Le phénomène de la violence a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps. Les réseaux sociaux, les médias, les spécialistes de la questions, comme les autorités de tutelles, chacun de son côté en parle sans toutefois, penser à l’ancrage socioculturel androcentrique , l’humus d’une violence symbolique que seul le sociologue Pierrre Bourdieu en parlait depuis la fin du XXsiècle.
De part les définitions habituelles de la violence, qui l’attribuaient à une forme d’agression physique, ou verbale, ou psychologique intentionnelle contre une autre personne ou une victime , celle du sociologue Pierre Bourdieu auteur du concept de la‘’ violence symbolique ‘’, nous renvoie aux origine socioculturelles androcentriques du masculin , pour une meilleure expertise sociologique de la violence, de sa montée, de son atrocité et de son ampleur .
Cette violence de type verbale, physique, ou psychosocial d’apparence, n’est pas un fait du hasard, bien au contraire, elle est bien le produit de l’ancrages socio-culturel androcentrique du masculin selon le même auteur. Ainsi elle est dans chacun de nous tous, elle est dans le subconscient individuel et collectif. De ce fait, la construction socioculturelle du masculin, ancrée dans chacun de nous est devenue au fil des époques le terreau et l’humus dans lequel des actes banaux d’apparence, et des violences invisibles se sont développées, et se sont traduites aujourd’hui par une violence concrète et visible en milieu familial, social, scolaire, et professionnel.
Qu’est-ce qui fait qu’un acte est violent ?
Pour le sociologue français E. Durkheim ‘’ un acte est violent ou criminel, quant il offense les états forts et définis de la conscience collective, c’est à dire l’ensemble de sentiments , de croyances et de valeurs et de comportements, acquis, transmis et partagés par les membres d’une communauté ‘’.
Quant à Pierre Bourdieu, ‘’ un acte est violent, est un acte souvent peu visible et non physique, il s’exprime à travers les normes sociales, s’observe dans les structures sociales, et touche les dominés de façon de s’inscrire en eux, et à les amener à juger légitime une domination sociale donnée. Cet acte se manifeste par une imposition des normes du groupe dominant sur celles du groupe subordonné.’’
Ainsi dans l’une comme dans l’autre des définitions sus citées, les normes sociales constituent la pierre angulaire pour la compréhension du phénomène de la violence ; même si ‘’ la violence symbolique’’, se distingue par un mode d’installation discret dans les structures sociales, dans les rapports sociaux, aussi bien que dans la conscience collective, au titre d’une supériorité légitime.
Opposée au processus de déstructuration et de restructuration socioculturelle, cette légitimité de la’’ violence symbolique’’, perd de sa crédibilité et se transforme au fil des années en terreau, voire même en humus qui nourrit toutes formes de délinquance, de criminalité et de violence : le cas de la société tunisienne d’aujourd’hui en est un exemple.
Cette ‘’ violence symbolique ‘’ invisible, masquée ou cachée, est en nous ; elle est à l’origine d’une dichotomie culturelle entre l’être et le paraitre. Mon maitre feu Abdelwaheb Bouhdiba, notait dans son livre ‘’A la recherche des normes perdues’’ :
‘’ Le tunisien cumule deux cultures , une par laquelle il est et une autre par laquelle il fait ‘’ sinon :
- Comment comprendre les attitudes paradoxales, face à la sexualité féminine, face à l’égalité dans l’héritage, face aux mères célibataires, et face à l’adoption
- Comment expliquer, qu’en Tunisie ( selon un rapport de l’union européenne sur l’égalité hommes / femmes en juin 2014) , les femmes représentent 63% du nombre total des étudiants, et 67 % des diplômés, et n’occupent que 15 % des postes clés dans les différents secteurs publics et privés ?
A ce sujet, nos femmes, n’ont –elle pas bien annoncer, leurs prétentions de rééquilibrer le système de rapports femmes / hommes, dans les différents domaines afin de passer de »l’Etat de droit » à la » société de droit », où les chances pour chacun des deux genres, doivent être réellement équitables , dans les textes constitutionnels, que dans les ancrages socioculturels androcentriques du masculin ?.
Le processus de déstructuration socioculturelle annonce bien un profond changement dans les rapports sociaux comme dans les structures sociales . Les formes de violences enregistrées ces derniers temps annonceraient de leur part une révolte contre le patrimoine socioculturel qui meuble, et domine la sphère symbolique, et qui perpétue la suprématie et la violence cachée d’une culture, où le droit au travail, à l’éducation, à la liberté et à la dignité est encore bafoué.
En Tunisie, l’ancrage socioculturel androcentrique, ce lit de la ‘’ violence symbolique’’ opposé à l’incarnation d’une résistance redoutable subconsciente chez certains et consciente chez bien d’autres , une résistance à l’inégalité , à l’oppression, à la marginalisation sociale et professionnelle et aux pouvoirs rétrogrades , au plan familial , scolaire , social, et même institutionnel semble être un facteur déterminent dans l’augmentation de la violence et de son atrocité.
La ‘’violence symbolique ‘’ est aujourd’hui dans le viseur d’une jeunesse redoutable et éveillée. Cette jeunesse est semble t-il, plus que jamais opposée aux traitements antalgiques qui gomment les symptômes, faussent le diagnostic, et compliqueىف l’indication d’une pathologie sociale appelée ‘’ la viooooooooooooooolence ‘’.
Hedi Cherif