plaintes d’anciens ministres à l’encontre de M. Bitar, lui permettant de reprendre ses investigations.
Dans un communiqué commun, les deux mouvements chiites ont accusé des « francs-tireurs postés sur les toits des immeubles » d’avoir tiré sur les manifestants. La séquence des événements qui a mené à l’embrasement reste cependant confuse.
Le ministre libanais de l’Intérieur, Bassam Mawlawi, a fait état de six morts. Selon la Croix-Rouge libanaise, 30 personnes ont été blessées.
Le ministre a lancé un appel à « préserver la paix civile », soulignant que « des francs-tireurs » étaient à l’origine des tirs puisque des victimes ont été atteintes à la tête selon lui.
Le Premier ministre, Nagib Mikati, a appelé au retour au calme et mis en garde contre les tentatives d’entraîner le Liban dans un cycle de violence.
La manifestation s’est déroulée à l’endroit même où se regroupent régulièrement les proches des victimes de l’explosion pour demander que l’enquête aboutisse.
Les manifestants ont brûlé des portraits du juge Bitar mais également de l’ambassadrice américaine au Liban Dorothy Shea, dans une allusion à la collusion selon eux entre les magistrats et les Occidentaux.
Les violences sont intervenues alors que la Sous-secrétaire d’État pour les Affaires politiques des États-Unis, Victoria Nuland, était en visite au Liban.
Rappelons que l’explosion survenue le 4 août 2020 et causée par le stockage sans mesures de précaution d’énormes quantités de nitrate d’ammonium a fait au moins 214 morts, plus de 6.500 blessés et dévasté plusieurs quartiers de la capitale.
Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités refusent toute investigation internationale et sont accusées par les familles des victimes et des ONG de torpiller l’enquête locale.
S.B. (D’après AFP)