La pandémie demeure,  plus que jamais , un sujet d’actualité.  Terrifiant même. Le virus se propage tel « un feu de brousse » sous nos cieux. Depuis environ deux ans, on n’entend parler que du coronavirus et de ses différents mutants. En dépit des mesures strictes imposées par le ministère de la Santé, notamment l’obligation du pass vaccinal, le membre du comité scientifique Mahjoub Ouni a  indiqué, dans une déclaration accordée à l’agence TAP, le 7 janvier que la Tunisie a recensé jusqu’au 4 janvier 2022, 33 cas de contamination au variant omicron.

Pour souligner le danger imminent de ce variant, la professeur hospitalo-universitaire d’immunologie à l’Institut Pasteur de Tunis, Samar Sammoud a fait savoir, dans une déclaration donnée à la TAP, que le mutant Omicron se multiplie 70 fois plus vite que le variant Delta dans les bronches.

Couvre-feu nocturne pour trois semaines?

Lors d’une réunion qui a eu lieu dimanche 9 janvier 2022, le Comité scientifique de lutte contre le coronavirus a recommandé un couvre-feu nocturne et l’interdiction des rassemblements, pour une durée de trois semaines.

Lors de son intervention à la chaine Wataniya 1, la membre du comité scientifique de lutte contre le coronavirus, Jalila Ben Khelil a souligné la nécessité de l’intensification de l’application du pass vaccinal.

Ben Khelil a souligné la rapidité de transmission du nouveau variant Omicron, appelant à renforcer le contrôle au niveau des passages frontaliers.

De son coté, dans une déclaration accordée à l’agence TAP, ce lundi 10 janvier 2022, le  membre du comité scientifique de lutte contre le coronavirus Mahjoub Ouni  déclare que les indicateurs épidémiologiques sont en hausse, mettant en garde contre l’augmentation de la pression sur les hôpitaux publics.
Ces recommandations, a-t-il dit, seront soumises à la commission nationale de lutte contre le coronavirus.

Avis mitigés

Dans une déclaration accordée au journal  » le Temps news », le membre du comité scientifique de lutte contre le coronavirus Riadh Daghfous a expliqué que, généralement, les mesures recommandées par le comité scientifique sont transmises au ministère de la Santé  pour qu’elles soient examinées par le gouvernement.

 » La situation pourra se détériorer dans les jours à venir surtout avec le taux d’absentéisme au niveau des établissements sanitaires et au vu de l’augmentation du nombre de contaminations et de décès », a ajouté t-il.

Par ailleurs, le Chef du service des urgences de l’hôpital de l’Ariana Abderahmen Mami , Rafik Boujdaria  nous a  indiqué  « qu’ un couvre feu nocturne n’est pas nécessaire durant cette période pour diverses raisons: Premièrement,  le taux de contaminations n’a pas dépassé les 18%. Deuxièmement, il est inutile d’instaurer  un couvre feu, puisque la plupart des activités sont matinales.  Les Tunisiens restent, généralement, chez eux en hiver., le soir »

« Par exemple, le taux de contaminations a atteint son pic en Angleterre et cette dernière n’a pas recouru à un couvre feu ni à un confinement. D’ailleurs, si on jette un coup d’œil sur leur bilan quotidien sur l’évolution du coronavirus, on remarque que le taux de positivité a diminué, ces derniers jours. », selon ses dires.

Le  gouvernorat de Tunis en bleu de chauffe

La commission régionale de prévention et de lutte contre les catastrophes et de l’organisation des secours du gouvernorat de Tunis a pris des mesures visant à faire face à la propagation du coronavirus, a indiqué le Directeur régional de la santé, Tarek Ben Nasr.

Parmi ces décisions, repérer les infractions en lien avec le non-respect du protocole sanitaire et la présentation du pass sanitaire dans les lieux publics tels que les hôpitaux, les stations de transport et les grandes surfaces.

« Des opérations de contrôle devront être organisées sur le terrain par des agents du ministère de la santé en coordination avec la police environnementale et municipale et, ce, après l’intensification, dans une première étape, des campagnes de sensibilisation », a expliqué le Directeur régional de la santé à l’agence TAP.
« Ces mesures interviennent suite à l’évolution du nombre des contaminations liées au coronavirus dans le gouvernorat de Tunis », a-t-il affirmé.

2579 nouveaux tests positifs, 7 décès et 331 guérisons

A noter que le ministère de la Santé a indiqué, dans son bilan quotidien publié le 9 janvier 2022, que 2579 tests positifs parmi 14440 tests ont été recensés, jusqu’au  8 janvier 2022, portant, ainsi, le taux de positivité à 17.86%.

7 décès et 331 guérisons ont été, également, enregistrés.

Le ministère de la Santé a indiqué, par ailleurs, dans son bilan quotidien publié le 9 janvier 2022, que plus de 6 millions des Tunisiens sont totalement vaccinés jusqu’au 7 janvier 2022. Plus de 4.4 millions ont reçu la première dose. Environ 1.6 millions ont reçu la deuxième dose.

D’après la même source, le nombre total de vaccins administrés le 9 janvier 2022 a atteint 9857 vaccins : 4570 pour la première dose, 2440 pour la deuxième dose, 2826 pour la troisième dose et 21 doses de mobilité.

Il reste à relever deux remarques.

1- On ne sait pas si les recommandations du Comité scientifique seront prises en considération, d’autant plus que le gouvernement observe un certain mutisme sur cette question. C’est qu’il craint que des secteurs soient touchés par ces mesures proposées et tout le processus de compensations dont on a eu à en vérifier le côté dérisoire et l’inefficacité. Par ailleurs, en cette période de crise socioéconomique difficile, il est sûr que l’Etat n’a pas les moyens de se métamorphoser miraculeusement en « Etat-Providence ». Même les pays riches n’en ont plus les moyens.

2- A supposer même  que le couvre-feu nocturne soit décrété, fera-t-on , comme à l’époque Mechichi: c’est-à-dire que son application (régionale) sera dévolue au pouvoir discrétionnaire des Gouverneurs ? Et, puis, en ce contexte où l’on n’exclut pas certains mouvements, est-on sûr qu’on ne bravera pas le couvre-feu nocturne, justement, comme des temps de Mechichi, avec les conséquences sécuritaires qui en découleraient?

Au final, l’essentiel , aujourd’hui, serait de prendre la dimension de la pandémie et que l’on ne fasse pas du contexte un prétexte.

 

Ghada DHAOUADI