​​​La hausse généralisée des prix de la consommation familiale confirme sa tendance haussière au terme de l’année 2021 avec une inflation galopante de 6,6%. Une tendance haussière qui jette l’ombre d’une dépression économique sur la Tunisie. Une dépression ravivée par une croissance en panne et par un taux de chômage très élevé. Le gouvernement table déjà sur un niveau d’inflation autour de 7% en 2022 pour une croissance molle ne dépassant pas les 2,6% en 2022 et 2,5% en 2023.  

Selon le bulletin de l’INS, au mois de décembre 2021, l’inflation confirme sa tendance haussière, en augmentant pour le troisième mois consécutif, et s’établit à 6,6% après 6,4% en novembre et 6,3% en octobre. Cette progression est expliquée, essentiellement, par l’accélération du rythme des hausses des prix des produits alimentaires (7,6% contre 6,9%), ainsi que des prix du groupe meubles, article de ménage et entretien courant du foyer (5,2% contre 4,8%). En moyenne annuelle, l’inflation s’établit à 5,7% en 2021 contre 5,6% en 2020.

Les produits de l’alimentation alourdissent la note

En décembre 2021, les prix de l’alimentation augmentent de 7,6% par glissement annuel. Cette hausse provient, principalement, de l’augmentation des prix des volailles de 23,3%, des huiles d’olives de 21,8%, des œufs de 15,5%, des fruits frais de 16,7%, des légumes frais 10,8% et des poissons frais de 9,0%. Par ailleurs, les prix des viandes bovines et ovines sont en baisse, sur un an, respectivement de (-3,6%) et (-2,2%). Il en est de même pour les prix des fruits secs qui diminuent de (-6,9%) sur un an.

En effet, la facture devient de plus en plus salée pour le consommateur tunisien qui voit son pouvoir d’achat se dégrader davantage. L’offre de certains produits de base se fait de plus en plus rare ; ce qui pourrait expliquer la flambée des prix. Les œufs, le sucre, le riz.., sont autant de produits qui manquent sur nos étalages. Outre l’effet de la loi de l’offre et de la demande sur le marché, la spéculation en est également pour quelque chose. Rien qu’au mi-décembre, les équipes de contrôle économique relevant de la direction régionale du commerce à Nabeul ont saisi 5,5 millions d’œufs d’une valeur de plus de 1,235 MD.

Les prix des matériaux de construction en hausse de 14%

Sur un an, les prix des produits manufacturés augmentent de 7,6%, en raison, particulièrement, de la hausse des prix des produits pharmaceutiques de 5,7% et des matériaux de construction de 14,0%. La hausse des prix internationaux des matières premières fait flamber les prix locaux des produits de construction. D’où la crise des barres de fer et leur pénurie sur le marché, avant la décision du ministère du Commerce à augmenter le prix du fer destiné à la construction de 14% à partir du 6 décembre 2021.

« Pour les services, les prix sont en augmentation de 4,8% sur un an, expliquée par la hausse des prix des services des restaurants, cafés et hôtels de 6,5%, des services de santé de 5,2% et des loyers de 4,3% », souligne également le bulletin de l’INS.

Les prix à la consommation familiale s’embrasent tous azimuts et les prévisions économiques tablent sur une poursuite des tensions inflationnistes en 2022. L’inflation devra frôler les 7%. Dans le cadre du programme de réformes visant, entre autres, la levée progressive de la subvention énergétique, les prix à la pompe augmenteront de 3% entre janvier et septembre 2022. Une hausse des tarifs de l’électricité, tant pour les entreprises que pour les ménages, est également prévue ; outre la hausse des tarifs du gaz naturel à basse tension destiné aux ménages.

La hausse attendue de l’inflation est corrélée à une croissance timide incapable de résorber la montée en flèche du taux de chômage. La lenteur du rythme de la production nationale et la faiblesse des investissements convergent l’économie nationale vers une situation dite de dépression économique.

Yosr GUERFEL AKKARI