La question du réchauffement climatique devenue, ces dernières années, un danger imminent guettant notre planète, menace de jour en jour l’Environnement, ce qui fait que les experts ne cessent de nous alerter quant aux préjudices socio-économiques dus aux changement climatique. En Tunisie, après avoir constaté les effets des changements climatiques à tous les niveaux de la société, cette question, devenue une urgence, doit être mise sur la table des discussions, le plus tôt possible, afin de limiter les impacts du changement climatique et de mettre en place des mesures d’adaptation et d’atténuation des gaz à effet de serre. C’est, du moins, ce qu’on peut relever du lancement des résultats d’études sur les changements climatiques, qui ont été menées depuis 4 mois en Tunisie, par le ministère de l’Environnement et appuyées par l’Ambassade du Royaume-Uni.
La ministre de l’Environnement, Leila Chikhaoui, l’Ambassadeur britannique par intérim, Mattew Forman, plusieurs chercheurs, experts en la matière, acteurs de la Société civile et journalistes ont été conviés à cette réunion, tenue, jeudi, à la résidence de l’Ambassadeur du Royaume-Uni à Tunis.
Dans son allocution de bienvenue, Mattew Forman a fait savoir que le changement climatique est passé d’un problème marginal en Tunisie à une urgence économique, en révélant qu’on pourrait bientôt perdre 228 millions de dollars par an en exportations d’olives et, ce, en raison du changement climatique et que pour chaque 50 cm d’élévation du niveau de la mer, 1000 emplois tunisiens seront perdus.
Dans cette optique, il a insisté sur le fait que les dirigeants sont devant un grand défi et qu’ils doivent être de plus en plus conscients de l’urgence environnementale et économique afin de faire face à ces nouveaux défis et saisir les opportunités que représente l’adaptation aux changements climatiques.
« Personne ne peut nier les effets du changement climatique, avec les incendies de forêts recensés ces derniers temps, les pénuries d’eau et le nombre record de température relevé en Tunisie. » a-t-il souligné, avant d’ajouter que le Royaume-Uni est un partenaire proche de la Tunisie dans sa quête pour limiter les effets du changement climatique et que ces rapports fournissent des données démontrant clairement qu’une transition à faible émission de carbone ne serait pas seulement bénéfique pour l’environnement mais aurait, aussi, un impact positif sur la qualité de vie et les moyens de subsistance des Tunisiens notamment des pêcheurs, agriculteurs, exportateurs et producteurs d’énergie.
De sa part, la ministre de l’Environnement a tenu à remercier l’Ambassade du Royaume-Uni à Tunis pour la coopération engagée avec la Tunisie dans le cadre de ses actions afin de faire face aux changements climatiques.
L’hypothétique neutralité Carbone…
La ministre a affirmé que les répercussions des changements climatiques et leur impact direct sur la sécurité alimentaire et les ressources hydriques, les dispositifs environnementaux et les activités économiques, sociales et de santé publique prouvent que les défis climatiques représentent une grande menace pour la planète, ainsi que pour le développement du pays.
Elle a ajouté que les études réalisées viennent confirmer la nécessité de renforcer les capacités pour introduire le changement climatique dans tous les secteurs d’activité, conformément aux orientations et aux engagements fixés dans le cadre du plan national qui vise à la baisse de l’intensité de dioxyde de carbone (CO2) de 45% d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.
Par la suite, le point a été mis sur les études réalisées à propos des risques et opportunités que représentent les changements climatiques en Tunisie, ainsi que ses impacts économiques. Les experts ont passé en revue un rapport, présentant, les arguments économiques en faveur de mesures d’atténuation dans les secteurs des déchets, des transports et de l’industrie. Dans le même cadre, les participants ont pu échanger avec ces experts, dans un débat fructueux, tout en s’interrogeant sur les défis auxquels il faut faire face pour limiter les dégâts.
Déchets, gaz et électricité
Dans le secteur des déchets, le gaz de décharge pourrait être exploité directement pour la production d’électricité. La Tunisie a installé avec succès des systèmes de capture et de torchage dans la plupart des décharges contrôlées, mais l’utilisation du gaz de décharge pour la production d’électricité pourrait offrir d’importants avantages en matière de réduction des émissions et ainsi remplacer les importations de gaz naturel.
« L’étude de cas se focalise sur la plus grande décharge du pays, Djebel Chekir […]. Si un système de valorisation énergétique des déchets avait été installé à la place, les émissions auraient pu être réduites de 12 % tout en produisant de l’électricité pour satisfaire la demande énergétique croissante du pays. En outre, le projet aurait permis de réduire considérablement les besoins en gaz naturel importé. Les 370 000 MBtu de gaz de décharge utilisés auraient une valeur marchande de 20 millions de dollars », c’est ce qui ressort de l’étude en question.
Le transport, grand dévoreur
Concernant l’impact sectoriel, le transport routier est le principal contributeur aux émissions de gaz à effet de serre dans le domaine, représentant un cinquième de toutes les émissions du pays. Néanmoins, il existe une opportunité majeure pour l’expansion des solutions de mobilité électrique.
« L’étude de cas porte sur le déploiement de 50 000 véhicules électriques d’ici 2025. […] Le remplacement des véhicules à moteur à combustion interne par des véhicules électriques pourrait réduire les importations de carburant de 660 millions de Dollars US sur la période 2020 – 2030, offrant des avantages en matière de sécurité énergétique et de qualité de l’air […] des opportunités de création d’emplois […] et pour l’énergie verte en Tunisie », lit-on encore dans le rapport.
Quant aux émissions industrielles, ils proviennent en grande partie de la production de ciment. L’amélioration des procédés de fabrication permettrait d’obtenir des avantages environnementaux et de réduire les coûts. La production de clinker (un matériau intermédiaire) représente 85 % des émissions de gaz à effet de serre dans la production de ciment.
« En réduisant le ratio clinker/ciment à 74 % d’ici 2030 […] la Tunisie pourrait non seulement réduire les émissions associées à la production de ciment, mais aussi économiser 330 millions de dollars en coûts énergétiques. »
A vrai dire, les dirigeants ont du pain sur la planche ! Dans l’espoir de parvenir à contenir le réchauffement climatique, la Tunisie peut prendre des décisions éclairées, pour peu qu’un travail de fond dans la sensibilisation soit davantage mené au sein de différentes communautés locales pour faire prendre conscience des menaces sur l’Environnement.
C’est que nous avons du retard à combler. Dans notre délire idéologique post-révolution, les problèmes vitaux ont été occultés, dont l’Environnement. Nous n’avons eu qu’un rôle de figuration au Sommet de Paris, là où Obama lui-même a reconnu la responsabilité de son pays dans la monstrueuse émission de gaz à effet de serre.
Peut-être, quelque chose chez nous, bougera-t-il, pour peu que la volonté politique suive et que ce gouvernement passe à l’action. Travail de longue haleine, parce que les avatars touchant à l’Environnement prennent des proportions incontrôlables. Voyez des déchets de Sfax…
Linda Megdiche