Les déchets italiens importés illicitement vers la Tunisie, seront restitués dans les prochains jours. Rome et Tunis sont parvenues à un accord pour le retour d’environ 212 conteneurs de déchets italiens importés en Tunisie et déposés depuis plus d’une année, au port de Sousse , a indiqué vendredi 7 janvier, le ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi, dans une déclaration à Shems FM en marge d’une conférence de presse à l’occasion de la fin du mandat de la Tunisie en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
Par ailleurs, un communiqué conjoint des ministères de l’Environnement et celui des Affaires étrangères et de la partie italienne chargée du dossier, sera rendu public dans les prochaines heures, ont indiqué à l’Agence TAP, des sources proches du dossier en Tunisie.
Depuis mai 2020, 282 conteneurs de déchets ménagers collectés par la société italienne SRA ont été expédiés en Tunisie via la société tunisienne « Soreplast », sans le moindre respect des exigences des conventions internationales.
Cette restitution tant réclamée par la Société civile tunisienne, sera ainsi, exécutée après plus d’une année de l’entrée des premières cargaisons de déchets italiens en Tunisie et après presque une année de la fin des délais prévus (expirés le 20 janvier 2021), par l’article 8 de la convention de Bâle, pour leur réexportation vers le pays d’origine.
La Société civile tunisienne avait exprimé, à maintes reprises, avec raison, les risques de laisser ces ordures importées illicitement, sur le territoire tunisien.
Une affaire qui a fait couler beaucoup d’encre
Rappelons dans la foulée qu’en juillet dernier, les autorités douanières de la ville côtière de Sousse, ont saisi des conteneurs de déchets toxiques en provenance d’Italie, qui ne correspondent pas aux normes d’importation de déchets dans le monde
Sachant que l’importation de déchets est interdite conformément aux conventions internationales signées par la Tunisie, dont la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets dangereux et de leur élimination et la Convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des mouvements transfrontaliers et la gestion des déchets dangereux produits en Afrique et que la destruction et l’enfouissement de déchets importés est un processus strictement interdit par la loi, surtout, dans un pays qui souffre déjà d’une saturation de ses propres décharges et qui enfouit environ 95% des 2,8 millions de tonnes d’ordures solides qu’il produit chaque année, plusieurs responsables tunisiens ont été arrêtés.
Parmi lesquels, figurent l’ancien ministre de l’Environnement au gouvernement Mechichi, Mustapha Laroui, deux directeurs de l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGED) et de l’Agence nationale de protection de l’environnement (ANPE), ainsi qu’un fonctionnaire de la direction régionale de l’Environnement à Sousse.
Dans la même optique, le propriétaire de la société tunisienne importatrice de ces déchets est toujours en fuite. Cette affaire a suscité un tollé chez les Tunisiens et a déclenché des réactions de colère dans le pays, en provoquant une vive polémique.
Incendie à l’entrepôt : une enquête et de sérieuses suspicions…
Le ministère de l’Environnement a fait savoir, le 30 décembre, dans un communiqué publié sur sa page officielle, qu’une équipe d’experts s’est déplacée sur les lieux de l’incendie qui s’est déclenché dans un entrepôt contenant 1950 tonnes de déchets italiens dans la région de Mourredine relevant de la délégation de Msaken (gouvernorat de Sousse) pour mesurer la concentration des gaz toxiques émis par le site de l’incendie.
Le ministère a indiqué que les résultats de ces mesures seront prêts dans 48 heures, tout en rappelant qu’une enquête judiciaire a été ouverte dès le déclenchement de l’incendie pour révéler les raisons de cet incident qui intervient à un moment où les préparatifs pour la réexpédition de ces déchets vers l’Italie ont atteint leurs dernières phases.
D’après la même source, les efforts se poursuivent pour la réexpédition de ces déchets vers leur pays d’origine, en coordination avec toutes les parties prenantes.
Le ministère a, par ailleurs, appelé les autorités concernées à redoubler de vigilance en ce qui concerne le reste des déchets.
Notons que cet incendie s’est déclaré alors que le ministre italien des Affaires étrangères était à Tunis, la veille… Simple hasard ?
Mobilisation de la société civile internationale
Quarante-quatre groupes environnementaux tunisiens, italiens, européens et internationaux ont demandé, au premier ministre (PM) italien, Mario Draghi et au commissaire européen chargé de l’Environnement, des affaires maritimes et de la pêche, Virginijus Sinkevičius de cesser de retarder le rapatriement des ordures et d’ordonner le retour immédiat des déchets municipaux italiens expédiés illégalement, vers la Tunisie, l’année dernière.
Par ailleurs, le Réseau Tunisie Verte, le réseau international Global Alliance for Incinerator Alternatives (GAIA), le réseau d’action de Bâle (Basel Action Network) et Zero Waste Europe ont appelé à plusieurs reprises les autorités italiennes et européennes à récupérer les conteneurs de déchets.
Linda MEGDICHE