Après l’assignation à résidence surveillée de Nourredine Bhiri, la boîte de Pandore d’Ennahdha, les ailes dures du mouvement continuent, semble-t-il, de jouer aux poules mouillées. Radwane Masmoudi, lobbyiste et homme politique islamiste tunisien, fondateur du « Centre pour l’étude de l’islam et de la démocratie » à Washington appelle à l’ingérence étrangère.

« Il y a  quelques jours, Noureddine Bhiri (député) et ancien ministre de la Justice a été appréhendé ( « kidnappé », selon le communiqué de son parti) par des personnes en civil dans des voitures banalisées qui l’ont emmené dans un lieu inconnu.

Sa famille et ses avocats ne savaient pas où il se trouvait ni quelles sont les charges retenues contre lui. Il y a aussi des rumeurs selon lesquelles il aurait été « torturé et battu », et, aussi, empêché de prendre ses médicaments (il souffre d’une maladie cardiaque, d’hypertension artérielle et de diabète) et a besoin de son traitement. Selon certaines informations, il aurait eu une crise cardiaque et aurait été transporté à l’hôpital de Bizerte pour une intervention chirurgicale immédiate, mais sa famille et ses avocats n’ont donc pas pu le voir.Belle âme « Veuillez faire tout votre possible pour exhorter les autorités tunisiennes à l’inculper ou à le libérer immédiatement, et également à permettre à sa famille, ses avocats et ses médecins traitants de le voir immédiatement afin de le protéger et de s’assurer qu’il est traité équitablement et humainement. Merci pour votre aide à la Tunisie et aux démocrates tunisiens qui luttent pour la survie de la seule démocratie du monde arabe. », s’est adressé Radhouane Masmoudi dans une lettre adressée à « ses amis et collègues de la démocratie en Tunisie ».

« Ce que le ministère de l’Intérieur appelle l’assignation à résidence est en fait une détention arbitraire. L’arrestation équivaut à une détention en vertu du droit international et pas seulement à une restriction de la liberté de mouvement… La détention est non seulement arbitraire mais également illégale. », a-t-il par ailleurs twitté.

Face à cet art de la victimisation et d’appel à l’ingérence étrangère, le président de la République Kaïs Saïed a été clair et net mercredi en recevant la Cheffe du gouvernement et les ministres de la Justice, de la Défense nationale et de l’Intérieur, en affirmant que : « Personne n’est au-dessus de la loi ». Il a réitéré son attachement à l’indépendance de la Justice en affirmant qu’il n’y a pas de place pour toute ingérence dans l’appareil judiciaire. Un remue-ménage est, d’ailleurs, attendu dans le Conseil Supérieur de magistrature, du fait que le Chef de l’Etat avait déjà demandé à Leila Jaffel, ministre de la Justice de peaufiner un projet de refonte du CSM.

Naturellement, comme on pouvait s’y attendre, le Conseil, instance constitutionnelle, se barricade et invoque l’article 10 de la Constitution (cf : notre article dans notre édition d’hier), ce qui génère, par ricochet, un bras de fer avec le Président, sur fond de corporatisme.

Or, pour revenir au lobbyiste Radhouane Masmoudi, et après la fermeture de « son » bureau en Amérique, bien plus que de « poule mouillée », il conviendrait de parler de « danse du coq égorgé ». On sait, par ailleurs, que les vannes qataries pour les besoins de ses opérations de propagande ont été coupées. On sait aussi, qu’au lendemain du 25 juillet, il  s’st retiré du Bureau politique d’Ennahdha (c’était le 10 Aout) , sans pour autant rejoindre le clan des dissidents (Abdellatif Mekki, Imed Hammami et les autres…). Le motif invoqué : « prémunir la démocratie contre les tiraillements politiques ».

Une âme en peine

Or, il se trouve que Radhouane Masmoudi cherche aujourd’hui à se repositionner, par rapport à ce qui se passe sur l’échiquier politique dans le pays.  Et, également, par rapport aux nouvelles perceptions de l’islam politique, induites essentiellement par Kamala Harris , pour laquelle l’islam politique n’a plus de raison d’être, compte tenu aussi de la grande proximité de Washington  avec Ryadh et le rapprochement entre les monarchies du Golfe. Dans tout cela, amputé de « sa main qatarie », Radhouane Masmoudi erre comme une âme en peine.

En 1999, il fondait, avec des financements américains « Le Centre pour l’étude de l’islam et la démocratie », puisqu’à l’époque, l’administration américaine jugeait que l’islam politique pouvait éradiquer la dictature…Plus tard, il y eut Daech, pour ce que Hillary Clinton, appelait « Le chaos créateur ». Aujourd’hui, la donne change. Le Centre n’est plus financé par les Américains et Radhouane Masmoudi de se rabattre sur d’autres thématiques. Plus dure sera la chute !

 Dans son « cursus », on n’omettra pas qu’il voulait que l’Etat tunisien abolisse la mixité dans les écoles tunisiennes. Il s’insurgeait aussi contre la fermeture des écoles coraniques, à la suite du scandale du Regueb.

Lobbyiste, propagandiste sur le retour, l’affaire B’hiri lui donne de nouveaux motifs d’instrumentalisation. Il rejoint, donc, Moncef Marzouki dans les appels à l’ingérence internationale dans les affaires internes de notre pays. C’est que la basse-cour islamiste regorge, effectivement, de poules mouillées…

Yosr GUERFEL AKKARI