Le rapport annexé à la Loi des finances 2022 sur les établissements publics, publié récemment par le ministère des Finances, fait ressortir les états financiers des différentes entreprises publiques. L’état des lieux des établissements publics clignote au rouge. Même s’il existe des améliorations au niveau des résultats nets, les bilans demeurent déficitaires. Un constat qui nécessite l’accélération du programme de restructuration abstraction faite des lignes rouges imposées par ci et par là.
En effet, les dettes fiscales des entreprises publiques sont estimées en 2020 à 2680,5 MD et représentent 41% du total des dettes de celles-ci envers l’Etat. S’agissant de la masse salariale, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) consomme, ainsi, une masse salariale estimée à 575,3 millions de dinars en 2019, suivie de la Compagnie des phosphates de Gafsa (299,7 millions de dinars), Tunisie Télécom (296,8 millions de dinars) et le Groupe chimique tunisien (295,5 millions de dinars).
Déséquilibres financiers chroniques
En termes d’indicateurs financiers, la STEG a enregistré, par ailleurs, un résultat net de l’ordre de 106,4 millions de dinars en 2019 contre -2093,5 MD en 2018 soit une hausse de 105,1%. Ceci est dû, principalement, à l’évolution des ventes de 20.7%, l’ajustement des prix de l’électricité et de gaz naturel et à la diminution des charges financières nettes de l’ordre de 2189,6 MD. Durant l’exercice 2020, le résultat net de la société s’est élevé à -60,2 MD enregistrant ainsi une régression de 156,8% par rapport aux données de 2019. Ceci s’explique par la hausse des charges financières nettes d’une somme de 817,1 MD.
Il est à souligner que les dettes de la STEG ont atteint 2470 millions de dinars. Les dettes des industriels ont atteint 90 millions de dinars, notant que les dettes publiques ont atteint près de 1000 millions de dinars, à fin octobre 2021, et se répartissent comme suit : municipalités (200 MD) et institutions publiques (539 MD). Les difficultés que traverse la STEG sont particulièrement de nature financière liées à l’absence de nouveaux investissements dans le secteur de la production de l’énergie ainsi qu’aux déséquilibres financiers.
GCT : Baisse des recettes d’exploitation de 323,1 MD
Pour le Groupe Chimique Tunisien (GCT), le rapport fait apparaître un résultat net déficitaire de 421 MD en 2020, soit une baisse de 106% par rapport à l’exercice 2019. Et d’expliquer : « Ce résultat est la conséquente d’une diminution des recettes d’exploitation de 323,1 MD, suite à la baisse des stocks de phosphate cédés par la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) et la baisse de l’activité d’environ 25% par rapport à 2019.
« El Fouledh » : Résultat net déficitaire de 44 MD en 2020
En ce qui concerne l’usine de sidérurgie « El Fouledh », le document souligne que le résultat net de la société affiche un déficit de -44 MD contre -27,1 MD en 2019. Cette détérioration s’explique par la baisse du résultat d’exploitation de 407% et la flambée des charges financières nettes de l’ordre de 11,1 MD, soit une hausse de 43,7%.
Le dossier de la restructuration de quelques entreprises publiques à l’instar du STEG et El Fouledh, demeure un « héritage lourd » pour chaque gouvernement. Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé le lancement d’une étude sur la restructuration des entreprises publiques. Cette étude porterait sur les modalités de réformes des entreprises publiques au cas par cas. Espérons que les autorités concernées tiennent l’intérêt des entreprises publiques et par ricochet des finances publiques à l’écart des tiraillements politiques.
Khouloud AMRAOUI