Empêtré depuis deux semaines dans un scandale de lobbying qui a nourri des accusations de corruption contre son camp, le Premier ministre britannique Boris Johnson s’apprête à passer mercredi sous les fourches caudines du Parlement.
Le Chef du gouvernement conservateur doit répondre dans l’après-midi aux questions des chefs des principales commissions parlementaires, lors d’un rendez-vous régulier trois fois par an qui s’annonce particulièrement délicat.
Egalement au menu des questions auxquelles Boris Johnson sera soumis, la COP26, la lutte contre la violence contre les femmes après plusieurs affaires retentissantes au Royaume-Uni, et le budget.
Boris Johnson, affaibli dans les sondages, a proposé à la veille de cette audition de réformer le code de conduite parlementaire pour interdire aux députés d’être payés comme consultants ou lobbyistes.
Espérant couper l’herbe sous le pied de l’opposition, le Premier ministre a publié sa proposition sur Twitter au moment même où le chef du parti travailliste Keir Starmer s’exprimait sur le sujet, mettant Boris Johnson au défi d’ordonner une « enquête indépendante » s’il veut véritablement « déraciner la corruption« .
Boris Johnson a appelé à un soutien transpartisan pour sa proposition de réforme, à la veille d’un vote à la Chambre des Communes à l’initiative du parti travailliste visant aussi à interdire les postes rémunérés d’administrateurs et les rôles de consultants.
Démission
En venant le 3 novembre à la rescousse d’un député de son parti conservateur menacé de sanctions pour ses activités de lobbying, Boris Johnson a déclenché une tempête politique.
A l’origine de cette affaire, une enquête parlementaire concluant que l’élu conservateur Owen Paterson avait fait pression à plusieurs reprises auprès de membres du gouvernement pour défendre deux entreprises pour lesquelles il agissait en tant que consultant rémunéré.
Estimant qu’il s’agissait d’une violation « flagrante » des règles encadrant le lobbying, la commission avait recommandé sa suspension pendant trente jours.
Owen Paterson a finalement démissionné de son mandat de député.
Boris Johnson est lui-même confronté à des questions concernant de luxueuses vacances à l’étranger ou la rénovation coûteuse de son appartement de fonction.
Une semaine après le début de l’affaire, il s’est trouvé contraint de s’expliquer sur le sujet lors d’une conférence de presse à la COP26 sur le climat à Glasgow (Ecosse), au point d’avoir à déclarer que le Royaume-Uni n’était « pas un pays corrompu« .
De son côté, la presse a épluché les activités des députés et multiplié les révélations.
Ainsi, Geoffrey Cox, ancien attorney général, chargé de conseiller juridiquement le gouvernement, s’est trouvé mis en cause pour ses lucratives activités de conseil dans un paradis fiscal, les Iles vierges britanniques.
Selon le journal à grand tirage Daily Mail, il a travaillé près d’un mois à 6.000 kilomètres de sa circonscription et votant à distance au Parlement. Lui s’est défendu d’avoir enfreint les règles.
Le quotidien The Guardian a affirmé que ces activités lui avaient rapporté plus de 6 millions de livres (7 millions d’euros) depuis son élection en 2005.
(D’après AFP)