Par Raouf Khalsi

Les symboles résistent-ils à l’usure du temps et au mouvement dialectique de l’Histoire ? Pas évident, si l’on se range dans la perception marxiste du « tragique et du comique ». Plutôt, immuables ces symboles s’ils s’élèvent jusqu’à la transcendance et, pourquoi pas ! dans la précellence, terme qu’affectionne Hichem Djaïet, dont on ressent, aujourd’hui l’absence. Même   s’il avait- déjà – choisi l’éloignement, la distance par rapport à cette révolution, préférant « parler aux morts ».

C’est que toute la symbolique libératrice sur laquelle avait été bâti le 14 janvier aura vite prêté le flanc à l’inévitable irruption des nouveaux/ anciens tribuns récupérateurs.

Du coup, les symboles tombent, l’un après l’autre, au milieu de cette Avenue Bourguiba affublée de tous les clichés, trop petite, au regard de la dimension de celui dont elle porte le nom, pour contenir tous ces flux et reflux, tous ces prétextes, toutes ces impostures et tous ces mauvais signes. Là, s’arrête la symbolique du 14 janvier. Rien ne périt, en effet, que ce qui mérite de périr.

Kais Saied était-il vraiment très inspiré de draper la révolution d’une malicieuse propension au populisme « savant », en jouant sur l’équinoxe, en en déplaçant les hauts faits de près d’un mois en arrière, soit au 17 décembre ?

C’est sans doute dans le fil droit d’une stratégie. D’un révisionnisme historique, brèche qu’il a exploitée, parce que ceux qui lui donnaient le bon Dieu sans confession, qui le sous-estimaient et qui n’ont voté pour lui (Ennahdha) que pour le domestiquer, se croyaient indétrônables.

Or, d’une façon ou d’une autre, nous sommes dans la foire aux anti-symbolismes, comme si nous n’étions pas assez gavés de clichés désuets.

Du coup, on ne sait plus qui est dans « le fascisme », puisque nous voyons se former des milices déguisées. Pas plus que nous ne sachions qui, vraiment, croit qu’il est temps de libérer la vie publique des fausses incantations démocratiques.

A la limite, c’est même ridicule : parler de révolution à laquelle on n’y a jamais cru. Parler de démocratie à la seule discrétion des partis, plutôt, d’un parti et lui seul.

Voilà que nos problèmes sont occultés par un vulgaire anti-symbolisme.

Du moins, il y a à souhaiter que Najla Bouden désoriente tout ce beau monde en communiquant sur l’opportunité d’états généraux pour le pays.

La politique a fait son temps. Soyons plus concrets.