Le 4 décembre coïncide avec la commémoration de l’assassinat du leader Farhat Hached. Elle correspond également à l’attaque du siège de l’UGTT par les milices islamistes, souvent appelées Ligues de protection de la révolution. À la même date, la première centrale syndicale, l’UGTT , mobilise les syndicalistes pour une manifestation à la Kasbah. Les sources sécuritaires évoquent la participation de 7000 personnes. Les syndicalistes évoquent un nombre supérieur. Mais, quel que soit le nombre exact des syndicalistes présents, le rassemblement a assuré, à priori, son objectif principal.

Deux principaux messages sont à retenir. Le premier tient à  la capacité du leadership actuel qui tient toujours les commandes au sein de l’organisation. Il arrive également à mobiliser la base syndicale, malgré les divergences observées au sein de la centrale syndicale. Car, il faut tenir compte du fait que les tractations au sein de l’UGTT ne font pas défaut. Le bras de fer avec la Fédération de l’Enseignement se poursuit, d’autant plus que la Justice a infirmé la décision du dernier congrès ayant abouti à l’amendement du règlement interne de l’organisation. Il s’agit de l’article 20. Une fois modifié, l’article permet à 9 membres de l’actuel bureau exécutif de se porter candidats au prochain congrès.

Le deuxième message est du moins perceptible au niveau du discours de Noureddine Taboubi, Secrétaire Général de l’UGTT. Un discours consacré principalement au dossier politique. La centrale syndicale soutient encore les mesures du 25 juillet comme elle rejette le retour de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Tabboubi appelle à des élections anticipées après l’amendement de la loi électorale sans pour autant évoquer le changement du régime politique. Il affirme que des commissions sont formées au sein de l’UGTT pour se pencher sur les réformes nécessaires. Explicitement, il appelle le Président au dialogue comme il le presse pour dévoiler sa feuille de route. Ainsi, Taboubi, annonce l’organisation d’une rencontre nationale ayant pour intitulé « le sauvetage dans le cadre de souveraineté nationale ». Des discussions sont déjà amorcées avec des organisations et des personnalités nationales pour la participation à cette rencontre. Le reste du discours, concerne la position de l’UGTT vis-à-vis la Justice. Taboubi appelle la Justice à s’activer au niveau des affaires telles que le rapport de la Cour des Comptes et l’appareil secret d’Ennahda.

Une simple lecture du discours de Tabboubi, fait apparaître que, sur le fond, l’UGTT rejoint la position du Président de la République concernant, le non-retour de l’actuelle ARP, l’amendement de la loi électorale, le traitement des litiges électoraux ainsi que la corruption au sein de la Justice et ailleurs. Le seul différend concerne le changement du régime politique. Le Président exige un référendum alors que l’UGTT et les partis politiques, derrière, proposent que le Président n’enclenche aucune réformes politiques tout au long de la situation exceptionnelle. En d’autres termes, c’est au prochain parlement de négocier le changement du régime politique. Serait-ce possible ? Les mesures à annoncer le 17 décembre par le Président, pourraient y répondre.

Zied DABBAR