Dans un pays gangréné par une corruption  aux  dimensions d’un ‘’ phénomène social total’’  pilotée, et véhiculée par une mafia  vulnérable , une Mafia qui fonctionne dans un système  de nature ‘’Tuniso-Sicilienne ‘’ , la Tunisie,  continue à  agoniser, et à être tiraillée entre un président qui se veut instaurateur d’un Etat de droit, contre une  particratie affaiblie , une centrale syndicale frustrée par son exclusion du projet de dialogue national,  et une bande de pseudo-affairistes  affamés, tous vomis par un peuple , lui-même noyé dans la même  culture de corruption,  en plus de celle de mendicité , et de déviance . Un peuple beaucoup plus conscient de ses droits que de ses devoirs. Pauvres Tunisie !!!

Le grand tournant du 25 juillet 2021 , et après avoir gelé les activités du parlement , et après avoir dissout le gouvernement , pour s’approprier tous les pouvoir de son côté, le président Kais saied, a mis à la une de son programme de sauvetage du pays, une campagne de lutte anti-corruption à fin de démanteler les ganglions véreux d’un mal surdimensionné, un mal aux dimensions d’un ’’ phénomène social total ‘’, qui continue à ronger les principes fondamentaux de l’Etat de droit, et à façonner profondément le paysage socioculturel et économique de la Tunisie.

Comment démanteler une culture de corruption aux ganglions véreux dans la dimension d’un  phénomène social total ?

Si Patriote, droit et crédible soit-il, le président Kais Saied semble avoir manqué de lucidité politique, et d’intelligence managériale  dans sa stratégie de lutte contre une véritable ‘’ culture de corruption ‘’ au sens sociologique et anthropologique du terme , selon l’expression de Marcel Mauss .

Cette culture définie, comme un ensemble d’idées, de sentiments et de comportements acquis, transmis et partagés par les membres de  société, le tout  bien ancrée , dans chacun de nous, dans la conscience individuelle et collective, voire même dans notre patrimoine génétique, cette même culture, continue à être pilotée, et véhiculé astucieusement par une Mafia difficile à démanteler en l’absence de stratégie de construction positive , et en l’absence  de communication claire fédératrice et non séparatiste  .

Cette Mafia à l’image de celle sicilienne, que le journaliste italien Léopoldo Franchetti qualifie « d’industrie de la violence » , nécessaire à l’enrichissement illicite, et à la protection de ses biens, de ses intérêts  et de ses organisations sociales, politiques, et syndicales , ne pourrait être combattue dans une logique de violence, et d’arrestations injustifiées , dans une légalité fort contestée et même douteuse.  Ni Kaies Saied avec sa droiture, et son patriotisme exemplaire, ni Nejlà Bouden avec son peu de savoir faire politique, ni les forces armées, pourraient démanteler un mal si étendu, et  ancré dans la conscience collective. La Mafia tunisienne, est arrivée aujourd’hui à s’infiltrer dans les partis politiques, dans les institutions étatiques, dans les centrales  syndicales, ce qui lui a permis de tisser des liens en fils d’acier entre son mode de fonctionnement illégal et le monde légal  .

La Tunisie d’aujourd’hui, pleure son destin, elle  est prise en tenaille entre , un président atteint d’une psychorigidité intellectuelle, conjuguée à un autisme politique, et une mafia que le journaliste Léopoldo Franchetti, qualifiée ‘’d’industrie de violence ‘’ et qui fonctionne sur un mode sicilien, dont les activités sont soumises à une direction collégiale occulte, et qui repose sur une stratégie d’infiltration de la société civile, et des institutions politiques et syndicales

Dans un pays  politiquement déboussolé, économiquement effondré, et financièrement ruiné, et tiraillé entre un président qui se veut instaurateur de l’Etat de droit, et une mafia qui continue à forcer encore ses lois, et à ronger les principes fondamentaux de L’Etat, en présence d’un peuple noyé dans une culture de corruption, le démantèlement des ganglions véreux , de la corruption, devrait s’inscrire dans la logique d’une révolution culturelle, par l’adhésion totale de gouvernants et de gouvernés à la culture de travail, de citoyenneté, et de civisme afin de récupérer les normes et les valeurs perdues

 

Hédi Chérif :Sociologue